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Voltaire a écrit : « Les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié. » Comment comprenez-vous cette formule ?

Publié le 02/11/2016

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INTRODUCTION

 

Que représente la lecture pour ceux qui l’aiment ? Si l’on excepte les cas très particuliers qui font de l’œuvre littéraire un objet d’étude, il semble que, le plus souvent, on ouvre un livre pour y trouver un « divertissement ». Cette plongée à l’intérieur de la pensée d’un écrivain ne suppose-t-elle pas que l’on se dérobera pendant quelques heures à soi-même? Ainsi, l’attitude du lecteur est faite essentiellement de passivité, voire d’abandon à autrui. Une telle conception du rôle de la littérature n’est cependant pas sans dangers et les écrivains peuvent être en droit d’exiger davantage de leurs lecteurs. C’est sur ce point que Voltaire voulait insister lorsqu’il écrivait : « Les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié ».

 

Une analyse critique des rapports entre les œuvres littéraires et leurs lecteurs nous permettra de mieux saisir la signification de cette formule paradoxale qui peut dans une certaine mesure justifier certains principes de la littérature contemporaine.

 

I. L’ATTITUDE LA PLUS COMMUNE DES LECTEURS

 

Un objet de détente Le livre est considéré par la plupart de ses amateurs comme une occasion de détente physique et intellectuelle. Les œuvres qui sont d’un abord difficile se vendent mal. Les genres littéraires les plus simples sont aussi les plus populaires. Les fabliaux du Moyen Age, les fables de La Fontaine, les comédies de Molière jouissent, auprès du public le plus large, d’un constant succès. Les romans de Hugo, de Balzac ou de Zola ont plus de lecteurs que la poésie d’un Rimbaud ou d’un Mallarmé. A l’intérieur même de la poésie, les symbolistes par exemple, dont la lecture exige quelque effort de réflexion, connaissent une diffusion beaucoup plus restreinte que les Parnassiens ou les Romantiques.

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« Une source d'évasion L'œuvre littéraire apparai t ain si le plus souvent comme une source d'éva sion.

L e succès , à toute s les époqu es, de l'exo tisme , du me rve illeux ou du fantastique en té moigne.

Nous aimon s à nous retrouver dans un monde où les animaux parlent , dans un un ivers où les géant s côtoient des êtres à notre mesure com me dan s les chroniques de Rabelais , à vivre parmi les bergers et bergères de la pastorale , autre genre très prisé du public popu­ laire.

Cela permet de fuir la r éalit é quoti die nne et, en même temp s sans do ute, de s'ou blier soi-même pendant que lques h e ure s, d'« aliéner >> en quelque sorte sa p rop re con scie nce en la remplaçan t par celles de l'écrivain et de ses personnag es.

01lS réponses toutes faites Ma is les l ecteurs exigent souvent davan tage en c ore des œuvres d 'imagination.

Cell es-ci, tout en les détournant provisoi re ment du monde réel, s eront jugées parfaite s s i elles prés entent en ml: me temp s un unive rs moral cohérent et apportent un ensei­ gnement di recteme nt util isable.

L'écrivain es t volon ti ers consi­ d éré comm e un « maitre à pen se r >> auque l on se référera tout naturellement- pou r trancher l es difficult és de la vie soci al e.

Le «g rand» public a toujou rs eu une prédi lect ion pour les œuv res moralisatrices, à condition qu'elles ne soie nt pas fastid ieuses.

L e Ro man de fa R ose de Jean de M eung écrit à la fin du XIIIe siècle est un vérit ab le code de la mora le bourgeoise du temps .

li eut un tr ès gra nd reten tissement jus qu 'au xv1 e siècle.

L es ~· mor alités » des fables de La Fontaine et les dénouement s exemplaires des comédies de Molière cont ribuent, po ur une large part , à leur popula rité .

Il.

LES DANGER S D' UNE TELLE CONCEPTION DtJ LIVRE La paresse intellectuelle Une telle concept ion du rôle du livre n'e st cependant pas sans d a ng ers.

Elle trans fo rme d"abo rd le lecteu r en u n ê tre essentiel­ lement passif chez lequel se développeront bientô t des tenda nces à la pare ss e intellectuelle et morale.

Une abdic ation aussi entière de la conscience entraîne une véritable atrophie de la volon té.

N€: voit-o n pas souvent de nos jo urs beaucoup de gens délaisser t otalemen t la lecll .(re .

deven ue pour eux trop pénible même dan s ses forme s les plus sim ples, au p rofit du ciném a et de la. »

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