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Ubu roi: Merdre. Alfred Jarry

Publié le 19/03/2020

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jarry

«MÈRE UBU. — Tu pourrais aussi te procurer un parapluie et un grand caban qui te tomberait sur les talons. père ubu. — Ah! je cède à la tentation. Bougre de merdre, merdre de bougre, si jamais je le rencontre au coin d’un bois, il passera un mauvais quart d’heure. mère ubu. — Ah! bien, Père Ubu, te voilà devenu un véritable homme.

père ubu. — Oh non! moi! Capitaine de dragons, massacrer le roi de Pologne! plutôt mourir!

mère ubu, à part. — Oh! merdre! (Haut) Ainsi, tu vas rester gueux comme un rat, Père Ubu.

père ubu. — Ventrebleu, de par ma chandelle verte, j’aime mieux être gueux comme un maigre et brave rat que riche comme un méchant et gras chat. »

(acte I, scène 1)

« père ubu. — Merdre.

mère ubu. — Oh ! voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou.

père ubu. — Que ne vous assom’je, Mère Ubu !

mère ubu. — Ce n’est pas moi, Père Ubu, c’est un autre qu’il faudrait assassiner.

père ubu. — De par ma chandelle verte, je ne comprends pas.

MÈRE UBU. — Comment, Père Ubu, vous estes content de votre sort?
PÈRE UbU. — De par ma chandelle verte, merdre, madame. Certes oui, je suis content. On le serait à moins : capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle Rouge de Pologne et ancien roi d’Aragon, que voulez-vous de mieux? Mère UbU. — Comment! après avoir été roi d’Aragon vous vous contentez de mener aux revues une cinquantaine d’estafiers armés de coupe-choux, quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole la couronne de Pologne à celle d’Aragon?
père UbU. — Ah ! Mère Ubu, je ne comprends rien de ce que tu dis. »

« Ubu parle souvent de trois choses, toujours parallèles dans son esprit : la physique, qui est la nature comparée à l’art, le moins de compréhension opposé au plus de cérébralité, la réalité du consentement universel à l’hallucination de l’intelligent, Don Juan à Platon, la vie à la pensée, le scepticisme à la croyance, la médecine à l’alchimie, l’armée au duel; et parallèlement, la phynance, qui sont les honneurs en face de la satisfaction de soi pour soi seul; tels producteurs de littérature selon le préjugé du nombre universel, vis-à-vis de la compréhension des intelligents; et parallèlement, la Merdre.»

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« ------- --------------- 326 / THÉÂTRE (et provocation) o 43 MÈRE UBU.

- Comment, Père Ubu, vous estes content de votre sort? PÈRE usu.

- De par ma chandelle verte, merdre, madame.

Certes oui, je suis content.

On le serait à moins : capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l'ordre de I' Aigle Rouge de Polo­ gne et ancien roi d'Aragon, que voulez-vous de mieux? MÈRE UBU.

- Comment! après avoir été roi d'Aragon vous vous contentez de mener aux revues une cinquan­ taine d'estafiers armés de coupe-choux, quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole la couronne de Pologne à celle d'Aragon? PÈRE UBU.

- Ah! Mère Ubu, je ne comprends rien de ce que tu dis.» Ubu se présente comme un drame historique dont voici la teneur: le capitaine Ubu, poussé par l'ambition de sa femme, comme Macbeth dans la tragédie de Shakespeare, s'empare du trône en supprimant le souverain légitime: le roi de Pologne, Venceslas.

Pour y parvenir, il a comploté avec le capitaine Bordure.

De toute la famille royale, seul le jeune Bougrelas survit et il vengera sa famille avec l'aide du Czar et du capitaine Bordure, lequel se venge de ne pas avoir reçu, comme promis, le duché de Lithuanie en récompense de sa trahison.

Devenu roi, Ubu s'empresse de confisquer les richesses des nobles, des magistrats, des financiers, qu'il envoie à la trappe (il les extermine).

Il collecte lui-même les impôts.

Comme il doit partir en guerre contre ses ennemis coalisés (Je Czar, Bordure, Bougrelas), il laisse régner en son absence Mère Ubu, qui est vite chassée du pouvoir.

Mère Ubu et Père Ubu s'échapperont, en quête de nouvelles aventures.

On constate qu'Ubu incarne l'appétit du pouvoir, aveugle et irraisonné.

Précédé de son énorme bedaine (sa gi­ douille, mot qui a aussi le sens de poche), il engloutit, avec un appétit féroce, les richesses que lui acquiert son pouvoir usurpé, assisté dans cette tâche par les Palatins et les Larbins de Phynances, ses séides.

► La singularité de Jarry consiste à conférer une exis­ tence dramatique à un personnage issu de l'imagination. »

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