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VEIRAS (Denis)

Publié le 20/05/2019

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VEIRAS (Denis), écrivain français (Alès entre 1635 et 1638-apr. 1683). Issu d'une famille protestante, il connut une vie aventureuse. D'abord engagé dans l'armée en Italie, il devint avocat, puis parcourut l'Europe, notamment l'Angleterre, où il fut en relation avec Locke et Samuel Pepys, et la Hollande, où il accompagna une ambassade britannique. Pédagogue — il enseigna l'anglais et la géographie et publia une Grammaire méthodique (1681) du français —, il aurait eu cependant des activités d'agent double, soutenant pour le compte des Anglais les révoltés du Viva-rais mais dénigrant la monarchie anglaise. C'est à Londres qu'il publia en 1675 The History of the Sevarites, première partie de son Histoire des Séva-rambes (1677), dédiée à l'ingénieur Riquet qui le protégea. L'ouvrage est une « utopie » qui, s'inspirant de récits de voyageurs en Amérique et en Chine, évoque en réalité l'organisation d'une monarchie despotique, telle que pouvait la rêver un roi absolu ou un ministre dirigiste : le législateur des Sévarambes ne permet pas aux parents d'achever l'éducation de leurs enfants qui sont confiés à des magistrats, vrais « pères politiques de la patrie ». La plus grande audace de l'ouvrage résidait dans la peinture d'une religion d'État, réduite à un vague credo déiste et à un culte tout extérieur et symbolique. Le livre, souvent réédité, ne fut pas sans influence sur les philosophes et les écrivains de l'époque des Lumières.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)VEIRAS ou VEIRASSE ou VAIRASSE ou VAYRASSE Denis (1635-1685?).

Ce n'est qu'assez récemment que la postérité a tendu justice à Denis Veiras.

Son nom est encore absent de la plupart des grands dictionnaires (seul.

au x1x< �;iècle, Prosper Marchand lui consacre une assez longue notice dans sa biographie).

Si l'homme reste mal connu, on sait du moins qu'il est l'auteur d'un livre qui figure parmi les plus originaux de son temps.

l'Histoire des Sévarambes, relation de voyage fictif (1677) qui porte en elle des idées et des rêves plus pro­ ches du siècle des Lumières que de celui de Louis XIV.

De famille protestante, il naquit sans doute à Alais; on le dit parfois avocat, mais la France protestante de Haag (rééd.

1966) nous apprend qu'il suivit d'abord la carrière des armes et qu'une seule campagne, qu'il fit en Piémont.

suffit à l'en dégoûter.

Il quitta le service.

étudia le droit et fut reçu docteur.

Passé en Angleterre, il se mêla d'intrigues politiques et se fit expulser.

Rentré en France, il reprit du service et, en 1672, fit la guerre de Hollande.

Sa 1 eligion nuisit peut-être à son avancement, car il renonça à nouveau à l'état militaire et vécut de leçons de français et d'anglais.

Rien ne prouve cependant qu'il fut obligé de changer de religion après la révocation de l'édit de Nantes.

L'Histoire des Sévarambes ou peuples de la Terre Australe, comenanr une relation du gouvernement, des mœurs, de la religion et du langage de ceffe nation inconnue jusqu 'à présent aux peuples de 1 'Europe, se donne comme une traduction de l'anglais.

L'auteur pré-sumé est un certain capttatne Siden (anagramme de Denis).

La première partie de l'ouvrage parut en 1677 (2 volumes) et la seconde partie (3 volumes) en 1678- 1679 :ce fut un grand succès.

L'Histoire des Sévarambes fut rééditée en 1682 à Bruxelles et à Amsterdam, traduite en flamand, en allemand, en italien.

Il s'agit, comme l'auteur l'indique lui-même, d'une fiction ingénieuse dans le genre de lc1 République de Platon.

de l'Utopie de Thomas Morus, de I'Atlantis de Bacon.

Elle devance de plus de vingt ans le Télémaque de Fénelon, annonce de très loin les «îles» de Marivaux et le Candide de Vol­ taire : derrière la célébration d'un pays utopique se cache une satire violente de la France de Louis XIV.

L'œuvre se divise en cinq parties : la première faisant le récit du voyage et du naufrage du capitaine, la deuxième rapportant l'histoire de Sévarias.

législateur et fondateur de l'État des Sévarambes, la troisième s'at­ tachant aux lois et aux mœurs, la quatrième aux religions et la dernière à la grammaire de la langue sévarambe (Veiras est par ailleurs l'auteur d'une très originale Grammaire méthodique, parue en 1681 ).

Chez les Séva­ rambes, on lutte contre l'orgueil pM l'égalité des citoyens : «tous les sujets doivent également contribuer aux dépenses publiques »; contre l'avarice (les biens sont mis en commun): contre l'oisiveté (le travail est obliga­ toire pour tous).

Les femmes sont élevées comme les hommes.

Ni guerres ni conquêtes chez les Sévarambes.

Le divorce est permis.

La religion est naturelle, sans mystère ni miracles; elle est aussi nationale, mais il «est interdit de violer la liberté des consciences >>.

Une œuvre d'inspiration spinoziste, estime Antoine Adam; en tout cas, une œuvre audacieuse et forte, qui inaugure la« crise de la conscience européenne».

[Voir aussi MOREL L Y].

BIBLIOGRAPHIE Histoire des Sévarambes, Genève, Slatkine, 1979, 2 vol.

É tud es.

- E.

Van der MUhl, D.

Veiras el SOli «Histoire des Sévarambes », Paris.

1938: M.

Duchet, « Langue et société chez les Sévarambes >>,Modèles el moyens.

Lille.

19 79 .

B- RAFFALLI. »

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