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VICTOR HUGO, POÈTE ÉPIQUE dans « O soldats de l'an deux... » (extrait de : A L'OBEISSANCE PASSIVE).

Publié le 15/02/2011

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hugo

O soldats de l'an deux ! ô guerres ! épopées !

Contre les rois tirant ensemble leurs épées, Prussiens, Autrichiens, Contre toutes les Tyrs et toutes les Sodomes,

Contre le czar du nord, contre ce chasseur d'hommes 5 Suivi de tous ses chiens, Contre toute l'Europe avec ses capitaines,

Avec ses fantassins couvrant au loin les plaines, Avec ses cavaliers, Tout entière debout comme une hydre vivante, 10 Ils chantaient, ils allaient, l'âme sans épouvante

Et les pieds sans souliers ! Au levant, au couchant, partout, au sud, au pôle,

Avec de vieux fusils sonnant sur leur épaule, Passant torrents et monts, 15 Sans repos, sans sommeil, coudes percés, sans vivres,

Ils allaient, fiers, joyeux, et soufflant dans des cuivres

Ainsi que des démons ! La Liberté sublime emplissait leurs pensées. Flottes prises d'assaut, frontières effacées 20 Sous leur pas souverain,

O France, tous les jours c'était quelque prodige,

Chocs, rencontres, combats ; et Joubert sur l'Adige,

Et Marceau sur le Rhin ! On battait l'avant-garde, on culbutait le centre ; 25 Dans la pluie et la neige et de l'eau jusqu'au ventre, On allait ! en avant !

Et l'un offrait la paix, et l'autre ouvrait ses portes,

Et les trônes, roulant comme des feuilles mortes,

Se dispersaient au vent ! 30 Oh ! que vous étiez grands au milieu des mêlées,

Soldats ! L'œil plein d'éclairs, faces échevelées Dans le noir tourbillon,

Ils rayonnaient, debout, ardents, dressant la tête

Et comme les lions aspirent la tempête 35 Quand souffle l'aquilon,  

Eux, dans l'emportement de leurs luttes épiques,

Ivres, Ils savouraient tous les bruits héroïques, Le fer heurtant le fer,

La Marseillaise ailée et volant dans les balles, 40 Les tambours, les obus, les bombes, les cymbales,

Et ton rire, ô Kléber ! La Révolution leur criait : — Volontaires,

Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! — Contents, ils disaient oui. 45 — Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes ! —

Et l'on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes

Sur le monde ébloui ! La tristesse et la peur leur étaient inconnues.

 Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues 50 Si ces audacieux,

En retournant les yeux dans leur course olympique,

Avaient vu derrière eux la grande République

Montrant du doigt les cieux !   

« L'épopée, a dit V. Hugo, est un poème narratif où l'héroïsme s'allie au merveilleux. « Comment le poète a-t-il réalisé son dessein ? C'est ce que nous allons étudier dans la pièce des Châtiments consacrée aux soldats de l'an II et dans laquelle V. Hugo, voulant écraser Napoléon III par la comparaison avec le passé, oppose aux soldats du Deux Décembre, qui ont accepté l' « obéissance passive « et tué la liberté dans les rues de Paris, les soldats de l'an II qui, eux, ont fait triompher cette liberté dans toute l'Europe.   

hugo

« Eux, dans l'emportement de leurs luttes épiques, Ivres, Ils savouraient tous les bruits héroïques, Le fer heurtant le fer, La Marseillaise ailée et volant dans les balles, 40 Les tambours, les obus, les bombes, les cymbales, Et ton rire, ô Kléber ! La Révolution leur criait : — Volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! — Contents, ils disaient oui.

45 — Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes ! — Et l'on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes Sur le monde ébloui ! La tristesse et la peur leur étaient inconnues. Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues 50 Si ces audacieux, En retournant les yeux dans leur course olympique, Avaient vu derrière eux la grande République Montrant du doigt les cieux ! Introduction. « L'épopée, a dit V.

Hugo, est un poème narratif où l'héroïsme s'allie au merveilleux.

» Comment le poète a-t-ilréalisé son dessein ? C'est ce que nous allons étudier dans la pièce des Châtiments consacrée aux soldats de l'an IIet dans laquelle V.

Hugo, voulant écraser Napoléon III par la comparaison avec le passé, oppose aux soldats duDeux Décembre, qui ont accepté l' « obéissance passive » et tué la liberté dans les rues de Paris, les soldats de l'anII qui, eux, ont fait triompher cette liberté dans toute l'Europe. 1.

— La grandeur vraie. Hugo semble souvent s'être contenté de reproduire les exploits de ses héros tels que l'histoire les a transmis.

Lessoldats de l'an II se sont effectivement opposés à « toute l'Europe » ; ils ont pris des « flottes d'assaut » (victoiredu Helder) : la réalité dépasse la fiction ! On leur applique sans effort le vocabulaire de l'épopée : O France, tous lesjours c'était quelque prodige...

Oh ! que vous étiez grands au milieu des mêlées...

Eux, dans l'emportement de leursluttes épiques... Pour accroître encore cette impression de vérité, V.

Hugo a multiplié les notations de détails concrets qui nouspermettent de nous représenter les héros avec toute leur originalité.

Nous voyons leur aspect extérieur (« les piedssans souliers »...

« Avec de vieux fusils »...

« coudes percés »...

« vieux soldats »...

« généraux imberbes...

»),leur^audace tranquille, leur entrain malgré les épreuves ou les dangersDans la pluie et la neige et de l'eau jusqu'au ventre, On allait ! en avant !... Les tambours, les obus, les bombes, les cymbales, Et ton rire, ô Kléber ! leur déchaînement bruyant ; nous entendons la Marseillaise et quelques bribes d'éloquence révolutionnaire, sonoreet généreuse : La Révolution leur criait : « Volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples, vos frères ! » Mais ce qui, achevant le portrait moral, explique les exploits des soldats de l'an II, c'est leur amour de la Liberté.

Eneffet, pour accomplir de grandes choses, il faut être soulevé par un idéal.

Si Roland et ses compagnons nepossédaient pas la foi qui est la leur, nous ne verrions dans leurs exploits qu'exagérations insupportables et dans lemerveilleux chrétien de la « Chanson » qu'artifice pur.

De même ici Hugo souligne constamment l'influence exaltantede l'amour de la liberté :. »

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