VINAVER (Michel)

VINAVER (Michel), auteur dramatique français (Paris 1927). Après s'être essayé au roman (Lataume, 1950 ; l'Objecteur, 1951), M. Vinaver s’est consacré à l'écriture dramatique. C'est Roger Planchon qui le fait connaître en 1956 avec les Coréens, créés à Lyon et repris à Paris par Jean-Marie Serreau. Jean Vilar lui commande alors un texte, d'après la pièce de Thomas Dekker, la Fête du Cordonnier, créée au T. N. P., dans une mise en scène de Georges Wilson en 1959. Roger Planchon crée à Villeurbanne, puis au T. N. P. Par-dessus bord (1973). La Demande d'emploi est montée en Avignon (1972) par Jean-Pierre Dougnac. C'est Antoine Vitez qui crée Iphigénie-Hôtel au Centre Georges-Pompidou (1977). Vinaver reçoit, en 1978, le prix Lugné-Poe et celui du Syndicat de la critique pour Dissident, il va sans dire et Nina, c'est autre chose, pièces réunies et mises en scène par Jacques Lassalle sous le titre de Théâtre de chambre. En 1980, À la renverse est monté au Théâtre national de Chaillot, qui présentera l'Ordinaire en 1983.

Le théâtre de Vinaver, volontiers qualifié et reconnu par son auteur comme « minimal », est un théâtre immédiat, qui j oue du quotidien, et singulièrement de l'expérience directe que Vinaver a eue, pendant près de trente ans, de l'entreprise industrielle et commerciale. L'œuvre entière pourrait porter le titre de la pièce créée par le « Théâtre éclaté » d'Annecy en 1979 : les Travaux et les Jours. Faits divers, préoccupations concrètes du monde du travail (dont les réflexes subsistent, obsédants, même dans les situations les plus déconcertantes — ainsi dans les scènes de cannibalisme de l'Ordinaire}, échos fragmentaires des grands événements politiques et culturels composent l'univers éclaté d'antihéros qui n'aperçoivent jamais que quelques rouages de l'immense machine qui les fait se mouvoir et qui les broie. Ni Brecht ni Beckett, Vinaver n'a pas plus confiance en un sens de l'Histoire que la certitude de l'absurde. Ces événements le dépassent, mais il ne feint pas d'en être l'organisateur : il se contente de les parler (Écrits sur le théâtre, 1982).