« Un Amour de Swann » de Marcel Proust
Publié le 17/01/2022
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En 1913, Marcel Proust publie Du côté de chez Swann, le premier des romans du cycle À la recherche du temps perdu. L'oeuvre évoque les souvenirs d'enfance du narrateur, mais entre la première partie, « Combray «, et la troisième, « Noms de pays : le nom «, l'auteur intercale « Un Amour de Swann «, une longue digression où il évoque l'ancienne passion de Swann, un ami de famille, pour Odette de Crécy.

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Vermeer: «Vous allez vous moquer de moi, ce peintre, je n'avais jamais entendu parler de lui ; vit-il encore ? »Ce qu'éprouve Swann pour Odette, c'est un désir physique intense mais toujours lié à des émotions artistiques.
Parcontre, très rapidement, celle-ci se dérobe à son amour: elle lui donne des rendez-vous et ne s'y rend pas, elleprétexte une migraine pour ne pas le recevoir, refuse de se montrer en public avec lui.
Toutes ces attitudesengendrent chez Swann un vif sentiment d'inquiétude et de jalousie.
Il essaie de l'intéresser à l'art mais elle trouvecela bête et ennuyeux.
Chez les Verdurin, le manque d'admiration de Swann pour les choses médiocres le fait entreren disgrâce et on l'invite de moins en moins.
Il continue à combler Odette de présents et d'argent, ne recevant enretour que mépris et absence.Cependant, la rumeur lui apprend qu'Odette est bien peu digne de son intérêt: elle aurait mené une vie plus quegalante à Nice, dans des villes d'eaux.
S'il la questionne à ce sujet, elle ment effrontément et il avoue que, plutôtque de vivre ce tourment, il préférerait être frappé d'une maladie mortelle.
Il recommence à fréquenter des salonsauxquels il était habitué auparavant, où il ressent plus d'esprit tout en n'étant pas dupe, là non plus, du snobisme.Petit à petit, il se guérit de cet amour néfaste, notamment grâce à la musique, la fameuse phrase musicale de laSonate de Vinteuil, compositeur en qui il sent un «frère inconnu et sublime qui, lui aussi, avait dû tant souffrir.
»Swann reçoit un jour une lettre anonyme accusant Odette de galanterie, de prostitution et d'homosexualité.
Il nesera jamais fixé sur la véracité du contenu de cette lettre, pas plus que sur son auteur.
Désabusé, il clôt sonaventure sur ces mots: «Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grandamour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre! »
Pistes de lecture
La genèse du « grand œuvre »Marcel Proust est né à Paris en 1871 d'un père médecin, originaire d'Illiers, à quelques kilomètres de Chartres,localité qui deviendra Combray dans l'œuvre littéraire.
Sa mère, Jeanne Weil, juive d'origine alsacienne, entourerason jeune fils de soins particulièrement affectueux à cause de la fragilité de sa santé : très précocement, ilmanifeste une prédisposition pour l'asthme et ce trouble ne fera que s'aggraver, l'obligeant, durant les dernièresannées de sa vie, à ne plus quitter la chambre.
Son œuvre monumentale : A la Recherche du temps perdu, seradonc écrite, en grande partie, de son lit de malade.Son enfance se partage entre Paris ou il va aux Champs-Elysées et aux Tuileries et Illiers où il flâne clans lacampagne et au bord du Loir.Il fréquente le lycée Condorcet où il obtient le premier prix de composition française et où il rencontre ceux quil'introduiront, plus tard, dans les fameux salons de l'aristocratie et de la noblesse.
En 1889, il effectue son servicemilitaire, suit ensuite les cours de la Sorbonne, de la Faculté de Droit et de l'Ecole libre des Sciences Politiques.
Ils'oriente alors vers la carrière diplomatique puis opte pour une carrière littéraire.A vingt-cinq ans, il publie son premier ouvrage, Les Plaisirs et les jours (1896), dont la préface est signée AnatoleFrance, très célèbre à l'époque.Cette année-là, Proust dit entreprendre un grand roman, une œuvre « de longue haleine », Jean Santeuil (publiéseulement en 1952).
On trouve dans ce vaste roman les thèmes essentiels de son œuvre capitale, et certains l'ontconsidéré comme la première ébauche du « grand œuvre » de l'auteur.En 1913, il publie le premier volume de A la recherche du temps perdu : Du côté de chez Swann, représentant lapremière des trois générations développées dans l'ensemble de l'œuvre.
Un premier plan de celle-ci est déjà élaboréà cette date.Six autres volumes suivront : A l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919), qui obtiendra le Prix Goncourt, Le Côté deGuermantes (1920), Sodome et Gomorrhe (1922), La Prisonnière (1923), Albertine disparue (1925) et Le Tempsretrouvé (1927), les trois derniers étant posthumes.Atteint d'un refroidissement en 1922, il poursuit sans relâche son travail, malgré la fièvre toujours plus forte.
Ils'éteint la même année.
Un petit roman dans un vaste ensembleDu côté de chez Swann, première partie de A la recherche du temps perdu, se subdivise elle-même en deux parties: Combray, où le narrateur, toujours présent au fil de l'œuvre, situe les lieux de son enfance, Méséglise etGuermantes, les personnalités de ses parents et surtout sa mère, sa grand-mère, sa tante Léonie, la servanteFrançoise; Un Amour de Swann, petit roman dans le roman, où ce même narrateur reconstitue l'histoire de la passionamoureuse d'un de ses voisins de Combray, Swann, qui venait parfois chez sa tante Léonie.
Amour-passion, amour-déceptionCe petit roman présente la particularité d'être presque exclusivement centré sur l'amour: amour-passion, amour-déception, incommunicabilité entre les êtres et les sexes.Chez le narrateur-Proust, l'amour est «le moteur de homme, qui le meut, l'égaré souvent mais enfin le pousse le longde sa vie.
»Pour Jung, le mot amour «recouvre de façon extensible lut un monde qui va du ciel à l'enfer et qui embrasse en lui lebien et le mal, le sublime et l'abject».
C'est bien ainsi que Swann vit son amour : désir, naïveté et foi se mêlent àl'égard de quelqu'un qui ne le mérite aucunement, dans un état d'extrême anxiété et de jalousie, pour enfinsurmonter sa douleur grâce à la démarche artistique qui est sa forme de sublimation.Cette élévation, cette sublimation par l'art, Proust ne le fera pas que pour le sentiment amoureux mais bien pourtoutes les sensations qu'il a vécues depuis son enfance jusqu'à la fin de sa vie : c'est ainsi qu'il restitue avec géniel'odeur des champs de blé, l'atmosphère oisive des bords de mer, une peinture précise à l'extrême des personnagesles plus divers, allant des oisifs aristocrates pédants et ridicules jusqu'aux valets de chambre et aux cuisinières dontil vante le bon sens en passant par des hommes de métier et des créateurs: le docteur Cottard, le peintre Elstir,.
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