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VILLARS, Nicolas Pierre Henri II de Montfaucon, abbé de : sa vie et son oeuvre

Publié le 13/11/2018

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VILLARS, Nicolas Pierre Henri II de Montfaucon, abbé de (vers 1635-1673). Parent de dom Bernard de Montfaucon, de petite noblesse languedocienne, ce cadet de Gascogne commence au séminaire diocésain des études qu’il poursuivra à l’université de Toulouse. A vingt-deux ans, d’obscurs événements le forcent à fuir vers Paris. De janvier à septembre 1661, il est embastillé pour distribution de « libelles contre le roi et l’État ». Revenu à Toulouse, il y tue un parent, Paul de Ferrovil. Ce meurtre et ses suites lui valent deux condamnations (1662, 1668) par défaut et sont très vraisemblablement à l’origine de son assassinat sur la route de Lyon.

 

Violent et sans scrupules, Villars a marqué la vie littéraire de son époque par une pratique des lettres à l’image de son caractère : habile à provoquer le scandale (il sera interdit de prédication) et à tirer profit des modes, il publie en 1670, avec grand succès, le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes, où il expose les doctrines ésotériques avec humour et en multipliant les anecdotes curieuses; l’œuvre est rééditée dès 1671. Villars passe du conte philosophique à la critique littéraire avec la Critique de Bérénice (1671), où il qualifie l’œuvre de Racine de madrigal testamentaire, scandé par les « hélas » de Titus; applaudissements de M,ne de Sévi-gné; mais le Tite et Bérénice de Corneille n’est pas plus épargné : Domitie et Bérénice sont présentées comme deux harengères; Tite, comme un fanfaron. Dans De la délicatesse (en cinq dialogues, 1671), Pascal est accusé, au nom de la raison, de favoriser l’athéisme; enfin dans la Suite du Comte de Gabalis (1708, posthume), le cartésianisme est attaqué. Deux romans encore, en 1670, CAmour sans faiblesse (d’Anne de Bretagne) selon la mode des historiettes galantes sur trame historique, et le Géomyler, histoire d’amour dans une Arabie de fantaisie qui, sur un ton leste et licencieux, prend le contre-pied de la tradition romanesque des amours chastes et tendres.

 

Entourée d’une aura de scandale et de mystère, l’œuvre de Villars est, par essence, une œuvre d’opposition, non seulement aux modes littéraires mais encore aux courants esthétiques et philosophiques (l’orthodoxie chrétienne, le jansénisme pascalien, le cartésianisme, la tragédie classique, la tradition romanesque) : point commun aux différentes productions d’une œuvre éclectique tant par les genres que par les thèmes qu’elle aborde.

 

La Critique de Bérénice est un pamphlet, auquel Racine répondra dans sa préface, mais c’est aussi un document sur la réception du théâtre racinien. La critique au nom des règles fait apparaître en creux la nouveauté dramaturgique de Racine : l’amour comme thème dominant; la réduction du nombre de personnages; et, surtout, une sensibilité « féminine » sous le signe du tendre et du délicat. Le succès du Comte de Gabalis repose tout d’abord sur l’originalité de son contenu : la vie des Sylphes, Gnomes et Salamandres; leur mariage avec les hommes (avec maintes « preuves » extraites de l’histoire biblique) : le secret du jeûne (par dépôt de terre sur le

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)L'abbé Montfaucon de Villars: CONTRE LES PENSÉES En 1671, l'abbé Montfaucon de Villars propose dans son Traité de la Délicatesse une sévère critique de la méthode apologétique de « Paschase » (c'est-à-dire Pascal). Comprenez-vous bien la conséquence de ce mépris que vous faites des raisons métaphysiques, et les suites de cet aveu si surprenant que vous ne vous sentiriez pas assez fort pour trouver dans la Nature de quoi convaincre les athées ? que nous sommes dans un désespoir éternel de connaître le principe de toutes choses, et que les preuves naturelles égarent l'esprit ? Paschase, voulez-vous fonder une secte contre le raisonnement en faveur de l'instinct naturel ? Voulez -vous renverser les bancs de Sorbonne, et démolir les Universités ? Ou plutôt avez -vous résolu de faire des athées, sous prétexte de les combattre ? Quoi, vous leur avouez qu'il n'y a rien dans la Nature qui leur prouve invinciblement la Divinité ; et pat une expression terrible qui les confirmera d'une étrange sorte dans leur insensée opiniâtreté, vous dites que l'esprit humain est dans un désespoir éternel de connaître le principe de toutes choses ? Certainement quand la chose serait ainsi et que la Nature serait aussi muette que vous la faites, l'art et le bon sens voudraient que vous dissimulassiez ce silence aux athées ; et que vous ne donnassiez pas lieu de dire à ceux qui entendent cette voix puissante de la Nature qui prêche partout son principe, que vous êtes du nombre de ces sourds volontaires ou que vous voulez les favoriser.

De quels yeux les saints Thomas d'Aquin et Bonaventure, et le nombre innombrable de leurs saints disciples liront- ils cet étrange aveu dans votre livre ? eux à qui la Nature a fait ses démonstrations, et qui ont appuyé et défendu la Religion par les preuves métaphysiques.

Ils en ont été convaincus et ont prétendu en convaincre les païens par des livres exprès.

Est -ce que vous n'êtes pas convaincu de leurs preuves ? Permettez-moi de le dire, si vous ne l'êtes pas, vous êtes bien opiniâtre ! Et que vous soyez convaincu ou ne le soyez pas, vous êtes bien imprudent d'avouer aux libertins à qui vous parlez que ces preuves frappent peu, qu'elles égarent l'esprit, et que vous ne vous en sentiriez pas assez fort pour convaincre des athées. Cette discussion mêle habilement des arguments traditionnels et des reproches fondés sur des textes de Pascal quelque peu déformés.

Il est vrai que l'abbé de Villars ne disposait que des Pensées de 1670, dont le texte n'était pas toujours conforme à l'original.

Le soupçon jeté sur la sincérité de la foi de Pascal s'explique sans doute par le fait que l'auteur est lié au parti anti-janséniste.. »

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