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TOURNIER (Michel)

Publié le 20/05/2019

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nera sa vocation d’écrivain, mais c'est toujours à partir de ses bases philosophi ques que ce romancier (venu d'ailleurs, comme il le dit lui-même) construit ses fictions. Non qu'il succombe à la bâtarde tentation du roman philosophique (« Mon propos n'est pas d'innover dans la forme, mais de faire passer dans une forme aussi traditionnelle, préservée et rassurante que possible, une matière ne possédant aucune de ces qualités »). Il entreprend d'écrire « des histoires qui auraient l'odeur du feu de bois, des champignons d'automne ou du poil mouillé des bêtes », mais ces histoires seront « secrètement mues par les res sorts de l'ontologie et de la logique matérielle ». Tournier se définit lui-même comme un « romancier au teint quelque peu basané par le soleil métaphysique ».

 

Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967), pour lequel il reçoit le grand prix du roman de î'Académie française, le propulse comme un éclair au ciel de la littérature. Tournier s'y contente pour tant, en apparence, de raconter à sa façon la fameuse mésaventure du marin Selkirk, plus connu, grâce à Defoe, sous le nom de Robinson Crusoé. Mais le titre, déjà, souligne le propos : ce n'est plus du « civilisé » Robinson qu'il va d'abord s'agir, mais du « sauvage » Vendredi. Ainsi, dès le début, Tournier, comme il ne cessera de le faire par la suite, subvertit l'ordre des choses, pervertit les idées les mieux établies, prône une vie solaire proprement météorique, démonte avec jubilation le mécanisme désuet de la civilisation occidentale, fait la pluie et le beau temps dans un grand rire blanc de démiurge.

TOURNIER (Michel), écrivain français (Paris 1924). Dans le Vent Paraclet (1977), essai sur sa vie et son œuvre (ou plutôt, sur son œuvre par sa vie), Tournier a tenté non seulement de donner les clefs de sa création, mais, invétéré créateur de mythes ( « Le mythe est une histoire fondamentale que tout le monde connaît déjà. La fonction de l'écrivain est d'empécher les mythes de devenir des allégories » — c'est à-dire de les figer), de contribuer, non sans quelque malice, à la création du sien propre.

 

Issu d'une famille imprégnée de Ger-manistik (ses parents furent tous deux universitaires et germanistes), il s'orienta tout naturellement vers la connaissance de l'Allemagne et de sa culture. De nombreux séjours outre-Rhin, il rapporta le goût de la philosophie (spécialement celle de Leibniz), dont la Monadologie n'est sans doute pas absente de l'œuvre future), soutint en Sorbonne un diplôme sur Platon (1946), séjourna à Tubingen. Son échec hautain à l'agrégation de philosophie détermi-

« nera sa vocation d'écrivain, mais c'est toujours à partir de ses bases philosophi­ q u es que ce romancier (venu d'ailleurs, comme il le dit lui-même) construit ses fictions.

Non qu'il succombe à la bâtarde tentation du roman philosophique («Mon propos n'est pas d'innover dans la forme.

mais de faire passer dans une forme aussi traditionnelle, préservée et rassurante que possible, une matière ne pcssédant aucune de ces qualités »).

n e ntrepre nd d'écrire « des histoires qui auraient l'odeur du fe u de bois, des cham pignon s d'automne ou du poil mouillé des bêtes », mais ces histoires seront « secrètement mues par les res­ sorts de l'on tol ogi e et de la logique matérielle ».

Tournier se défi nit lui­ même comme un « romancier au te in t quelque peu basané par Je soleil méta­ physique».

Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967), pour lequel il reçoit le grand prix du roman de l'Académie française, le propulse comme un éclair au ciel de la littérature.

Tournier s'y contente pour­ tant, en apparence.

de racon ter à sa façon la fameuse mésaventure du marin Selkirk, plus connu, grâce à Defoe, sous le nom de Rob inson Crusoé.

Mais le titre, déjà, souligne le propos : ce n'est plus du «civil i sé » Robinson qu'il va d'abord s 'ag i r , mais du. »

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