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THIBAUT DE CHAMPAGNE

Publié le 14/10/2018

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THIBAUT DE CHAMPAGNE, Thibaut IV le Chansonnier, comte de Troyes et de Meaux, roi de Navarre, dit (1201-1253). Fils posthume de Thibaut III, petit-fils par son père de Marie de Champagne, la protectrice de Chrétien de Troyes et d’autres poètes célèbres, et par sa mère de Sanche VI, roi de Navarre, Thibaut IV naquit à Troyes. Sa mère se mit alors sous la protection de Philippe Auguste. Thibaut passa quelques années de son enfance à la cour de France, et, en 1214, il fit hommage au roi et commença à gouverner sous la tutelle de sa mère. La vie du comte de Champagne, liée à l’histoire de France, nous est bien connue, d’autant qu’elle a été marquée par les nombreux démêlés qui l’ont opposé à Louis VIII, monté sur le trône en 1223, à la reine Blanche de Castille et aux barons, avec lesquels il se ligua un temps ou qu’il commanda lors de la croisade de 1239-1240.

 

En 1226, il fit défection au siège d’Avignon, une fois passés les quarante jours pour lesquels Louis VIII l’avait appelé. Quelques mois après, le roi mourut, et le bruit courut que Thibaut l’avait fait empoisonner. La même année, il refuse, semble-t-il, d’assister au sacre de Louis IX et entre dans la ligue des grands barons qui s’opposent à la régence de l’étrangère, Blanche de Castille. Il abandonne ensuite ses partisans peu après leur défaite à Thouars, se soumet à la régente et, par la suite, devient son allié. Mauvais vassal et politique inconstant, Thibaut n’était pas de taille à se mesurer à Blanche, lucide et résolue; les barons ne lui pardonnèrent pas ses revirements, ils l'accusèrent de traîtrise et tentèrent de l’évincer en soutenant sa cousine Alix, qui prétendait au comté de Champagne.

« ra is.

co nnut de sen eux différends avec les autorités ecclésiastiq ues de Navarre, apaisées en 1248 par un pèle­ rin age de pénitence à Rome et la fondation d 'œ uvres pieu ses.

Il mourut à Pampe lune.

Après deux ans de mariage, il avait répudi é en 1222 Gertrude de Metz.

pour cause de stérilité et de parenté trop proche ; J'année suivante , il épousa Agnès de Beau ­ jeu , cousine de Louis VID, qui l ui donna une fille, Blan­ che, et mourut en 1231.

Thibaut voulut alors se remarier avec Yolande Mauclerc, fille du duc de Bretagne, mais dut y renoncer deva nt l'opposit ion de B la n che de Cas­ till e.

En 1232 enfin, il ép ousa M arg u erite de Bourbon qui lui donna plusieurs enfants, do nt l' héritier T hibau t V .

Prince vers atile et peut -être san s env erg ure, Thiba u t fut un trouvè re estimé de son vivant , q ui a eu pour parte­ naires de j eux-partis [voi r JEU-PARTI] Girart d'Amiens, Guillaume Le Vin ier, Raoul de Soissons et pour corres· pondan t privil égié Plùlippe de Nanteuil.

Dès les Grandes Chroniques de Fra nce, qui datent de la seco nde moitié du xme siècle, on lui reconnru"t le mérite d'avoir écrit «les plus belles ch anço ns e t les plus deütables et melo­ dieuses qui oncques feüssent oïes en cha nço n ne en viele ».

Ici, comme ailleurs, il est fait all usion à la mysté ­ rieuse liaison qui aurait uni Blanch e de Casti lle et T hi­ baut ; cette fable calomnieuse, répandue par les ennemis du prince , a probableme nt été alim entée par la co nfus ion que l'on pouvait fair e, a poster i ori, e ntre le su jet d es cha nsons d'amour du trou vè re et sa vi e privée, co mme on !.'a fait dans les V id as des troubadour s.

C'é t ait ma l connaître l'œuvre du trouvèr e, qui passe déli bérément sous silence tout ce qui co ncern e son his- .

toi re personnelle .

Exemplaire à ce tirre, le trouvère fait de la chanson d'amour, ou gran d chant courtois, un espace sacré où se déploie la tap i sserie de l'imagi naire, repré sentation à la fois abstraite et imagée du désir.

L'amour n'est pas de l'ord re du visible, et la Dame d u poète n'est ni un corps ni même un être; femme int erdite et muette, elle est l'obsession du silence, l'interrogation perma n ente, l'apparence qui obstrue l'accès au sec ret; elle est l'énigme, la voie unique qui mè ne à la Connais­ sance.

Ainsi, lorsq u 'o n accepte de ne pas déce ler à tout prix tout ce qui relèvera it de la circonstance , on com ­ pre nd.

mi eux la q u ête de soi de Thibaut , u ne qu ête app u yée sur la conve ntion parce que seu le cell e-ci pré­ serve des pièges de l'aveu personnel , et qu'elle seule, avec ses rites, pCJ.it co nduire , par la doul oureuse alchimie du désir, au seuil de la parade amoureu se, de la parade de la C onnaissance.

La maîtrise avec laquelle sont orga­ nisés les stéréotypes de la lyrique courtoise, ma îtri se qui ne peut avoir été acqu ise que par la passion de l'écr iture , permet au poè te d'évi te r l 'éc u eil de la contrainte et de la monotonie et le laisse l ibre de jou er autant sur les regis­ tres de J'émotion et de la gravité que sur ceux de la dé l icatesse, de l'humour et de la désinvolture e njou ée.

La réputation acquise par Tlùbaut dès le xm• siècle - et qu'un e riche trad it ion ma nu scrite a confi rm ée -, il ne l a doit qu' à son exceptionnelle virtuosité ai n $i qu'e n témoig nent les tex tes 'qui nous sont parvenu s, une ci n­ quanta in e ou une soixantaine de pièc e s d'attribution cer­ tai ne et une dizaine ou une vingtaine d'attribution dou­ teuse ou arbi tr aüe.

Parmi celles qui lui appartien nen t avec certitude prédominent les chansons d'amou r ( t rent e -sept); il y a aussi trois chansons de c roisade, neuf jeux-partis , cinq débats, deux pastourelles, quatre chansons en l'honneur de la Vierge , un lai et un serven­ tois reli gie ux.

H omme politique discuté, le roi de Navarre est sans doute le plus grand de nos trouvères [ voir LYRISMEMliDTËVAL].

BJBUOGRAPHIE A .

Wall enskôld, les Chansons de Thibaut de Champagne, Paris, Champion, 1925 (édition critique de base); J.

Frappier.

la Poésie lyrique t;ll France aux xu• et XItf siècles, Paris, « les Cours de Sorbonne» , 1 954, p.

173 ·195; M.

R.

DoUy et R.

J.

Cormier, «Aimer, souvenir, souffrir : les chansons d'amour de Th.

de C h ampagne», Romania, XCIX, Paris, 1978, p.

311-3 46; « Ausi co m l'unicorne sui ou le désir d'amour el de mort dans une chanson de Th.

de Champagne», Revue des Langues roma­ nes, 1.

LXXXVlll, Mont pellier ill , 1984, n° l; Th.

de Champa · gne, prin ce et poèze au Xllf siècle.

Actes du colloqu e de Reims (1986), dlr.

Y.

Bella nger et D.

Quéruel , L yon, Lu Manu facture, 1987.. »

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