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VERLAINE APRÈS LES POÈMES SATURNIENS.

Publié le 25/06/2011

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En 1867, après la publication du Parnasse, après les polémiques du Parnassiculet contemporain et les Médaillonnets de Barbey d'Aurevilly, il existe une École parnassienne, et Verlaine en fait partie. Mais ne croyons pas que l'autorité de Leconte de Lisle soit également reconnue par tous, et que le groupe constitue .un bloc sans fissure. On distingue, autour du chef d'école, les disciples fervents, ceux qui avec Sully-Prudhomme admirent en Leconte de Lisle la conscience de l'expression, la fierté du vers, la noblesse de la pensée, et d'autres qui plus volontiers regardent du côté de Baudelaire, qui vont « à la recherche des profondeurs inexplorées de la corruption moderne «, ou qui plus simplement demandent à la poésie de noter les frissons, les complexités, la beauté humble ou pathétique de la « modernité «. Parmi les jeunes Parnassiens on distingue aussi une tendance, bien étrangère à Leconte de Lisle et à Mendès, un effort pour recueillir, du réalisme, les éléments intéressants, pour intégrer dans la poésie les utiles recherches de Champfleury, des Goncourt, de certains romanciers moins connus. Entre ces diverses orientations, Verlaine devra choisir.   

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« le biographe, non seulement Balzac, mais des oeuvres obscures comme l'Antoine Quérard de Ch.

Bataille et ErnestRasetti.

Il suivait avec une sympathie très attentive l'effort des Goncourt et l'on peut être sûr qu'il fut l'un des plusardents à manifester son enthousiasme, au cours de la représentation d'Henriette Maréchal.Ces préoccupations, que la critique néglige, s'expliquaient.

Beaucoup de bons esprits se sentaient las de la puregratuité où l'École de l'Art s'était longtemps complue.

On souhaitait un retour au sérieux, au réel et, comme ondisait, à la « vie ».

Il est curieux de noter que Banville lui-même en sentait le besoin.

« Nous sommes tous, écrivait-il, assez blasés sur toutes les jongleries possibles pour ne pouvoir être pris que par la poésie vivante ».

Les poètesrejoignaient ainsi certaines thèses de Barbey d'Aurevilly.

Celui-ci avait, au nom de la « vie », dénoncé la stérilité del'École de l'Art : « vil exercice à rimes, à coups de vers, à enjambements, ronds de jambe de danseuse ».

Soyonssûrs que Verlaine suivait attentivement les polémiques d'un homme qu'il discutait, mais qu'il admirait.Pour employer une expression alors inconnue, il envisageait sans répugnance une poésie « engagée ».

Sesconvictions révolutionnaires, son opposition à l'Empire, ses principes hébertistes lui inspiraient des vers pour flétrir latyrannie.

Les Loups sont une oeuvre symbolique.

Ils disent le triomphe insolent du parti vainqueur sur les hérosmalheureux de la cause populaire.

Ces coeurs de fauves et de lâches, à la fois gourmands et poltrons, Verlaine les arencontrés chez les magistrats de l'Empire et chez les publicistes vendus, qui dénoncent, condamnent etpoursuivent les débris du parti républicain.

De même le poème des Vaincus.

Sous sa forme primitive, avec son titreancien, Les Poètes, il exprime la colère impuissante des survivants de la révolution populaire.

L'idéal, le rêve defraternité est mort.

Le réalisme politique triomphe.

Ceux qui ont échappé à la répression, traqués, découragés, ontcru que tout était fini.

Mais l'Empire commence .

à vaciller : Une faible lueur palpite à l'horizon. La fin du poème, telle qu'elle se présentait en 1867, est un appel à la reprise du grand combat.

On a dit que le titre,Les Poètes, prouvait l'absence de toute intention politique.

C'est oublier que depuis Pierre Leroux, une traditioncontinue donnait pour fonction au poète d'éveiller les hommes à la liberté.A ces oeuvres d'inspiration ouvertement ou secrètement révolutionnaire se joignaient des pièces simplementdescriptives, mais de caractère populaire.

Le Soldat laboureur est une évocation à la fois sympathique et amuséedes survivants de la Grande Armée.

La Soupe du soir est un pathétique tableau de la misère ouvrière.

Pourinterpréter exactement ces pièces, il convient de les rapprocher des poèmes que François Coppée composait à lamême époque et qui formeront plus tard ses Poésies modernes : Angelus, Le Père, Saragosse et La Grève desforgerons.Verlaine avait entrepris de composer un volume de cette inspiration.

Il lui avait donné pour titre collectif LesVaincus.

Il y travaillait en avril 1869 et s'impatientait, au mois d'août suivant, de leur retard.

Ce livre allait être,dans son esprit, un pendant aux Fêtes Galantes, la force faisant équilibre à la grâce.

Les critiques tiennent cettepartie de son oeuvre en grand mépris.

Ils oublient qu'en 1873, à une époque où il venait d'achever le plus exquis deses recueils, les Romances sans paroles, le poète revint obstinément à son projet.

Ils ne voient pas que cettepoésie tournée vers la vie annonce l'évolution prochaine de l'écrivain et indique dans quelle direction il s'orientera.Ce ne sera plus au service de la liberté.

Mais du moins au service de l'homme, pour ce qui paraîtra au poète convertila vérité et le salut.

Tourner le dos aux jeux puérils, aux acrobaties prosodiques, aux artifices gratuits, donner à lapoésie une signification, faire du poète l'interprète de nos colères et de nos espérances, ce n'est pasnécessairement une erreur.Dans une voie tout à fait différente, Verlaine composa, en 1867 au plus tard, une série de six sonnets intitulée lesAmies et qui s'inspirait des Femmes damnées de Baudelaire.

Son ami Coppée les fit passer en Belgique, à Poulet-Malassis qui se chargea de faire imprimer ces quelques pièces.

Elles étaient attribuées au licencié Pablo-Maria deHerlagnez.

A la frontière française, cette oeuvre réputée scandaleuse fut interceptée.

Quelques exemplairesseulement échappèrent à la saisie.

Rien n'indique mieux que les Amies la différence de vision chez Baudelaire et chezVerlaine.

Sur les poèmes saphiques du premier pèse une atmosphère alourdie de parfums capiteux, dans unepénombre où se déroulent les rites d'un culte séculaire et mystérieux.

Les Amies disent les ardeurs de la volupté,évoquent de jeunes corps souples, des yeux bleus, des rideaux de mousseline blanche.

Verlaine s'efforce en vain àimiter Baudelaire, il parle en vain du glorieux stigmate, du noble voeu de ces sublimes damnées.

La tonalité, lemouvement restent profondément différents.. »

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