Devoir de Philosophie

Vie de Henri Brulard

Publié le 30/03/2013

Extrait du document

Le pseudonyme de Henry Brulard vient de la famille même de Stendhal. Le cousin germain du grand-père de l'auteur était un notaire nommé Joseph Brulard qui avait la réputation d'être une.mauvaise tête et un grand parleur. Certains auteurs qui ignoraient ce détail ont rapproché ce nom du tempérament de l'auteur,« brûlant comme un feu de paille «. Premières éditions complètes, 1913, 1927.

« Stendhal est persuadé de ne pas être compris par ses contemporains.

Aussi déclare+il dans la Vie de Henry Brulard : « Je mets un billet à une loterie dont le gros lot se réduit à ceci : être lu en 1935.

» « Quand je trouvais une difficulté je la lui exposais, mol étant au tableau, H, et M.

Dupuis dans son immense fauteuil bleu de ciel, en D.

,.

~------- EXTRAITS Stendhal se souvient de sa prime enfance Le couteau de cuisine dont je me servais m'échappa et tomba dans la rue, c'est­ à-dire d'une douzaine de pieds, près d'une Mme Chenevaz ou sur cette dame.

C'était la plus méchante femme de toute la ville.( ...

) Ma tante Séraphie dit que j'avais voulu tuer Mme Chenevaz; je fus déclaré pourvu d'un caractère atroce, grondé par mon excellent grand-père, M.

Gagnon, qui avait peur de sa fille Séraphie, la dévote la plus en crédit dans la ville, grondé même par ce caractère élevé et espagnol, mon excellente grand­ tante Mlle Elisabeth Gagnon.

[A.

Ardoise.] Je me révoltais, je pouvais avoir quatre ans.

De cette époque date mon horreur pour la religion, horreur que ma raison a pu à grand-peine réduire à de justes dimensions, et cela tout nouvellement, il n'y a pas six ans.

Presque en même temps prit sa première naissance mon amour filial instinctif, for­ cené dans ces temps-là, pour la république.

Je n'avais pas plus de cinq ans.

Cette tante Séraphie a été mon mauvais génie pendant toute mon enfance: elle était abhorrée mais avait beaucoup de crédit dans la famille.

Je suppose que dans la suite mon père fut amoureux d'elle, du moins il y avait de longues promenades aux Granges, dans un marais sous les murs de la ville, où j'étais le seul tiers incommode et où je m'en- nuyais fort.

Je me cachais au moment de partir pour ces promenades.

Là fit nau­ frage la très petite amitié que j'avais pour mon père.

Le jeune Stendhal rejette son père Il aurait été bien difficile qu'il m'aimât: il voyait clairement que je ne l'aimais point ; jamais je ne lui parlais sans nécessité, car il était étranger à toutes ces belles idées lit­ téraires et philosophiques qui faisaient la base de mes questions à mon grand-père et des excellentes réponses de ce vieillard ai­ mable.

Je le voyais fort peu.

Ma passion pour quitter Grenoble, c'est-à-dire lui, et ma passion pour les mathématiques, seul moyen que j'eusse de quitter cette ville que j'abhorrais et que je hais encore, car c'est là que j'ai appris à connaître les hommes, ma passion mathématique me jeta dans une profonde solitude de 1797 à 1799.

Je puis dire avoir travaillé pendant ces deux années et même pendant une partie de 1796 comme Michel-Ange travailla à la Sixtine.

Le jeune Grenoblois ne s'adapte pas à la vie de Paris Je me vois prenant médecine seul et délaissé dans une chambre économique que j'avais louée sur le quinconce des Invalides au bout, entre l'extrémité (de ce côté du quin­ conce) des rues de l'Université et S[ain]t­ Dominique, à deux pas de cet hôtel de la liste civile de /'Empereur où je devais quelques années plus tard jouer un rôle si différent.

" n m'est resté un souvenir net et fort sérieux des remparts qui faisaient ce grand feu sur nous.

,.

NOTES DE L'EDITEUR Ce livre dresse le« tableau des révolutions d'un cœur », comme il le dit lui-même.

Pour Henri Martineau : « Ce ne fut pas en vain que son grand-père, le docteur Henri Gagnon, lui vantait sans cesse comme couronnement de toute science la connaissance du cœur humain.

Le jeune enfant tout d'abord ne comprit pas grand­ chose à cette phrase ambitieuse.

» Henri Martineau, préface à la Vie de Henry Brulard, Le Divan, 1927.

La Vie de Henry Brulard est bien une autobiographie, à la forme certes originale : « Les Essais de Montaigne, Les Rêveries de Rousseau seraient des autoportraits ; Les Corifessions ou Les Mémoires d'outre­ tombe, des autobiographies.

Mais la Vie de Henry Brulard? Plutôt une autobiographie, certes, quoique les deux premiers chapitres et bien des passages par la suite soient davantage du registre de l'analyse.

La question " qui suis-je ? " qui serait celle de l'autoportraitiste et la question" qu'ai-je fait?", celle de l'autobiographe, Stendhal annonce dès le départ qu'il entend les confondre, ou plus exactement établir leur profonde correspondance.

C'est peut-être ce qui explique le refus d'un ordonnancement rigoureux.

L'autoportrait suivrait-il une certaine logique, l'autobiographie une chronologie ? Mais cet ordre, qu'il soit logique ou chronologique, est sans cesse bousculé, éclaté dans la Vie de Henry Brulard, et voilà une des originalités les plus saillantes de ce texte.

»Béatrice Didier, Stendhal autobiographe, PUF, 1983.

1 Goldner I Sipa-lcono 2, 3, 4, 5 croquis manuscrits de Stendhal.

éd.

Garnier Frères, Paris, 1953 / B.N.

STENDHAL07. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles