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THÉOLOGIENS - HISTORIENS - POLITIQUES AU XVIe SIECLE

Publié le 20/05/2011

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I. — Calvin (1509-1564).

Vie. — Jean Chauvin, qui latinisa son nom en Calvinus, d'où sortit à son tour la nouvelle forme française Calvin (cf. Tourneur, Turnebus, Turnèbe), était né à Noyon, en Picardie, le o juillet 1509. De bonne heure destiné à l'Église, il fit ses études à Paris, au collège de Montaigu. Il se rendit, pour étudier le droit, à Orléans, puis il suivit à Bourges les leçons du célèbre Alciat, et il y apprit le grec. Quant il revint à Paris, en 1532, il était déjà tout acquis à la Réforme. Cette année-là même, Calvin fut obligé de se soustraire par la fuite aux poursuites édictées contre les protestants, à la suite de la harangue de Nicolas Cop, recteur de l'Université de Paris, harangue qu'il avait lui-même inspirée. Calvin gagne Bâle, d'où il adresse au roi François Ier (1535) une lettre de protestation contre les supplices infligés aux hérétiques. C'est à Bâle qu'il publie la première édition, en latin, de l'Institutio religionis christianae. En août 1536, il s'établit à Genève, que Guillaume Farel avait convertie à la Réforme. Il y fait sentir si despotiquement son autorité théologique et politique, que les libertins (partisans de la liberté) le bannissent, ainsi que Farel, en 1538. Calvin se réfugie à Strasbourg, où il se marie. Il revient en 1541 à Genève, rappelé par son parti. Et jusqu'à sa mort (1564), il y règne en maître, avec autant d'intolérance que de dévouement. L'Institution de la religion chrétienne. — Calvin remania le texte latin qu'il avait donné en 1536 et 1539, pour en faire une édition française, qui parut à Strasbourg en 1541.

« monde, ou au moins ont enseigné une sorte de dévotion qui conduit à cette entière retraite.

Mon intention estd'instruire ceux qui vivent en ville, ès ménage, en la cour, et qui par leur condition sont obligés de faire une viecommune...» De là, l'immense succès de cet ouvrage; chacun voulut faire son profit de cette dévotion pratique, etdevenir, comme la Philothée à laquelle sont dédiées les lettres, une âme d'élection, sans renoncer au monde.

Onn'était pas moins séduit par le charme du style, d'une exquise douceur, abondant en figures aimables, en imagespittoresques, non sans une pointe de préciosité.Le Traité de l'amour de Dieu, adressé à Théotime, est un ouvrage plus profond, au point de vue de la doctrine.

SaintFrançois de Sales y conduit l'amour de Dieu jusqu'aux limites extrêmes du mysticisme orthodoxe; il s'arrête au pointoù Mme Guyon et Fénelon devaient le reprendre pour en faire le quiétisme.Autres écrivains catholiques.

Prédicateurs.

— Le cardinal Du Perron (1556-1618) est, à l'encontre de Calvin, unprotestant converti au catholicisme; il eut à son tour une grande influence sur la conversion de Henri IV.

Il est restésurtout célèbre par son oraison funèbre de Ronsard.

— Nicolas Coeffeteau (15741623) est connu, lui aussi, par uneoraison funèbre, celle de Henri IV.

Au XVIIe siècle, on vantait son Histoire romaine (16z1), où Vaugelas aimait àprendre, ainsi que dans Amyot, des exemples pour ses Remarques sur la langue française.

— Aucun prédicateurcatholique du XVIe siècle, à l'exception de saint François de Sales, ne mérite une place dans l'histoire de lalittérature.

Le mauvais goût, l'érudition profane, la violence même avaient envahi la chaire chrétienne. III.

— Historiens et auteurs de mémoires. Le Loyal serviteur( ?).

— C'est le nom que se donne à lui-même l'auteur de l'exquise Histoire du gentil seigneur deBayart, qui parut en 1524, après la mort du chevalier sans peur et sans reproche.

L'anonyme, aussi distingué quemodeste, a certainement été le compagnon d'armes et l'ami de Bayard, comme Joinville l'a été de saint Louis.

Etcette comparaison avec Joinville dispense, pour le fond comme pour la forme, de tout autre jugement.François de la Noue (1531-1591) fut un des plus vaillants capitaines du parti protestant.

— Plusieurs fois prisonnier,La Noue rédigea, pendant ces repos forcés, des Discours politiques et militaires.

Il y parle autant de religion et demorale que de guerre, et la haute sagesse de ses réflexions lui donne une place à côté de l'Hospital et de G.

du Vair.Blaise de Montluc (15o2-1577).

— Montluc se distingua d'abord, sous Henri II, par ses succès en Italie; la défensede Sienne restera un des plus glorieux épisodes de notre histoire militaire.

Par le nombre et l'importance de sesvictoires, Montluc prendrait rang parmi les plus grands de nos chefs d'armées, s'il n'avait montré, pendant lesguerres de religion, une cruauté restée légendaire.

Il ne quitta le service qu'après avoir reçu, au siège de Rabastens,en 157o, une horrible blessure qui le défigura et le força de porter un masque jusqu'à la fin de sa vie.

C'est alors,dans cette retraite prématurée, qu'il dicta ses Commentaires, que Henri IV appelait la Bible du soldat.

CesCommentaires se composent de sept livres; on y trouve le récit des campagnes de Montluc de 1519 à 1574.Montluc écrit pour ses compagnons d'armes, pour ses enfants, pour tous les capitaines de l'avenir « J'ai voulu, dit-il,employer le temps qui me reste à décrire les combats auxquels je me suis trouvé pendant cinquante et deux ans quej'ai commandé, m'assurant que les capitaines qui liront ma vie y verront des choses desquelles ils se pourront aider,se trouvant en semblables occasions...

» Il dit encore : « Ce n'est pas un livre pour les gens de savoir : ils ontassez d'historiens; mais bien pour un soldat capitaine...

» Il raconte, avec la verve primesautière d'un hommed'action et d'un Gascon, sans vantardise, mais sans fausse humilité. Agrippa d'Aubigné (1552-1630).

— En face du catholique fanatique Blaise de Montluc, on peut placer le faroucheprotestant d'Aubigné.

Nous avons déjà parlé de lui au chapitre de la Poésie.

Vers la fin d'une vie plus agitée encoreque celle de La Noue et de Montluc, d'Aubigné écrivit des pamphlets et des ouvrages d'histoire.

— L'Histoireuniverselle (qui parut en 3 vol.

in-folio de 1616 à 162o) comprend le récit des événements die 155o à 16oi.

Malgréson titre ambitieux, ce n'est guère qu'une histoire de France, et plus particulièrement du parti protestant.

D'Aubignéa visé, autant qu'il était en lui, à l'impartialité.

— Sa vie à ses enfants (à laquelle on donne parfois le titre deMémoires) est une sincère et complète autobiographie, curieuse à la fois pour la connaissance d'un caractère ardentet généreux jusque dans ses erreurs, et par les nombreux rapprochements et renvois que l'auteur y a établis avecson Histoire universelle.Il faut nommer encore Marguerite de Navarre (1553-1615), première femme de Henri IV, qui a laissé des Mémoires etdes Lettres ; — Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), qui a écrit une : Histoire de mon temps, en latin; — Pierrede l'Etoile (1546-1611), auteur d'un Journal, c'est-à-dire d'une relation, faite au jour le jour, de tout ce qu'il a vu etentendu, de 1574 à 1611: cet ouvrage est un des plus précieux pour l'histoire de Henri III et de Henri IV. IV.

— Les Écrivains politiques. La Boétie (153o-1563).

— On a oublié ses traductions du grec (les Économiques d'Aristote, la Mesnagerie deXénophon, etc.), et ses poésies (dont vingt-neuf sonnets publiés dans les Essais, I, 28), pour ne considérer en cecélèbre ami de Montaigne que l'auteur du Discours sur la servitude volontaire (appelé aussi le Contre un), qu'il écrività l'âge de dix-huit ans.

La Boétie s'inspire de cette maxime de Sénèque (Lettres à Lucillius, 47) « Nulla servitusturpior est quam voluntaria.

» — Ce discours est proprement ce que les anciens appelaient une déclamation ; etnous savons par Montaigne que La Boétie « l'écrivit en manière d'essai en sa première jeunesse, à l'honneur de laliberté contre les tyrans ».

Montaigne dit encore : « Ce sujet fut traité par lui en son enfance par manièred'exercitation seulement, comme sujet vulgaire et tracassé en mille endroits des livres » (I, 27).

—Aussi La Boétie ne. »

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