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Victor Hugo, poète lyrique ?

Publié le 17/02/2012

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hugo

L'homme, en V. Hugo, ne fait pas honneur à l'humanité; sa vie ne fut ni un modèle ni un exemple; mais le poète compte bien parmi les mieux doués de tous les temps. Onorate l'altissimo poeta! et certes son oeuvre est assez complexe pour retenir l'admiration à des titres divers. Tel se sent subjugué par les fresques épiques de la Légende des Siècles; tel, par les formidables entassements de prose dans ses romans cyclopéens; d'autres tiennent pour Hernani et Ruy Blas; à notre avis, et en faisant le départ de ce que la postérité ne retiendra pas de lui, V. Hugo, poète lyrique, mérite surtout notre admiration. C'est le « grand chanteur «, comme le nommait Nisard, qui ne l'aimait guère. Toujours il chante; le lyrisme est son mode naturel et nul peut-être n'a tiré de la lyre de plus magnifiques harmonies. C'est ce lyrisme que nous voudrions caractériser brièvement....

hugo

« gilite des affections humaines, et la Nuit de Juin, oil se rencontrent ces vers admirables : On ne dort qu'd demi d'un sommeil transparent Et l'aube douce et pale, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel. La satire lyrique Les Chdtiments (1853) &vogue encore la grande ombre de Napoleon P et lui montre le chatiment du 18 Brumaire : Moscou, Waterloo, Sainte-Helene et surtout Napoleon III.

Des Contemplations (1855), retenons Pauca meae, oii le poke exprime la poignante douleur que lui cause la mort tragique de sa fine, et renoncons a comprendre les incoherences pretendues philosophiques de Ce que dit la bouche d'ombre.

Enfin, des grossieres Chansons des Rues et des Bois, le plus bel animal de la langue francaise disait Louis Veuillot, gardons une perle : la Saison des semailles.

L'Art d'être grand-pere, oii Padmirafion attendrie pour l'enfant se montre par trop manieree, est en somme un a Art de mal Meyer les petits-enfantes Il n'a rien ajoute a la gloire du poke. Voila Pceuvre : que valent les idees et l'expression ? Les idees sont tres diverses et se refusent a une classification en un systeme quelconque.

Leur diversite a mettle contribue A la reputation de Hugo, que Louis Veuillot compare A une puissante cloche dont toutes les grandes ou grosses idees du siecle auraient tire la corde.

Ainsi les royalistes lui savent gre des Vierges de Verdun, et du Bapteme du duc de Bordeaux; les bonapartistes, de « 1802 Y, et de l'Ode a la Colonne; les repnblicains des Chdtiments; les catholiques, du Regard fete dans une mansarde et de la Priere pour tous; les socialistes (1), de Melancolie et de Plein ciel; Js pantheistes, du Satyre et les anticlericaux, de ses dernieres productions, l'Ane, les Quatre vents de l'esprit, etc.

t Il y a de tout », dans cette ceuvre, hors un credo politique, philosophique et religieux.

Nous avons beau etreavertis, par la preface des Rayons et des Ombres, que (t tout poke veritable doit contenir la somme des idees de son temps nous rejetons d'aussi intrepides contradictions qui rangent definitivement Hugo hors des pen- seurs. Parmi ces idees disparates, it en est qu'il a de preference exploitees; ce sont des themes generaux que tous les lyriques ont connus, des lieux communs, toujours neufs et jeunes, comme l'humanite renouvelee a chaque generation : Dieu, la mort, l'amour, les evenements du passé et le spec- tacle des agitations contemporaines du poke.

V.

Hugo nous montre Dieu prouve par le spectacle de l'univers, dans Tout le passé et tout l'avenir. De la mort, it vent dire la poursuite rapide dans Soiree en mer; les sur- prises, dans Noces et festins; la necessite, dans Pleurs dans la nuit et les bienfaits, dans Mise en liberte.

L'amour soupire decent dans quelques pieces des Chants du Crepuscule; it s'etale lascif dans les Chansons des Rues et des Bois.

Les grands evenements de l'histoire apparaissent comme en un pano- rama immense, aux toiler brillantes mais inexactes, dans les poesies deja mentionnees; enfin tous les courants d'idees du lux° siècle ont fait vibrer ou virer l'Ame versatile de cet homme qui s'est dit place par Dieu an centre du monde « comme un echo sonore ». Si les idees, le plus souvent banales et sans profondeur, offrent dans leur ensemble un mélange entrechoque de vingt systemes philosophiques, politiques et irreligieux differents, it reste que 'V.

Hugo doit le meilleur de sa gloire a l'expression lyrique, aux images et aux mots.

La fecondite de son imagination est etonnante.

a Il a peu d'idees, affirme E.

Faguet; la moindre image fait mieux son affaire.

» Vouloir titer ses images serait transcrire toute son oeuvre, surtout a partir de 1830.

II en a d'infiniment gracieuses et en grand nombre; it en tree d'eblouissantes, d'inattendues, de delicates, de grandioses et de sublimes, mais it les multiplie au-dela de toutes proportions, ce qui faisait dire assez injustement d'ailleurs a E.

About: Ce nest qu'un homme de phrases, un marchand de paroles bariolees. Le malheur est que, chez Hugo, et A mesure qu'il vieillit, l'image grandit jusqu'a la monstruosite, elle l'obsede jusqu'a l'hallucination, au cauchemar (1) En 1867, Hugo &Hyatt : e Bas les armes! 6 France! encore un peu de temps et voila que tu ne vas plus tire.

Tu ne seras plus France, tu seras Humanite.

» gilité des affections humaines, et la Nuit de Juin, où se rencontrent ces vers admirables : On ne dort qu'à demi d'un sommeil transparent Et l'aube douce et pâle, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

La satire lyrique Les Châtiments (1853) évoque encore la grande ombre de Napoléon Ier et lui montre le châtiment du 18 Brumaire : Moscou, Waterloo, Sainte-Hélène et surtout Napoléon III.

Des Contemplations (1855), retenons Pauca meae, où le poète exprime la poignante douleur que lui cause la mort tragique de sa fille, et renonçons à comprendre les incohérences prétendues philosophiques de Ce que dit la bouche d'ombre. Enfin, des grossières Chansons des Rues et des Bois, « le plus bel animal de la langue française », disait Louis Veuillot, gardons une perle : la Saison des semailles.

IIArt d'être grand-père, où l'admiration attendrie pour l'enfant se montre par trop maniérée, est en somme un « Art de mal élever les petits-enfantes Il n'a rien ajouté à la gloire du poète.

Voilà l'œuvre : que valent les idées et l'expression ? Les idées sont très diverses et se refusent à une classification en un système quelconque. Leur diversité a même contribué à la réputation de Hugo, que Louis Veuillot compare à une puissante cloche dont routes les grandes ou grosses idées du siècle auraient tiré la corde.

Ainsi les royalistes lui savent gré des Vierges de Verdun, et du Baptême du duc de Bordeaux; les bonapartistes, de « 1802 » et de VOde à la Colonne; les républicains des Châtiments; les catholiques, du Regard jeté dans une mansarde et de la Prière pour tous; les socialistes (1), de Mélancolie et de Plein ciel; ks panthéistes, du Satyre et les anticléricaux, de ses dernières productions* Y Ane, les Quatre vents de l'esprit, etc.

«Il y a de tout», dans cette œuvre* hors un credo politique, philosophique et religieux.

Nous avons beau être avertis, par la préface des Rayons et des Ombres, que « tout poète véritable doit contenir la somme des idées de son temps », nous rejetons d'aussi intrépides contradictions qui rangent définitivement Hugo hors des pen­ seurs.

Parmi ces idées disparates, il en est qu'il a de préférence exploitées; ce sont des thèmes généraux que tous les lyriques ont connus, des lieux communs, toujours neufs et jeunes, comme l'humanité renouvelée à chaque génération : Dieu, la mort, l'amour, les événements du passé et le spec­ tacle des agitations contemporaines du poète.

V. Hugo nous montre Dieu prouvé par le spectacle de l'univers, dans Tout le passé et tout l'avenir.

De la mort, il veut dire la poursuite rapide dans Soirée en mer; les sur­ prises, dans Noces et festins; la nécessité, dans Pleurs dans la nuit et les bienfaits, dans Mise en liberté. L'amour soupire décent dans quelques pièces des Chants du Crépuscule; il s'étale lascif dans les Chansons des Rues et des Bois. Les grands événements de l'histoire apparaissent comme en un pano­ rama immense, aux toiles brillantes mais inexactes, dans les poésies déjà mentionnées; enfin tous les courants d'idées du xrxe siècle ont fait vibrer ou virer l'âme versatile de cet homme qui s'est dit placé par Dieu au centre du monde « comme un écho sonore ».

Si les idées, le plus souvent banales et sans profondeur, offrent dans leur ensemble un mélange entrechoqué de vingt systèmes philosophiques, politiques et irréligieux différents, il reste que V. Hugo doit le meilleur de sa gloire à l'expression lyrique, aux images et aux mots. La fécondité de son imagination est étonnante.

« Il a peu d'idées, affirme E. Faguet; la moindre image fait mieux son affaire.» Vouloir citer ses images serait transcrire toute son œuvre, surtout à partir de 1830.

Il en a d'infiniment gracieuses et en grand nombre; il en crée d'éblouissantes, d'inattendues, de délicates, de grandioses et de sublimes, mais il les multiplie au-delà de toutes proportions, ce qui faisait dire assez injustement d'ailleurs à E. About: « Ce n'est qu'un homme de phrases, un marchand de paroles bariolées.

» Le malheur est que, chez Hugo, et à mesure qu'il vieillit, l'image grandit jusqu'à la monstruosité, elle l'obsède jusqu'à l'hallucination, au cauchemar (1) En 1867, Hugo écrivait : « Bas les armes ! ô France ! encore un peu de temps et voilà que tu ne vas plus être.

Tu ne seras plus France, tu seras Humanité.

». »

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