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Vous montrerez quelle est l'originalité des images poétiques de Victor Hugo.

Publié le 22/02/2012

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hugo
Nous abrégeons le développement en supprimant un certain nombre d'exemples et une discussion du reproche fait à Hugo de juxtaposer des métaphores incohérentes. Nous arrêtons d'autre part la citation lorsque Faguet complète son développement en étudiant ce qui échappe à l'analyse qu'il a donnée, les formes de style où Hugo a les qualités d'un poète classique, d'un poète de la Renaissance, etc.
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« Apparaître soudain par le trou vif et clairQue ferait en s'ouvrant une porte de l'air.— Elle vient, secouant sur les toits léthargiquesSon tablier d'argent plein de notes magiques,Réveillant sans pitié les dormeurs ennuyeux,— Sautant à petits pas comme un oiseau joyeux— Vibrant ainsi qu'un dard qui tremble dans la cible.— Par un frêle escalier de cristal invisible,Effarée et dansante, elle descend des cieux;Et l'esprit, ce veilleur fait d'oreilles et d'yeux,Tandis qu'elle va, vient, monte et descend encore,Entend de marche en marche errer son pied sonore. Comparez à « l'heure en cercle promenée » de Chénier, ou même à « ce compas qui tourne avec les heures » deVigny, pour mesurer la différence d'une sensation vraie, à une pensée traduite en « figure ».Je crois bien pourtant que c'est à ces successions d'images que font allusion certains critiques quand ils parlent desmétaphores incohérentes d'Hugo.3° C'est une sensation élaborée et agrandie.

— Il n'y a qu'une différence de degré entre une métaphore et uneallégorie, entre une allégorie et un mythe.

Mais qui fait cette différence ? Une puissance intime qui met toutes lesfacultés de l'âme au service de la sensation, de telle manière que quand elle est exprimée de l'esprit, elle est plusriche qu'en y entrant, empreinte de lui, spiritualisée, devenue l'écho de sa voix intérieure, de son amour, de sa joie,de son deuil, de son espoir, de sa foi.

— Elle n'en sera que refroidie, me direz-vous.

— Cela peut arriver; mais peut-être renversez-vous les termes.

Je parle d'une sensation forte s'imprégnant d'idée, sans cesser d'être sensation;vous parlez peut-être d'une idée se traduisant (encore) en une allégorie ou en un symbole.

Quand Boileau nous dit,en jolis vers : « Pour moi sur cette mer qu'ici-bas nous courons...

» soyez sûr qu'il a pensé d'abord à la vie humaine, puis qu'il a cherché une allégorie, et en a trouvé une, agréable;c'est un jeu d'esprit.

Mais quand.

Hugo a écrit la Mise en liberté, croyez bien que ce n'est pas un jour qu'il songeaità la mort comme à une délivrance et qu'il cherchait un symbole pour exprimer cette idée.

Non.

Il a donné la liberté àun oiseau captif.

Il a été très frappé des scènes de ce petit drame.

L'oiseau tremblant devant cette énorme mainqui s'avance, et le saisit, puis résigné, « inerte, l'oeil fermé, laissant pendre son cou débile »; puis éperdu debonheur, ...Evadé dans les rameaux flottantsEt dans l'immensité splendide du printemps...Dans l'air profond, parmi les arbres infinis,Volant au vague appel des amours et des nids,Planant éperdument vers d'autres ailes blanches,Ne sachant quel palais choisir, courant aux branches... et cette sensation s'est élargie et agrandie dans une idée : « Mais, c'est l'agonie et la mort, cela! » s'est dit lepoète; et alors, tout plein de sa sensation, ne cherchant qu'à la rendre, mais la laissant s'empreindre de la penséequi là rehausse et l'illustre, par quelques mots très discrets faisant seulement entrevoir la pensée sous l'image, justeassez explicite pour faire briller la sensation d'une lumière nouvelle sans la refroidir, il a écrit : Le pauvre oiseau, voyant entrer ce géant sombre,A pris la fuite en haut, puis en bas, cherchant l'ombre. Il voletait devant ma main épouvantable. Et j'ai vu s'en -aller au loin la petite âme,Dans cette clarté rose où se mêle une flamme, Aux fleurs, aux flots, au bois fraîchement reverdisAvec l'égarement d'entrer au paradis. Et tout cela, c'est Victor Hugo lui-même, s'abandonnant à sa manière propre d'imaginer et d'exprimer.

Mais ilfaudrait, pour être complet, s'il était possible de l'être avec un tel homme, parler de Victor Hugo cessant d'être lui,. »

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