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Thérèse Raquin de Zola: Un roman de la folie et de la névrose

Publié le 14/03/2020

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faire, par exemple, le diagnostic suivant : « Sans doute un phénomène étrange s’était accompli dans l’organisme du meurtrier de Camille. Il est difficile à l’analyse de pénétrer à de telles profondeurs » (p. 228-229). Il n’en demeure pas moins qu’en voulant se rattacher à la science, Zola enracine son œuvre dans le réel.

Une organisation narrative

Le glissement des personnages vers la folie constitue la trame dramatique du récit. Le roman s’organise en effet en trois grandes parties. La première conduit l’action jusqu’au meurtre de Camille (chap. XI) ; la deuxième, jusqu’au remariage de Thérèse avec Laurent (chap. XX); et la troisième, jusqu’au suicide des assassins (chap. XXXII). Chacune d’elles correspond aux phases de plus en plus délirantes de la névrose des personnages. Leur faiblesse psychique originelle explique leur rencontre et, au moins au début, leur entente physique :

« A eux deux, la femme, nerveuse et hypocrite, l’homme, sanguin et vivant en brute, ils faisaient un couple puissamment lié » (p. 83).

Camille, le mari, ne peut dans ces conditions que les « gêner ». Par la suite, contrairement à leurs espérances, son assassinat ne fait que les plonger dans un dérèglement nerveux de plus en plus accentué. Leur mariage, loin de les apaiser, les rend encore plus malades :

« Ils ne voulaient pas reconnaître tout haut que leur mariage était le châtiment fatal du meurtre ; ils se refaisaient à entendre la voix intérieure qui leur criait la vérité [...]. Et pourtant, dans les crises d’emportement qui les secouaient [...], ils devinaient les fureurs de leur être égoïste [...] qui ne trouvait dans l’assassinat qu’une existence désolée et intolérable » (p. 252).

Aussi ne peuvent-ils fuir et se fuir que dans la mort. .

La folie est le fil conducteur et organisateur du récit. Elle fait aussi l’intérêt majeur du roman : deux assassins se punissent d’avoir commis le crime parfait 1.

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« état perpétuel d'« hébétement »1.

Seul son décès prématuré l'em­ pêche de devenir débile.

Thérèse tire de :sa " nature nerveuse ,, une forte excitabilité, qui la prédispose à tous les excès.

Bien avant de rencontrer Laurent, elle est déjà en proie à son imagination : " Parfois des hallucinations la prenaient, elle se croyait enfouie au fond d'un caveau ,, (p.

55; voir aussi p.

47).

Son amant lui redonne le goût de vivre, mais elle éclate pourtant en " sanglots ", elle connaît des " crises ", de brusques "secousses,, (p.

73), ce dernier mot étant, à l'époque de Zola, syno­ nyme de tendance à l'hystérie.

Quant à Laurent, " tout semblait inconscient dans cette florissante nature de brute; il obéissait à des instincts, il se laissait conduire par les volontés de son organisme ,, (p.

88).

Tout le conduit à réagir en " bête humaine "· Leurs troubles ne sont pas pour autant profonds.

Cependant, lorsque surviennent des tensions et des chocs nerveux exception­ nels, ceux-ci conduiront les deux protagonistes à la folie.

1 La descente::! vers la folie Ces chocs nerveux, Thérèse et Laurent les subissent, les créent et les entretiennent au point de perdre peu à peu la raison.

Ils passent par quatre phases.

La première coïncide avec leur liaison ardente et tumultueuse.

Laurent est littéralement " possédé ,, (p.

69) par Thérèse, comme on dit d'une force obscure et maléfique qu'elle " possède ,, quelqu'un.

Malgré sa prudence paysanne, " il ne s'appartenait plus; sa maî­ tresse [ ...

] s'était ~[lissée peu à peu dans chacune des fibres de son corps ,, (p.

88).

Thérèse, quant à elle, est l'objet d'un dédoublement de personnalité : " immobile, paisible ,, en public, elle est " courti­ sane ,, avec Laurent.

La deuxième phase résulte de l'assassinat de Camille.

Un double déséquilibre s'opère chez les meurtriers.

Chez Laurent : 1.

cc Hébétement ,, : abrutissement.

56 PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES 7 1. »

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