VICTOR HUGO. Sa vie ; son caractère.

« et le devoir pour l'art de représenter la réalité sous tous ses aspects.

Les conséquences pratiques de cette théoriesont l'introduction du laid et du grotesque dans la littérature, le mélange dans le drame d'éléments tragiques etcomiques et un plus grand respect de la couleur locale.Après l'échec d'Amy Robsart, mis, en théâtre d'un roman de Walter Scott, Hugo écrivit en 1829 coup sur coupMarion de Lorme et Hernani.

Marion fut condamné par la censure pour offense au pouvoir royal.

Le 25 février 1830,la représentation de la pièce Hernani se déroula dans une atmosphère surchauffée par les polémiques entredéfenseurs de la tradition et tenants des nouvelles doctrines.

La bataille d'Hernani fit de Hugo le chef de file duromantisme français.

À la Porte-Saint-Martin, loin de la scène classique du théâtre français, Marion de Lorme en1831 et Lucrèce Borgia en 1833 furent accueillis triomphalement.

Joué au théâtre de la Renaissance à partir du 8novembre 1838, Ruy Blas, interprété par Frédérick Lemaître, fut le dernier succès du drame romantique.

LesBurgraves, joué le 7 mars 1843 à la Comédie-Française, ne rencontra que froideur.Parallèlement, la renommée du poète lyrique était confirmée par la publication de recueils de vers.

L'authentiquerévélation de Hugo, poète romantique, date de 1829 avec les Orientales, images de la Grèce en flammes, visions devilles espagnoles.

Du recueil Feuilles d'automne (1831) au recueil intitulé Les Rayons et les Ombres (1840)s'affirment les thèmes majeurs de la poésie hugolienne : la nature, l'amour, le droit du rêve.

Dans les Voix intérieures(1837) apparaît le personnage `d'Olympio, double et interlocuteur du poète, immortalisé par le célèbre poème«Tristesse d'Olympio» dans Les Rayons et les Ombres.C'est en 1831 que paraît le premier des grands romans à arrière-plan historique de Victor Hugo, Notre-Dame deParis, dont le couple Quasimodo-Esmeralda est devenu mythique.

D'abord poète, Hugo avait débuté dans la proseavec Han d'Islande (1823) et Bugjargal (1826).

En 1829, il avait publié un court essai contre la peine de mort : LeDernier jour d'un condamné.

D'emblée, le récit hugolien fut essentiellement critique, raillant les genres en vogue etposant, sur le mode ironique le plus souvent, les problèmes de l'actualité historique, de la misère ouvrière (Hand'Islande) aux moyens de la conquête par le peuple du droit à la parole (Notre-Dame de Paris).Dans ces années, Victor Hugo s'éloigne un peu de sa femme, très proche de l'écrivain critique Sainte-Beuve.

Ilrencontre en 1833 l'actrice Juliette Drouet avec qui il aura une liaison de cinquante années. L'écrivain consacré Poète consacré, presque officiel (il fut reçu à l'Académie en 1841), Victor Hugo fut doublement atteint l'année1843 par l'échec de son drame Les Burgraves et surtout par la mort tragique de sa fille Léopoldine, noyée dans la Seine avec son mari.

Hugo composa en son souvenir les poèmes qui prirent place dans le quatrième livre desContemplations (1856), «Pauca Meae».

Une autre secousse lui vint des événements politiques.

Au moment de la révolution de 1848, Victor Hugo était proche de la monarchie de juillet : il se rallia cependant à laRépublique.

Élu député dans le rang des conservateurs, ses discours se firent au cours des années 1848 et1849 de plus en plus libéraux et progressistes.

Le journal qu'il fonda à cette époque, L'Événement, salua avec enthousiasme l'avènement de Louis-Napoléon Bonaparte.

Mais le coup d'État du 2 décembre 1851 précipitaVictor Hugo sur la route de l'exil : «Je resterai proscrit, voulant rester debout.» L'opposant D'abord à Bruxelles, puis dans les îles Anglo-Normandes de Jersey et de Guernesey, dans sa maison (HautevilleHouse), il se consacra uniquement à la littérature pendant ses dix-neuf ans d'exil.

Cet exil allait conduire à unevéritable métamorphose de celui qui, grâce à cette épreuve, deviendra le grand poète Victor Hugo. Dans Les Châtiments, paru en 1853, fruit du premier hiver d'exil, il consacra à «Napoléon le Petit» toute une série de vers indignés et véhéments.

Le livre circula aussitôt en contrebande en France.

Les Châtiments écrit et publié, Victor Hugo lança la poésie à l'assaut de tous les domaines de la connaissance : connaissance de lanature, du moi et de l'univers dans Les Contemplations, exploration et synthèse de l'histoire dans La Légende des siècles, du divin dans Dieu et La Fin de Satan.

Si Les Contemplations s'arti-cule encore autour de la terrible épreuve intime du poète (les deux versants du recueil, «Autrefois» et «Aujourd'hui», désignent la mortde Léopoldine), La Légende des siècles est le projet d'une épopée qui embrasse la totalité de l'histoire dans des poèmes illustrant la suite des âges. Dans cette solitude naquirent également les plus grands romans de Victor Hugo.

Imaginé, dès 1840, à l'image desgrands romans sociaux de Balzac ou de Sue, Les Misérables, publié en 1861, fut accueilli avec réserve par la critique mais avec un enthousiasme délirant par le public d'Europe et d'Amérique.

Hugo confiait du reste à son éditeur, avantmême d'avoir achevé la relecture des Misérables : «Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal, de mon oeuvre.» Constamment l'histoire, progrès dupeuple en marche, intervient dans Les Misérables mais les personnages principaux définis dans leur souffrance sont individualisés Fantine, Jean Valjean, Cosette, Marius, Gavroche restent les enjeuxessentiels du récit.

Les Travailleurs de la mer (1866), L'Homme qui rit (1869), et Quatre-vingt- treize (1872), roman sur la révolution écrit lors d'un retour volontaire à l'exil, montrent l'échec de l'homme à réformer une société injuste et inégalitaire.

À la référence réaliste au monde queproposent les romans de Balzac ou de Flaubert s'oppose l'univers fabuleux bien qu'historiquementsitué des Travailleurs de la mer ou de L'Homme qui rit.

Les Travailleurs de la mer est le récit d'une double conquête de la nature par l'homme Lethierry conquiert l'espace de la mer avec son bateau àvapeur, le marin Gilliatt surmonte la tempête et une pieuvre géante pour sauver le moteur du bateaunaufragé.

L'Homme qui rit conte les épreuves de Gwymplaine défiguré et fils d'un noble proscrit. »