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THIRY Marcel (vie et oeuvre)

Publié le 08/11/2018

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Thiry, Marcel - littérature française. Thiry, Marcel (1897-1977), écrivain belge d’expression française qui, dans son œuvre poétique et romanesque, tenta de dévoiler le merveilleux et l’étrangeté au sein de la réalité quotidienne. Originaire de Charleroi, Marcel Thiry se battit sur le front russe lors de la Première Guerre mondiale, d’où il accomplit un périple par la Sibérie et les États-Unis avant de revenir en Belgique. Il retraça plus tard ses aventures dans Soldats belges à l’armée russe (1919) et le Tour du monde en guerre avec les autos-canons belges (1964). Son œuvre poétique, de facture classique, est influencée par le symbolisme et d’abord marquée par les thèmes de la guerre et du voyage (Toi qui pâlis au nom de Vancouver, 1924 ; Plongeantes Proues, 1925). À partir des années 1930, sa poésie se rapprocha davantage du quotidien et de la modernité, desquels elle s’attacha à extraire le merveilleux (Statue de la fatigue, 1934 ; Usine à penser des choses tristes, 1957 ; le Festin d’attente, 1963 ; l’Ego des neiges, 1972). Voir Poésie. L’œuvre en prose de Marcel Thiry, qui comporte romans, nouvelles et contes, relève du « réalisme magique » belge et exprime sa révolte contre la misère de la condition humaine (Échec au temps, 1945 ; Voie lactée, 1960 ; Nondum jam non, 1966). Thiry a également publié des essais littéraires, notamment l’Imparfait en poésie (1950), et le Poème et la Langue (1967).

THIRY Marcel (1897-1977). Écrivain belge d'expression française. Il est pour nous l'un des grands poètes et prosateurs de langue française du xxe siècle. Par certains aspects de sa vision du monde moderne et de son invention, on peut à juste titre évoquer à son propos mais dans une indépendance entière vis-à-vis d'eux les noms de -Cendrars et de Valéry Larbaud. Partisan déclaré, en Belgique, de l'union avec la France, il fut, sa vie durant, gravement ignoré par celle-ci, aucun de ses livres n'y étant édité. Ignorance rachetée à l'extrême fin de sa vie par la publica_tion de la quasi-totalité de son œuvre ( 1923- 1975) aux Editions Seghers. Sa vie est inséparable de son œuvre, comme le revendique le titre d'un de ses livres : Vie Poésie (1961), qui supprime volontairement la conjonction entre les deux termes.

Né à Charleroi, Liégeois d'adoption dès son enfance, Marcel Thiry connaît au moins trois transplantations majeures dans l'aventure qu'est sa vie.

En 1915, à dix-huit ans, il s'engage dans le corps belge des auto-canons envoyé sur le front russe. Un extraordinaire retour en Europe, trois ans plus tard, par la Russie, la Sibérie, la Chine, le Pacifique et l'Amérique alimente une des sources cosmopolites et mystérieuses de son anabase poétique. En 1931, il quitte le barreau pour reprendre la succession de son père à la tête d'une affaire de bois et de charbon. Il devient le voyageur de commerce de son entreprise en même temps qu'abatteur d'arbres. Pendant la guerre, sous le pseudonyme d ' ALAIN DE MEUSE, il collabore aux Lettres françaises, à Europe, à l'Honneur des poètes. En 1960, il devient le secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, où il a été élu en 1939. A soixante-dix ans, et dans cette situation quasi officielle, il s'engage politiquement dans le combat linguistique belge, dont il a toujours été un militant : fondateur du Rassemblement wallon, il est élu sénateur de Liège. Il participe, à ce titre, au travail législatif, à des congrès internationaux, à certains travaux de l'O.N.U. Il meurt à quatre-vingts ans.

Si son premier recueil, le Cœur et les Sens (1919), est encore fortement teinté du symbolisme dont il a subi, adolescent, les dernières influences, c'est la fusion de celles-ci avec la modernité d'Apollinaire (dont il a été coupé par la guerre) qui lui inspire Toi qui pâlis au nom de Vancouver (1924), ouvrage qui lui demeurera longtemps attaché, au point de servir de titre d'ensemble au volume rassemblant son œuvre poétique publié en

« 19 75.

Dans une forme où les préciosités d'un déca den­ tisme étudié le disp utent aux auda ces d'un moder nisme alors très inusité, les grands thèmes de l'œu vre future af fleurent déjà : les mirag es de l'évasion, l'escla vage des servit udes, le goût déchirant du bonheur, la bea uté mira culeuse de la femme, l'ince ssante présence urbaine , celle des nouveaux dieux de l'époque : la vitesse, le bruit, le cinéma.

On a dit de Thiry que s'il est « moderne >>, c' est parce qu 'il a fait entrer, d'une manière plus continue que per­ sonne, le monde contemporain dans la poésie.

Et il est vrai qu 'il a parlé de l'auto mobile et du trai n, de l'avion et de la fusée, de l'Hist oire et de la gu erre (par ex., Pr ose dans Paris sombr é), des découv ertes scientifiques et du cancer, de la Bo urse et des fail lites, des assemblées inter­ nationa les, ou même du Sénat, comme aucun poète ne le fit avant lui.

C'est néanmoins un peu court.

La modernité se déf init bien plus en lui -et revêt un caractère universel -par sa manière exclusive de retourner contre elles-mêmes ces mena ces d'enva hissement, voire de céder à leurs att raits pour écarter le péril qu'elles font peser sur la liberté et la suprême dignité de l'homme : celle d'ab olir la distance entre vie vécue et vie rêvée .

Par là, dans son mélange continu d'exotisme et d'intimi sme, de réa lism e et d'i maginat ion, de con stat désabusé (Statu e de la fa ti­gue, 1934; Usine à penser des choses tristes, 19 56), d'utopie sans illusions (la Mer de la tranquillit é, d' approf ondissement de la mémoire (le Festin d'attente, 19 63 ; le Jardin fixe, 1969), c'est l'unique pouvoir salva­teur, celui de la poésie, qui est affi rmé et servi .

L' au-delà de la condition humaine est ici, dans cette « vaste Vie qu'en la vivant, j'ai changé en éternité >>.

Le contre­destin de l'ho mme est dans sa volonté et dans sa parole : «Mais cet âge sera sauvé si tu le chantes >>.

Une énergie démiurgique est à l'œuvre dans la recherche du« maître mot qui guérira les hommes >>.

Ai nsi, prenant appui sur la déréliction même de la con dition humaine, créant de la poésie avec ce qui la tue ( « Co mme tu es facile à nier, ma prison ! >> ), Ma rcel Thiry formule-t-il dans une écr iture subtile, aux alliances rares, aux sonorités étran­ ges -mais aussi aux prosa ïsmes miraculeus ement sau­ vés de la banalité à quoi il les emprunte en exigea nt « arti san >> de la poésie -, un des « possibles >> de l'homme et, à ses yeux, l'unique .

L' œuv re en pro se, au moins aussi importante que la poétiq ue, s'ins crit dans la même recherche et dans la même volonté en les prolongea nt dans les domaines de l' hypothétique et du fanta stique .

Le désir faustien de vivre simultanément plusieurs existences, la volon té d' accréditer l'incroya ble, l'inconceva ble comme donnée fo ndamentale et réelle de l'exi stence lui ont dicté des œuvres (Marchands, 1936; Échec au tem ps, 1945 ; Juste ou la Qu ête d'Hé lène, 1948; Nouve lles du Grand Possi­ ble, 1960; Simul et autres cas, 1963 ; No ndum jam non, 19 66) qui prennent racine dans l'amb iguïté de la mémoire , dans la mise en doute de l'évidence, dans l'in­ terro gation de l'invisi ble, de l'évent uel.

Témoignage et engagement de l'homme dans sa vie et, par là, au-delà d'elle, héritière et nova trice, l'œuv re de Marcel Thiry, ref usa nt que l'éphé mère soit notre des­ tin mai s le célébrant intari ssablement, s'attachant à fixer l' inst ant en le nommant, s'assig ne pour but essentiel de « changer une émotion en durée >> et, parta nt, de nier l'oub li, 1' ab sence, la mort .

[Voir aussi BELGIQUE .

Lit téra­ ture d'expr ession françai se].

BIB LIOGRAPHIE Te xtes.

Toi qui pâlis au nom de Vancouver , préface de M.

Delvai lle, Seghers, 1975; Romans, nouvelles, cont es, préf ace de H.

Juin, Bruxelles , De Rache, 1981.

A consulter.

R.

Bod art, Marcel Thiry, Seghe rs, 1964; D.

Hal lin B ertin, le Fantastique dans l'œuvr e en prose de M.

Thiry, 2468 Br uxell es, Acad.

de langue et litt .

fr ., 19 81; Thiry, l'homme et l' œuvr e (colloque de Liège, 1982), Liège, Éd.

le Grand Liège, 19 82.

J.

TORDEUR. »

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