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ZOLA et Le Roman expérimental

Publié le 06/07/2010

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Eh bien ! en revenant au roman, nous voyons également que le romancier est fait d’un observateur et d’un expérimentateur. L’observateur chez lui donne les faits tels qu’il les a observés, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages et se développer les phénomènes. Puis, l’expérimentateur paraît et institue l’expérience, je veux dire fait mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y montrer que la succession des faits y sera telle que l’exige le déterminisme des phénomènes mis à l’étude. C’est presque toujours ici une expérience « pour voir « comme l’appelle Claude Bernard. Le romancier part à la recherche d’une vérité (…). En somme, toute l’opération consiste à prendre les faits dans la nature, puis à étudier le mécanisme des faits, en agissant sur eux par les modifications des circonstances et des milieux, sans jamais s’écarter des lois de la nature. Au bout, il y a la connaissance de l’homme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale.

 

Sans doute, nous sommes loin ici des certitudes de la chimie et même de la physiologie. Nous ne connaissons point encore les réactifs qui décomposent les passions et qui permettent de les analyser. Souvent, dans cette étude, je rappellerai ainsi que le roman expérimental est plus jeune que la médecine expérimentale, laquelle pourtant est à peine née. Mais je n’entends pas constater les résultats acquis, je désire simplement exposer clairement une méthode. Si le romancier expérimental marche encore à tâtons dans la plus obscure et la plus complexe des sciences, cela n’empêche pas cette science d’exister. Il est indéniable que le roman naturaliste, tel que nous le comprenons à cette heure, est une expérience véritable que le romancier fait sur l’homme, en s’aidant de l’observation (…).

 

Nous venons de voir l’importance décisive donnée par Claude Bernard à l’étude du milieu intra- organique, dont on doit tenir compte, si l’on veut trouver le déterminisme des phénomènes chez les êtres vivants. Eh bien ! dans l’étude d’une famille, d’un groupe d’êtres vivants, je crois que le milieu social a également une importance capitale. Un jour, la physiologie nous expliquera sans doute le mécanisme de la pensée et des passions ; nous saurons comment fonctionne la machine de l’homme, comment il pense, comment il aime, comment il va de la raison à la passion et à la folie ; mais ces phénomènes, ces faits du mécanisme des organes agissant sous l’influence du milieu intérieur, ne se produisent pas au dehors isolément et dans le vide. L’homme n’est pas seul, il vit dans une société, dans un milieu social, et dès lors pour nous, romanciers, ce milieu social modifie sans cesse les phénomènes. Même notre grande étude est là, dans le travail réciproque de la société sur l’individu et de l’individu sur la société. Pour le physiologiste, le milieu extérieur et le milieu intérieur sont purement chimiques et physiques, ce qui lui permet d’en trouver les lois aisément. Nous n’en sommes pas à pouvoir prouver que le milieu social n’est, lui aussi, que chimique et physique. Il l’est à coup sûr, ou plutôt il est le produit variable d’un groupe d’êtres vivants, qui, eux, sont absolument soumis aux lois physiques et chimiques qui régissent aussi bien les corps vivants que les corps bruts. Dès lors, nous verrons qu’on peut agir sur le milieu social, en agissant sur les phénomènes dont on se sera rendu maître chez l’homme. Et c’est là ce qui constitue le roman expérimental : posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles telles que la physiologie nous les expliquera, sous les influences de l’hérédité et des circonstances ambiantes, puis montrer l’homme vivant dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue. Ainsi donc, nous nous appuyons sur la physiologie, nous prenons l’homme isolé des mains du physiologiste, pour continuer la solution du problème et résoudre scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société.

 Déterminisme : principe d’après lequel tout fait a une cause, et, dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes faits.

Claude Bernard : 1813-1878. Physiologiste français. Son introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865) définit les principes fondamentaux de toute recherche scientifique.

Physiologie : science qui étudie les fonctions et les propriétés des organes des êtres vivants. 

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« G 1 ® p 12 · « Etudier des tempéraments et non des caractères ». · « Des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang ». · « Les détraquements cérébraux survenus à la suite d'une crise nerveuse ». · « Un but scientifique avant tout ». G 2 ® p 13 · « Le travail analytique que les chirurgiens ». · « Recherche du vrai ». · « L'analyse du mécanisme humain ». · « Cet écrivain est un simple analyste ». · « Comme un médecin s'oublie dans un amphithéâtre ». G 3 ® p 14 · « Le terrain de l'observation et de l'analyse ». · « En matière de science ». · « La seule curiosité du savant ». G 4 ® p 15 · « Esprit de méthode ». · « Une étude psychologique ». · « L'analyse scientifique ». · « Méthode moderne » · « L'outil d'enquête ». G 5 ® p 16 · « L'étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances ». · « La vérité » ; · « Anatomie ». · « Critique méthodique et naturaliste ». · « Un roman d'analyste ». 4.

Les idées de Zola. Le but du naturalisme selon Zola est la connaissance de l'homme sur les plans individuel et social.

Le romancier part de l'observation puis fait agir ses personnages pour voir, étudier le mécanisme comme le ferait un. »

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