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Victor HUGO, La Légende des siècles, « Le petit roi de Galice »

Publié le 09/03/2011

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Roland a sauvé Nuno, « le petit roi de Galice «, que ses oncles, les dix « infants «, accompagnés de leurs hommes (« cent vingt durs garçons«, «un tas de gueux épouvantable«) voulaient mettre à mort dans le vallon d'Ernula - une gorge désolée du fond de l'Asturie. Après lui avoir permis la fuite en lui donnant son cheval, Roland met ses adversaires à la raison. C'est sur les vers suivants que se termine « Le petit roi de Galice «, dans La Légende des siècles.    Et dans le même instant, entre les larges roches, A travers les sapins d'Ernula, frémissant De ce défi superbe et sombre, un contre cent, On pouvait voir encor, sous la nuit étoilée, Le groupe formidable au fond de la vallée. Le combat finissait; tous ces monts radieux Ou lugubres, jadis hantés des demi-dieux, S'éveillaient, étonnés, dans le blanc crépuscule, Et, regardant Roland, se souvenaient d'Hercule. Plus d'infants : neuf étaient tombés; un avait fui : C'était Ruy le Subtil; mais la bande sans lui Avait continué, car rien n'irrite comme La honte et la fureur de combattre un seul homme; Durandal, à tuer ces coquins s'ébréchant, Avait jonché de morts la terre, et fait ce champ Plus vermeil qu'un nuage où le soleil se couche; Elle s'était rompue en ce labeur farouche; Ce qui n'empêchait pas Roland de s'avancer; Les bandits, le croyant prêt à recommencer, Tremblants comme des bœufs qu'on ramène à l'étable A chaque mouvement de son bras redoutable, Reculaient, lui montrant de loin leurs coutelas;    Et pas à pas, Roland, sanglant, terrible, las, Les chassait devant lui parmi les fondrières; Et n'ayant plus d'épée, il leur jetait des pierres.    Victor HUGO, La Légende des siècles, « Le petit roi de Galice «.    Dans votre commentaire composé, vous pourrez vous attacher à préciser ce qui donne au poème son caractère épique, et à dire ce qui fait la qualité de ce tableau; vous pourrez vous demander également quel intérêt vous avez pris à cette lecture.   

Introduction    • La Légende des siècles: épopée des conquêtes morales de l'homme, d'après Hugo lui-même.    • Importance consacrée au cycle des chevaliers errants, « magistrats sinistres de l'épée. «    • Deux poèmes mettent cet idéal en action : Le petit roi de Galice et Eviradnus.    • C'est ici le XIe et dernier épisode du Petit Roi..., intitulé : Ce qu'a fait Ruy le Subtil.   

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« - sauf l'adjectif « blanc » qui qualifie curieusement « le crépuscule ».

C'est plutôt un dessin en blanc et sépia, enclair-obscur = Bien/Mal; - les lignes sont surtout celles d'alentour, puis au centre celles du champ de bataille, enfin celles des pas et gestesde Roland; - les mouvements sont ceux des gestes de la lutte et sont obtenus par le rythme des vers.

Par exemple : « Et pas à pas,//Roland,//sanglant, terrible, las,// 4 2 2+3+1 les chassait devant lui parmi les fondrières...

», le 1er alexandrin est tout frappé de ruptures de cadences, tandis que le second s'amplifie dans un élan ininterrompuque renforce la présence des sifflantes s et f. • Les éléments : deux groupes antagonistes, - l'un, encore nombreux, est celui du Mal : les dix infants; ici satisfaction de leur défaite marquée par un vers auxcoupes d'écrasement: « Plus d'infants//: neuf étaient tombés;//un avait fui, » avec à 3 5 4 nouveau une désarticulation de l'alexandrin.

Mais le reste de la bande subsiste, en partie (l'autre est en déroutepour la satisfaction de la morale et des lecteurs), et lutte encore (v.

11 à 13) ce qui multiplie le courage du héros,car ils sont « furieux » de combattre un seul homme et de s'en faire battre; - l'autre groupe, celui des héros et du Bien, Durandal et Roland, mérite une étude spéciale, de même qu'ils sedétachent du tableau : personnages essentiels. II.

Le héros, symbole de la victoire du désintéressement et de la justice. • Roland, effectivement, est face aux « coquins ».

Sa stature domine, il est tout mouvements, tout actions. • Mais surtout à travers lui et sa fidèle Durandal, Hugo dévoile ses intentions. • Comme tous les héros épiques, Roland et Durandal ont un mystérieux caractère surnaturel. • Toute épopée chante les exploits légendaires d'un héros; mais ici son auxiliaire efficace l'épée est animée.

Cetteanimation des objets est un effet ordinaire de l'imagination épique; c'est d'ailleurs dans la vieille geste La Chansonde Roland que Hugo a trouvé le nom et la personnification de l'épée.

Elle est la compagne, l'associée du chevalier.Elle représente la même signification morale.

Elle meurt ici comme un preux, à force de « tuer [des] coquins» de«jonch[er] de morts la terre.

C'est en un « labeur farouche », celui de la justice, qu'elle s'est « rompue ». • Tout est agrandi dans le merveilleux de la légende : « labeur farouche », « bras redoutable ».

Très peu d'adjectifsdans ce style d'action : ceux qui apparaissent pourtant çà et là, d'autant plus expressifs qu'ils sont plus rares,traduisent la grandeur sinistre de la scène, ou la force morale des héros. • Car la puissance de l'épopée n'est pas dans la noblesse des vocables mais dans les visions démesurées et lessentiments propres à l'émotion : - la mort de Durandal, évoquée avec retenue et progressivement (« ébréchée » puis « rompue », mais en obtenantun carnage) met mieux en valeur le courage indomptable de Roland.

Elle annonce le dernier vers, vers lequel montepeu à peu l'élan du texte : « Et n'ayant plus d'épée, il leur jetait des pierres.

» - Roland dominant la mêlée prend une dimension gigantesque et légendaire.

La vision s'agrandit, du champ debataille jusqu'à des proportions démesurées. - Par l'entreprise du merveilleux, le héros qui lutte seul contre cent est à peine atteint.

On le devine invincible,comme la cause qu'il défend. • Cette valeur symbolique du brave illustre, opposant n'importe quelle arme ou méthode de lutte aux méchants. »

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