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VOUS ÊTES ALLÉ AU THÉATRE OU AU CINÉMA : VOS IMPRESSIONS DE SPECTATEUR

Publié le 17/01/2022

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Quand je me sens l'âme mélancolique, je ne trouve rien de plus agréable qu'un bon film pour me distraire. Je n'ai pas des goûts très marqués ni une connaissance bien approfondie du cinéma, mais j'adore l'action et l'aventure, et mes préférences vont aux western. J'aime l'atmosphère angoissante de ces films captivants et les cadres merveilleux où ils se déroulent. J'oublie que je ne suis qu'une simple spectatrice et il me semble vivre au coeur même de l'action, chevauchant parmi les courageux pionniers de l'Ouest américain, traversant les Montagnes Rocheuses de la Sierra Nevada et les vastes déserts de sable, luttant contre les Peaux-Rouges et mourant de soif, mais allant toujours de l'avant, poussée par une fièvre de réussite qui nous conduit, mes compagnons et moi, en Californie, pays de nos rêves insensés, lorsque ce n'est pas, hélas, à la mort, impuissants que nous sommes à vaincre tant de difficultés.

« S'il est un film qui jamais ne s'effacera de ma mémoire c'est bien : « Mirage de la vie ». J'étais jeune à l'époque, bien loin d'imaginer ce que notre inonde comportait de vilenies, de bassesses el de cruauté.C'est le drame trop actuel encore de la masse non intégrée de race noire, vivant en recluse dans des quartiersréservés qui rappellent assez l'image trop souvent exploitée des camps de concentration. New York, ville grouillante, insouciante de la scission dans son sein, palpite d'une vie intense.

Une grande et bellemaison dont la maîtresse est une femme encore jeune, deux jeunes filles dont l'une est sa propre fille : Sardia.L'autre, Lisa, aussi brune que Sardia est blonde, est son amie.., et toutes deux fréquentent le même collège.

Cettemaison est tenue par une gouvernante noire que toutes deux appellent : « Ma mina » (nourrice). La vie est agréable...

et pourtant le draine joue en sourdine : le bruit court que Lisa aurait du sang noir : c'est une tare que la Société américaine ne pardonne pas.

Dés lors, les vexations commencent : son fiancé, qu'elle aime, larepousse, son collège la renvoie; on ne saurait admettre une noire dans un « collège américain ».

Enfin, c'est larévélation : la « Mainina » dévoile à Lisa les secrets de sa naissance : elle est sa mère. Horrifiée, terrassée, refusant la vérité, usa renie sa mère, la repousse : « Non, je ne suis pas des vôtres, je ne suis pas noire, moi; regarde ma peau.

Je te hais, je te hais.

» Laissant sa mère éplorée, le visage noyé de larmes -- rien n'est plus émouvant qu'un visage de noir dans lequel leslarmes forment des rigoles — avec, dans les yeux, toute la détresse de ce peuple persécuté, Usa quitte sa maison.Elle ignore ou veut ignorer combien la vérite a coûté de courage et de peine à sa maman.

Sourde à touteconscience, victime d'une peur irraisonnée, elle veut refaire sa vie, là où nul ne pourrait percer son terrible secret. Lasse et démoralisée, craignant l'inexpérience de sa fille, la maman se retire à Haarlem, royaume des gens de sarace, le seul endroit où un noir ne se bute pas à un écriteau : « Accès interdit aux chiens et aux Noirs ». Monde grouillant de misères, de faim, mais aussi de séré-nité, dans une philosophie faite toute de résignation dansl'iné-luctable. Lisa, cependant, mène une vie très mondaine.

Le souvenir de la Mamma ne la quitte pas, bien qu'elle ne veuille passe l'avouer, et quand elle apprend que cette dernière est mou-rante, elle saute, affolée, dans le premier train,comprenant sou-dain tout ce que son attitude avait d'inhumain.

Mais, arrivée à Haarlem, elle ne peut que couriraprès le cercueil de sa mère, en criant, sans se soucier de l'opinion des autres : « Maman, maman, pardonne-moi !». Le jeu des acteurs était si naturel, qu'il en devenait poi-gnant, et nombre d'yeux étaient rougis à la sortie ducinéma. C'est ce jour-là, que je compris la musique des noirs, que je ressentis jusqu'au plus profond de moi-même leurs «negro spirituals », la douleur, le désespoir et la vérité qui s'en exhalent; tous ces noirs, visages creusés par leslarmes, yeux grands ouverts, fixant le créateur, frappant des mains pour battre la mesure, cherchant unecommunion avec leur auteur, qui, seul, les comprendrait. « Alleluia! » elle va vers le repos.

« AlIeluia ! ».

N'était-ce pas, en effet, le repos pour cette femme qui avait tantsouffert dans sa chair et dans son sang, dans son coeur et sa dignité de mère reniée. C'est dans leurs chants, aux résonances si tristes que les Noirs, écartés du monde civilisé et traités en êtresinférieurs, expriment toute leur détresse, leur désarroi devant ce monde d'injustice et de cruauté.

Chaque fois quej'entends un « negro spiritual », je revois le visage d'attendrissement de la Mamma sur son lit de mort, les yeuxtournés jusqu'à l'ultime seconde vers la porte qui livrerait passage à sa fille qu'elle enbrasserait pour la dernière fois.Je revois enfin Lisa, échevelée, se souciant peu de sa tenue, appeler désespérément sa mère, comprenant enfin quela couleur de la peau ne changeait en rien la sincé-rité des sentiments. Si cette vérité pouvait s'imposer à tous ceux qui, dans le monde, s'acharnent à maintenir le « séparatistne » ! Unegrande nation, qui se pose « en défenseur de la liberté et de la justice », se doit de faire d'abord son unité en sonsein afin d'en donner l'exemple au « tiers monde ». Juliette Touboul, Oudja (Maroc).. »

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