VILLARS (Nicolas de Monfaucon, abbé de)
Publié le 22/05/2019
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VILLARS (Nicolas de Monfaucon, abbé de), écrivain français (près de Toulouse 1635 - assassiné sur la route de Lyon 1673). Il témoigna, dès ses études à l'université de Toulouse, de son penchant pour les écrits kabbalistiques et les intrigues. Embastillé (1661), il mena ensuite une carrière de poète mondain et de critique acerbe, attaquant notamment les écrivains de Port-Royal : dans De la délicatesse (1671) il s'en prend ainsi aux Pensées de Pascal. C'est en familier de l'abbé d'Aubignac qu'il condamna à la fois Racine et~ Corneille dans sa Critique de Bérénice (1671). Il mourut assassiné au cours d'un voyage entrepris avec certains de ses cousins accusés eux-mêmes du meurtre d'un de leurs parents. Il reste surtout célèbre pour son ouvrage sur les sciences occultes, le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes (1670).
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)VILLARS,
Nicolas Pierre Henri Il de Montfaucon,
abbé de (vers 1635-1673).
Parent de dom Bernard de
Montfaucon, de petite noblesse languedocienne, ce cadet
de Gascogne commence au séminaire diocésain des étu
des qu'il poursuivra à l'université de Toulouse.
A vingt
deux ans, d'obscurs événements le forcent à fuir vers
Paris.
De janvier à septembre 1661, il est embastillé pour
distribution de« libelles contre le roi et l'Etat>>.
Revenu
à Toulouse, il y tue un parent, Paul de Ferrovil.
Ce
meurtre et ses suites lui valent deux condamnations
( 1662, 1668) par défaut et sont très vraisemblablement à
l'origine de son assassinat sur la route de Lyon.
Violent et sans scrupules, Villars a marqué la vie
littéraire de son époque par une pratique des lettres à
l'image de son caractère : habile à provoquer le scandale
(il sera interdit de prédication) et à tirer profit des modes,
il publie en 1670, avec grand succès, le Comte de Gaba
lis ou Entretiens sur les sciences secrètes, où il expose
les doctrines ésotériques avec humour et en multipliant
les anecdotes curieuses; l'œuvre est rééditée dès 1671.
Villars passe du conte philosophique à la critique litté
raire avec la Critique de Bérénice ( 1671 ), où il qualifie
l'œuvre de Racine de madrigal testamentaire, scandé par
les « hélas >> de Titus; applaudissements de Mme de Sévi
gné; mais le Tite et Bérénice de Corneille n'est pas plus
épargné : Domitie et Bérénice sont présentées comme
deux harengères; Tite, comme un fanfaron.
Dans De la
délicatesse (en cinq dialogues, 1671 ), Pascal est accusé,
au nom de la raison, de favoriser 1 'athéisme; enfin dans
la Suite du Comte de Gabalis ( 1708, posthume), le carté
sianisme est attaqué.
Deux romans encore, en 1670,
l'Amour sans faiblesse (d'Anne de Bretagne) selon la
mode des historiettes galantes sur trame historique, et le
Géomyler, histoire d'amour dans une Arabie de fantaisie
qui, sur un ton leste et licencieux, prend le contre-pied
de la tradition romanesque des amours chastes et tendres.
En10urée d'une aura de scandale et de mystère, l'œu
vre de Villars est, par essence, une œuvre d'opposition,
non seulement aux modes littéraires mais encore aux
courants esthétiques et philosophiques (1' orthodoxie
chrétienne, le jansénisme pascalien, le cartésianisme, la
tragédie classique, la tradition romanesque) : point com
mun aux différentes productions d'une œuvre éclectique
tant par les genres que par les thèmes qu'elle aborde.
La Critique de Bérénice est un pamphlet, auquel
Racine répondra dans sa préface, mais c'est aussi un
document sur la réception du théâtre racinien.
La critique
au nom des règles fait apparaître en creux la nouveauté
dramaturgique de Racine : l'amour comme thème domi
nant; la réduction du nombre de personnages; et, surtout,
une sensibilité «féminine >> sous le signe du tendre et du
délicat.
Le succès du Comte de Gabalis repose tout
d'abord sur l'originalité de son contenu : la vie des Syl
phes, Gnomes et Salamandres; leur mariage avec les
hommes (avec maintes «preuves » extraites de l'histoire
biblique) : le secret du jeOne (par dépôt de terre sur le
2618 nombril);
la conversation de saint Antoine avec le Syl
phe.
D'autre part, un sens aigu des possibilités dramati
ques du dialogue donne une note comique à des propos
dont la grandiloquence est sans cesse soulignée par le
narrateur, auditeur autant amusé qu'étonné.
Car cet
exposé de secrets « fort bizarres et bien récréatifs >> vise
à 1' amusement du lecteur : au Comte, qui lui recom
mande la chasteté, le narrateur répond par « un grand
éclat de rire».
Le comique est-il masque obligé d'un
exposé ésotérique? La vogue de l'ésotérisme est bien
attestée, y compris parmi les hommes de science, et Vil
lars a probablement eu des contacts avec des « initiés >>
de la kabbale.
Mais l'usage qu'il fait des thèmes ésotéri
ques est une véritable ironie critique : la grandiloquence
du Comte va à l'encontre d'une adhésion du lecteur à des
doctrines exposées d'une manière grotesque.
Le texte se
présente comme une réfutation de l'ouvrage de Paracelse
(le fondateur de la médecine hermétique), Lib er de nym
phis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de coeteris
spiritibus.
L'ironie de Villars assigne à la science les
limites de l'expérience.
Ce rationalisme, marqué d'un
scepticisme historique (qui annonce Bayle et Fonte
nelle), ébranle le merveilleux chrétien : le péché originel
n'est autre que l'acte de chair, Cham n'a pas « décou
vert >> son père mais 1' a châtré, les Pères ont pris des
sylphes pour des anges.
Il y a là un jeu littéraire démythi
ficateur, exprimé dans un style (prévoltairien) qui aban
donne la période :.
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