Grand oral du bac : L'allergie
Publié le 15/11/2018
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QUAND NOS QEFENSES NUISENT A NOTRE SANTE
Rhume, démangeaisons, problèmes respiratoires, troubles digestifs... les réactions allergiques traduisent une réponse exagérée de l'organisme (on parle d'hypersensibilité) face à un corps étranger qui ne représente pas forcément un risque réel. Le rôle de nos défenses immunitaires est de nous protéger contre les envahisseurs extérieurs (bactéries, virus, substances toxiques). Or, souvent leur dérèglement entraîne des troubles, qui peuvent aller jusqu'à provoquer un handicap, voire mettre la vie en danger.
L'ALLERGIE DANS L'HISTOIRE
Les premiers faits relatifs à l'allergie sont des témoignages se rapportant à de grands personnages historiques souffrant de cette maladie. Ainsi, les égyptologues pensent que le pharaon Ménès (3185 à 3125 avant J.-C.), de la première dynastie, serait mort d'un choc anaphylactique consécutif à une piqûre de guêpe ou d'abeille. Britannicus, héritier du trône impérial romain au Ier siècle après J.-C. était, lui, allergique aux squames (« peaux mortes ») de chevaux et pris de démangeaisons dès qu'il enfourchait son vaillant destrier !
Plusieurs anciens traités de médecine évoquent ces maladies. Hippocrate a écrit l’un d’eux et, plus tard, Maimonide, le médecin personnel du sultan Saladin vivant au XIIe siècle, écrivit le sien. Parmi les maladies allergiques répertoriées dans ces ouvrages, l'asthme figure en bonne place. Le médecin perse Rhazès, né en 850 et mort en 920, a, pour sa part, décrit le rhume des foins.
Plus près de nous, l'année 1905 est décisive pour l'aller-gologie. Charles Richet (prix Nobel 1913) et Paul Portier réalisent leurs premières observations sur le « choc anaphylactique ». Voulant étudier l'effet des venins, ils injectent à un chien des extraits d'anémone de mer (actinie). À la troisième injection, le chien meurt en quelques minutes. Ils nomment cette réaction d'hypersensibilité à la substance injectée « crise d'anaphylaxie », du grec ana « à rebours» et phylaxie « protection ». Elle correspond à la manifestation la plus grave de l'allergie.
Le terme allergie lui-même (du grec allas « autre » et ergon « action, efficacité ») fut créé en 1906 par le médecin autrichien von Pirquet, à l'issue de ses expériences sur la tuberculose. Deux ans plus tard, Ehrlich (prix Nobel 1908) découvre l’implication des mastocytes (cellules du système immunitaire) dans l'allergie tandis que Schultz et Dale (prix Nobel 1936) découvrent celle d'une substance biologique, l'histamine.
En 1963, Gell et Coombs proposent une classification des manifestations de l'hypersensibilité en quatre groupes, une classification toujours utilisée actuellement En 1967, les immunoglobulines de type E (IgE), responsables des réactions immédiates, sont isolées. Enfin, dans les années 1980, seront découverts les facteurs d'activation et de communication intercellulaire (leucotriènes et prostaglandines) jouant un rôle dans les mécanismes de l'allergie.
LES ALLERGÈNES
Toute substance est un « allergène » potentiel, c'est-à-dire qu'elle est capable de déclencher une réaction d'allergie. Toutefois, cette aptitude dépend largement de sa nature : certaines étant de puissants allergènes et d'autres de très faibles allergènes.
LeS POLLENS
Les grains de pollen sont les éléments reproducteurs mâles des fleurs. Tous n'ont pas les mêmes propriétés allergisantes et ceux qui sont transportés par le vent (pollens anémophiles) le sont généralement plus que ceux transportés par les insectes (pollens entomophiles).
Les pollens des graminées (plantes herbacées) sont à l'origine de la plus grande partie des allergies (en particulier le rhume des foins).
FACTEURS FAVORISANTS
Divers facteurs sont susceptibles de faciliter l'apparition d'une allergie. L'hygiène, par exemple, peut y contribuer. Le lavage de la peau, parfois trop agressif, se traduit par de petites lésions autorisant la pénétration des antigènes. Chez l’enfant, la réduction des infections, virales et bactériennes, serait un terrain favorable au développement des allergies.
Le contact avec de nombreuses substances nouvelles (cas d'une alimentation diversifiée trop tôt chez l'enfant consommation de fruits et légumes exotiques...) est également cité comme facteur favorisant.
«
Les
antibiotiques représentent environ
50% des cas d'allergie
médicamenteuse.
Des molécules
comme la pénicilline, les B-lactamides,
les sulfamides, les macrolides, les
tétracyclines ou la céphalosporine sont
classiques de ce point de vue.
l'allergie
à l'aspirine est également très courante.
Parmi les autres médicaments
immunogènes, il faut citer : les
myorelaxants, des composés utilisés en
anesthésie (curares, dérivés
morphiniques, hypnotiques, substituts
de plasma ...
) ou du matériel, comme
le latex.
LES SUBSTANCES CHIMIQUES
Il existe une très grande variété de
substances susceptibles d'induire une
allergie.
Ces dernières sont de plus en
plus fréquentes dans notre société car
on synthétise sans cesse de nouvelles
molécules entrant dans la composition
des aliments, des cosmétiques, des
produits d'entretien, des bijoux, des
vêtements, etc.
Parmi ces produits allergènes, on
trouve : les sels de chrome (ciment,
cuir.
..
), le nickel (bijoux, lunettes,
boutons ...
),le formol (shampoing.
tissus, journaux ...
), l'éthylène-diamine
(cosmétiques, peintures ...
) et bien
d'autres encore.
LES DIFFÉRENTS TYPES
D'ALLERGIE
Les maladies allergiques peuvent
prendre différentes formes, mais la plus
grave reste le choc anaphylactique,
capable d'entraîner la mort en
quelques minutes par arrêt cardiaque
ou respiratoire.
LE CHOC ANAPHYLACTIQUE
Ce syndrome se développe quelques
minutes après le contact avec
l'allergène et son tableau clinique peut
toucher tous les organes.
• l'appareil respiratoire : le choc
provoque une obstruction des voies
aériennes (si forte qu'elle peut
entraîner une asphyxie), une toux, des
éternuements et une rhinite.
• l'appareil circulatoire : on peut
constater une chute brutale de la
tension (éventuellement avec perte de
connaissance), des troubles du rythme
cardiaque, voire un infarctus du
myocarde.
• La peau et les muqueuses : le choc
anaphylactique se manifeste par un
œdème (œdème de Quincke, localisé
au niveau de la face) et de fortes
démangeaisons.
• Le tractus gastro-intestinal : nausées,
vomissements, diarrhées.
SIGNES RISPIRATOIRES
Ce type de manifestation allergique, qui
touche tous les niveaux de l'arbre
respiratoire, est particulièrement
fréquent.
• La rhinite,
comparable à un rhume,
est le plus
banal
d'entre eux
et le rhume
des foins la
pathologie la plus
fréquente.
La rhinite se
manifeste
par une obstruction nasale, un
écoulement des éternuements et
des irritations.
connue.
li
par
contraction
des bronches, une inflammation locale
de la muqueuse accompagnée d'une
sécrétion de mucus.
Ses crises,
spectaculaires, sont souvent très
angoissantes pour les personnes qui en
sont victimes.
Il ne faut pas perdre de
vue que les formes les plus graves
peuvent avoir une issue fatale.
• Enfin, les alvéolites allergiques
touchent les alvéoles et sont dues à une
absorption régulière et importante de
particules allergènes.
Elles peuvent
aboutir à une fibrose pulmonaire.
SIGNES CUTANtS
• L'eczéma de contact
• l'urticaire se
manifeste par
des plaques
d'œdème de
couleur rouge au
niveau de la peau, provoquant de fortes
démangeaisons.
l'urticaire se
développe sur tout le corps et est
souvent associée à une allergie
d'origine alimentaire.
• l'œdème de Quincke est une urticaire
des couches profondes du derme qui se
traduit par un gonflement important de
la peau et des muqueuses.
Il apparaît
au niveau du visage.
• La conjonctivite allergique se
manifeste au niveau de l'œil.
On
observe alors un œdème et une
irritation de la membrane qui tapisse
l'intérieur des paupières (conjonctive).
SIGNES DIGESTIFS
Les allergies qui se manifestent au
niveau du tractus gastro-intestinal se
développent essentiellement à partir
d'allergènes alimentaires.
Les
principaux signes cliniques sont des
vomissements, des douleurs
abdominales et des diarrhées.
LE MÉCANISME DES ALLERGIES
Depuis Gell et Coombs, les mécanismes
de l'allergie sont classés en quatre
groupes.
Une réaction allergique peut
également impliquer plusieurs de ces
mécanismes simultanément
Hypersensibilité de type 1
Ty pel
d6granulaUon dea mastocytes
Cette réaction allergique, dite
immédiate, se manifeste rapidement
après quelques contacts avec
l'allergène.
Au centre de cette réaction immunitaire,
on trouve une production
d'immunoglobulines de type E par les
lymphocytes B.
Pour cette raison,
l'hypersensibilité de type 1 est dite
hypersensibilité à médiation humorale.
Lors d'un nouveau contact avec
l'antigène, les mastocytes, sensibilisés
par les IgE, vont libérer, par
dégranulation, diverses substances
comme l'histamine, qui vont déclencher
une réaction allergique aiguë.
l'hypersensibilité de type 1 est mise en
jeu dans le choc anaphylactique,
l'asthme, les conjonctivites et rhinites
allergiques.
Hypersensibilité de type Il
Type li
antigène de la
surface cellulaire
Cette réaction, qui est également mise
en jeu lors de la défense contre les
micro-organismes, aboutit à la
destruction de cellules saines de
l'organisme.
Les allergènes et les
antigènes étrangers induisent la
production d'anticorps de classe G
spécifiques.
Ces derniers activent
ensuite le complément (un système
enzymatique destructeur de cellules)
ou bien des cellules effectrices comme
les polynucléaires neutrophiles ou les
macrophages.
Les cellules effectrices
libèrent ensuite les enzymes contenues
dans leurs lysosomes pour détruire les
cellules environnantes.
l'hypersensibilité de type Il est mise en
jeu dans les cytopénies
médicamenteuses, le rejet de greffe
hyperaigu et dans la maladie
hémolytique du nouveau-né (cette
maladie se développe lorsque les
antigènes sanguins fœtaux, par
exemple le facteur Rhésus, sont
différents de ceux de la mère).
Hypersensibilité de type Ill
Cette réaction met en jeu des
complexes immuns.
Les allergènes et
les antigènes induisent la formation
d'anticorps auxquels ils vont s'associer
pour constituer des structures appelées
complexes immuns.
Ces complexes sont
très nombreux et ne sont pas
complètement éliminés par les cellules
phagocytaires.
Ils s'accumulent donc et
se déposent dans les tissus (paroi des
vaisseaux, poumons, muscles,
cerveau ...
), créant ainsi des lésions
irréversibles.
l'hypersensibilité de type Ill est mise en
jeu dans les alvéolites allergiques mais
également dans diverses maladies auto
immunes (maladie sérique, lupus
érythémateux disséminé, polyarthrite
rhumatoïde ...
) ou dans des maladies
infectieuses (lèpre, paludisme, hépatite,
fièvre hémorragique de la dengue ...
).
Hypersensibilité de type IV
Cette réaction à médiation cellulaire est
également appelée hypersensibilité
retardée.
C'est la moins bien connue
des formes d'hypersensibilité et
plusieurs mécanismes possibles
semblent conduire à son expression.
Pour cette raison, on définit plusieurs
types d'hypersensibilité de type IV
(de Jones-Mole, de contact,
granulomateuse ...
).
Les lymphocytes T
sensibilisés à un antigène sont au cœur
de ce schéma, mais ils recrutent
d'autres types cellulaires (lymphocytes
suppresseurs, monocytes,
macrophages ...
) au cours du
développement de la réaction.
l'hypersensibilité de type IV est mise en
jeu dans l'eaéma de contact, la
dermatite atopique, la réaction
antituberculinique mais également des
maladies comme la listériose, les
mycoses ou la lèpre.
TRAITEMENT DE L'ALLERGIE
Il n'existe malheureusement pas de
traitement préventif ou curatif radical
de l'allergie.
Dans la plupart des cas,
une amélioration peut être observée en
suivant une stratégie thérapeutique,
mais la disparition totale et irréversible
de toute hypersensibilité n'est pas
toujours possible.
É VICTION DE (ALLERGÈNE
Une fois que l'allergène est clairement
identifié, le patient peut mettre en
œuvre diverses stratégies pour éviter
tout nouveau contact qui ne
manquerait pas de déclencher une
autre crise.
Cette stratégie est plus ou
moins contraignante selon la nature de
la substance incriminée, et plus ou
moins fiable car il n'est pas toujours
simple de savoir si l'on va être ou non
en contact avec l'allergène.
Il est fort
possible, par exemple, d'acquérir des
boucles d'oreilles traitées contre
l'allergie, mais que le nickel déclenche
quand même une réaction.
difficile
d'éviter
contact
l'antigène;
les pollens en
fournissent un bon exemple.
Pendant la
période de pollinisation, il faudrait porter
un masque, éviter de sortir en période de
pic, ou encore partir pour une région où le
pollen est le moins présent {par exemple
en montagne ou en bord de mer).
l'allergie aux poils de chat peut se
résoudre en partie en évitant les
rencontres avec ces animaux.
Les
allergiques se voient parfois obligés de
confier la garde de leur animal favori
pour éviter la répétition des crises.
l'allergie alimentaire est a priori plus
simple à prévenir : il suffit de ne plus
manger l'aliment incriminé.
Cette
démarche, en apparence facile, est
parfois délicate car il n'est pas toujours
simple d'être bien informé de ce que l'on
a dans l'assiette.
De plus, des extraits de
l'aliment allergénique peuvent de
manière inattendue, entrer dans la
composition d'autres aliments.
Le
meilleur exemple est celui de l'arachide
(cacahouète) que l'on retrouve dans un
très grand nombre de compositions
p3tissières du commerce.
IMMUNOTHtRAPIE
La désensibilisation à un antigène est
parfois possible.
Elle donne de bons
résultats dans certains cas (pollen,
acariens, venin d'hyménoptère) mais ne
marche pas de manière systématique.
Son principe est d'Injecter par voie
systémique (orale) ou locale (sous
cutanée) un extrait standardisé, ou
éventuellement un mélange,
d'allergènes.
Le protocole d'injection se
fait en quantités croissantes, jusqu'à
déterminer la dose optimale pour le
traitement La phase d'entretien consiste
en des injections régulières, pendant
des périodes relativement longues de
plusieurs années, jusqu'à 5 ans.
Si une
amélioration se produit elle est
généralement constatée dans les
6 premiers mois de traitement.
MtDICAMENTS Plusieurs classes pharmacologiques sont
utilisées pour soigner, voire prévenir les
crises d'allergie.
• Les antihistaminiques sont
certainement les mieux connus.
Ils
s 'opposen t aux effets de la libération
d'histamine par les cellules
immunitaires (mastocytes).
Ces
médicaments sont efficaces, mais ils ont
des effets secondaires néfastes comme
la fatigue ou une baisse de la vigilance.
• La cortisone est un anti-inflammatoire
régulièrement employé dans les allergies
chroniques et invalidantes, par exemple
l'asthme.
Compte tenu de ses effets
nocifs à long terme, cette molécule doit
être utilisée avec circonspection.
• Les chromones, ou cromoglycates,
empêchent la libération d'histamine et
bloquent l'activation des cellules
immunitaires.
Ils sont souvent utilisés à
titre préventif dans le traitement de
l'asthme.
• Les B-bloquants sont utilisés pour leur
activité myorelaxante, broncho dilatatrice
et inhibitrice de la sécrétion d'histamine.
• Divers médicaments sont également
utilisés pour diminuer les symptômes
des crises allergiques : des décongestifs
pour dégager les voies nasales en cas
de rhinite, des broncho dilatateurs
(théophylline) pour les crises d'asthme..
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