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Tradition et esprit nouveau au XVIIe siècle

Publié le 18/10/2011

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L'Abbaye de Port-Royal, réformée en 1608 par Angélique Arnauld a, en 1633, comme directeur spirituel l'abbé de Saint-Cyran disciple de Jansénius. Des laïques pieux vont vivre dans le voisinage. Ces messieurs de Port-Royal, qui ont noms le Grand Arnauld ou Antoine Arnauld, Antoine Lemaistre, Nicole, Lancelot vont avoir une influence décisive sur les idées religieuses, morales, littéraires du XVIIe siècle. Racine sera l'élève des Petites Ecoles, malgré la condamnation de l'Augustinus de Jansénius par la Sorbonne et par Rome. Malgré la destruction de l'abbaye, sur l'ordre de Louis XIV au début du XVIIe siècle, Port-Royal rayonne et continue à rayonner jusqu'au XIXe siècle.

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« Viau, Chapelle, Saint-Evremond, Naudé, La Mothe Le Vayer, Fontenelle, Molière élève de Gassendi se montre quelque peu libertin et l'on peut voir le salon de Ninon de Lenclos comme un lieu de rencontre .

Ils sont en un sens les héritiers de Montaigne et de Char­ ron, de Pomponazzi et de Campanella et par Fonte­ nelle ils font la transition avec les philosophes du XVIIIe siècle.

La Mothe Le Vayer est un exemple caractéristique, né à Paris en 1588, mort à Paris en 1672, ce fils d'une famille parlementaire à l'âge de trente ans se consacra aux belles -lettres.

Académicien en 1640 grâce à son Es­ sai sur l'instruction du Dauphin, désigné par Richelieu pour diriger les études du futur Louis XIV, il sut comme tel s'acquérir les bonnes grâces d'Anne d'Au­ triche et de Mazarin .

Il vivait isolé dans une retraite studieuse au milieu de la cour.

Il est un sceptique qui détourne aisément l'accusation d'athéisme qu'on lance contre lui.

Il nous a laissé une œuvre considérable - l'édition de Dresde de 1766 comporte quinze volumes in-octavo.

Ses écrits les plus connus sont la Contrariété d'humeur entre la nation française et l'espagnole de 1636, son Hexaméron rustique de 1671, ses Quatre Dialogues faits à l'imitation des Anciens et surtout les Trente et un problèmes sceptiques.

Il est le représen­ tant typique de la tradition sceptique dans la littéra­ ture française du XVIIe siècle, et prend place entre Montaigne et Pierre Bayle.

Comme l'auteur des Essais c'est en se fondant sur sa grande science historique et géographique, ses connaissances littéraires, qu'il justi­ fie son doute.

Il n'a pas de véritable originalité dialec­ tique.

Il est le sectateur passionné de Sextus Empiri­ cus.

Pyrrhonien, il n'est ni sarcastique ni amer; il pré­ fère jouer de l'ironie et prétend servir par son scepti­ cisme la cause de la religion .

En fait c'est par la diffé­ rence qu'il veut arriver au bonheur.

Gabriel Naudé · est un autre exemple .

Lui aussi est né à Paris en 1600 mais il va mourir à Abbeville en revenant de Suède.

Cet ami de Gui Patin, le célèbre avocat, est un médecin.

Il a fait ses études à Paris, et, chose significative, à Padoue, où il a pu respirer l'air du scepticisme italien.

Ayant le titre de médecin du roi il va devenir bibliothécaire du cardinal Bagni, puis du cardinal Barberini à Rome.

Sur la demande de Richelieu il a examiné l'Imitation de Jésus-Christ et il rejette l'attribution à Gerson.

D'où l'inimitié des bénédictins.

Richelieu n'en fait pas moins de lui son bibliothécaire , comme Mazarin dont il va accroître la bibliothèque destinée à être publique.

On lui doit l'Ins­ truction à la France sur la vérité de l'histoire des frères de la Rose-Croix où il les montre en 1623 comme des fourbes , l'Apologie pour les grands hommes fausse­ ment soupçonnés de magie, de 1625 où il défend les sages anciens .et modernes accusés d'avoir eu des gé­ nies familiers, comme Socrate, Aristote et Plotin, ou d'avoir par magie acquis les connaissances qui les font admirer.

Mais il faut surtout mentionner ses Considé­ rations politiques sur les coups d'Etat, publié à Rome en 1639.

Il défend le pouvoir qui n'a jamais tort car il s'agit pour lui d'assurer sa conservation.

Il justifia ainsi l'assassinat de Coligny et il déclare «qu'il y avait un grand sujet de louer le massacre de la Saint-Barthé­ lémy, comme le seul remède aux guerres qui ont été depuis ce temps-là, et qui suivront peut-être jusqu'à la fin de la monarchie, si l'on n'avait pas imité les chi­ rurgiens experts, qui pendant que la veine est ouverte, tirent du sang jusqu'aux défaillances, pour nettoyer les corps cacochymes de leurs mauvaises humeurs ! Comme le reconnaissait déjà Sainte-Beuve , il est incré­ dule et sceptique , dès le Mascurat son premier ou­ vrage.

Il est bien dans la tradition de Montaigne, en­ core qu'il lui trouve Charron, l'auteur de la Sagesse, supérieur.

Il est assez curieux que Corneille utilise sur la scène théâtrale son jargon politique.

SAINT-EVREMOND (vers 1615-1703) Né au début du XVIIe siècle, mort en Angleterre et enterré à Westminster en 1703, il est un esprit re­ marquable.

Son indépendance, sa hardiesse, lui valent d'être exilé en Hollande et en Angleterre.

Il est un des créateurs de la critique historique, par son traité de La tragédie ancienne et moderne de 1672 et celui qu'il composa sur Les poèmes des Anciens .

Il n'a pas, vi­ vant en Angleterre, méconnu le théâtre élisabethain .

Il est un des premiers acteurs dans la Querelle des An­ ciens et des Modernes.

Comme philosophe, il se range parmi les sceptiques .

Il faut rappeler sa Conversation du Maréchal d'Hocquincourt avec le père Canaye qu'on trouve dans l'édition de ses œuvres en 1705; elle forme comme des Provinciales - il s'en inspire - d'un nouveau genre.

Sa correspondance nous permet de mieux connaître encore l'homme, le penseur, le cri­ tique, l'écrivain.

-Je ne l'ai que trop aimée , la philosophie, dit le maréchal, je ne l'ai que trop aimée ; qlais j'en suis re­ venu , et je n'y retourne pas ..

Un d1able de philosophe m'avait tellement embrouillé la cervelle de premiers parents, de pomme, de serpent , de paradis te"estre et de chérubins, que j'étais sur le point de n'en rien croire.

Le diable m'emporte si je croyais rien.

Depuis ce temps-là, je me ferais crucifier pour la religion.

Ce n'est pas que j'y voie plus de raison ; au contraire, moins que jamais ; mais je ne saurais vous dire, je me ferais crucifier sans savoir pourquoi.

-Tant mieux, Monseigneur, reprit le Père d'un ton de nez fort dévot; tant mieux ; ce ne sont point mou­ vements humains, cela vient de Dieu.

Point de raison ! C'est la vraie religion, cela ; point de raison ! Que Dieu vous a fait, Monseigneur, une belle grâce ! Estote sicut infantes : soyez comme des enfants.

Les enfants ont encore leur innocence, et pourquoi? Parce qu'ils n'ont point de raison.

Beati pouperes spiritu: bienheu­ reux les pauvres d'esprit; ils ne pèchent point; la rai­ son ? C'est qu'ils n'ont point de raison .

Point de rai­ son, je ne saurais que vous dire ; je ne sais pourquoi : les beaux mots ! Ils devraient être écrits en lettres d'or.

« Ce n'est pas que j'y voie plus de raison ; au contraire, moins que jamais .

• En vérité, cela est divin pour ceux qui ont le goQt des choses du ciel.

Point de raison ! que Dieu vous a fait, Monseigneur, une belle grâce ! » (La conversation du Maréchal d'Hocquincourt avec le Père Canaye) .. »

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