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Théophile GAUTIER - L'Artiste

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

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L'Art Oui, l'oeuvre sort plus belle D'une forme au travail Rebelle, Vers, marbre, onyx, émail. Point de contraintes fausses! Mais que pour marcher droit Tu chausses, Muse, un cothurne étroit. Fi du rythme commode, Comme un soulier trop grand, Du mode Que tout pied quitte et prend! Statuaire, repousse L'argile que pétrit Le pouce, Quand flotte ailleurs l'esprit ; Lutte avec le carrare, Avec le paros dur Et rare, Gardiens du contour pur ; Emprunte à Syracuse Son bronze où fermement S'accuse Le trait fier et charmant ; D'une main délicate Poursuis dans un filon D'agate Le profil d'Apollon. Peintre, fuis l'aquarelle Et fixe la couleur Trop frêle Au four de l'émailleur. Fais les Sirènes bleues, Tordant de cent façons Leurs queues, Les monstres des blasons ; Dans son nimbe trilobe La Vierge et son Jésus, Le globe Avec la croix dessus. Tout passe. -L'art robuste Seul a l'éternité ; Le buste Survit à la cité. Et la médaille austère Que trouve un laboureur Sous terre Révèle un empereur. Les dieux eux-mêmes meurent, Mais les vers souverains Demeurent Plus forts que les airains. Sculpte, lime, cisèle ; Que ton rêve flottant Se scelle Dans le bloc résistant !

Théophile GAUTIER (publié dans L'Artiste en 1857)

 

 

Présentation

— Dans sa jeunesse, Théophile Gautier a un moment hésité entre la carrière de peintre et celle de poète. Il a finalement choisi la poésie mais a gardé de son passage dans un atelier de peinture un goût très vif pour le pittoresque et un sens aigu de l'observation visuelle. — Par ailleurs il participe à ses débuts avec beaucoup d'enthousiasme au mouvement romantique : lors de la fameuse bataille d'Hernani (25 février 1830) il se signale autant par son ardeur au combat que par le magnifique gilet rouge vif et la chevelure «mérovingienne« qu'il arbore pour la circonstance. Les Poésies qu'il publie cette même année 1830 reflètent cette inspiration tapageusement romantique il a alors dix-neuf ans. — Cependant Gautier se détache rapidement de ce mouvement et commence à élaborer une poésie plus personnelle, vivifiée par les nombreux voyages qu'il entreprend (Espagne, Italie, Grèce, Russie) et qui le confirment dans son culte de la beauté : le recueil intitulé Émaux et Camées publié en 1852 rassemble ces poèmes de la maturité ; Gautier l'enrichira par la suite de nombreuses pièces. — En 1856 le jeune poète Théodore de Banville envoie à Gautier une odelette dans laquelle il exprime son admiration et esquisse une théorie de l'art conforme aux principes de Gautier. Celui-ci, reprenant aussi bien les idées que la forme même du poème de Banville, écrit en 1857 l'odelette intitulée l'Art qu'il fera désormais figurer comme conclusion de son grand recueil.

 

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« Dans son nimbe trilobeLa Vierge et son Jésus,Le globeAvec la croix dessus. Tout passe.

-L'art robusteSeul a l'éternité ;Le busteSurvit à la cité. Et la médaille austèreQue trouve un laboureurSous terreRévèle un empereur. Les dieux eux-mêmes meurent,Mais les vers souverainsDemeurentPlus forts que les airains. Sculpte, lime, cisèle ;Que ton rêve flottantSe scelleDans le bloc résistant ! Théophile GAUTIER (publié dans L'Artiste en 1857) Vue d'ensemble Dans cette odelette Gautier expose son idéal artistique.

Seul l'art peut posséder l'éternité, mais dans la mesureseulement où il at le résultat d'une lutte âpre et sans merci avec les contraintes d'une matière résistante. Mouvement du texte Le texte s'inscrit entre une affirmation enthousiaste (première strophe) et une invitation au travail artistique(dernière strophe).

Il énonce un certain nombre de conseils que l'artiste doit suivre pour parvenir à l'art véritable,qui seul possède une grandeur impérissable.On a donc :A.

Introduction (v.

1 à 4) :Énoncé du thème principal : la Beauté se conquiert par une lutte âpre.B.

Les conseils aux artistes (v.

5 à 40) :— Conseils au poète (v.

5 à 12).— Conseils au statuaire (v.

13 à 28).— Conseils au peintre (v.

29 à 40).C.

La grandeur de l'art (v.

41 à 52) :Contrairement aux autres éléments des civilisations, l'art peut accéder à l'éternité.D.

Conclusion (v.

53 à 56) : Invitation à l'artiste à se mettre au travail. Éléments pour une analyse de détail — (v.

1 à 4) La strophe utilisée par Gautier dans ce poème est absolument identique à celle qu'avait employéeThéodore de Banville dans l'odelette qu'il avait envoyée à Gautier en 1856 (cf.

présentation).

Notre poète s'est doncplu à écrire dans une forme imposée et difficile.Cette strophe de quatre vers (quatrain) est caractérisée par la présence en troisième position d'un vers de deuxsyllabes, dont la brièveté, rehaussée par la richesse générale de la rime, produit un effet d'écho.

Les autres verssont des hexasyllabes.

Les rimes sont croisées, la rime féminine concernant les premier et troisième vers de chaquestrophe (donc le vers de deux syllabes), la rime masculine étant dévolue aux vers pairs.

La strophe se termine donctoujours sur une rime masculine qui, comme on le sait, possède un caractère conclusif.

L'écho a toujours lieu surune rime féminine, ce qui est mélodiquement judicieux puisqu'on sait qu'une rime féminine se prolonge en quelquesorte par la syllabe muette qui la termine.Le schéma rythmique adopté par Gautier possède une. »

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