Grand oral du bac : Le génome et son décryptage
Publié le 12/11/2018
Extrait du document
GÈNES ET MUTATIONS
La lecture du code génétique n'est donc pas aisée à première vue. De plus, elle est compliquée par le fait que si chaque molécule d'ADN contient des informations spécifiques déterminées par la séquence des nucléotides, seules certaines parties de l'ADN sont « codantes ». Les régions codantes, plus couramment appelées les gènes, représentent une séquence de l'ADN qui gouverne la synthèse d'une ou plusieurs protéines. Les gènes sont généralement séparés les uns des autres par des régions non codantes. On dit que le génome est morcelé. Certaines parties de l'ADN ne contiennent même parfois aucun gène. Il est difficile d'isoler les gènes sur la molécule d'ADN. Il ne semble d'ailleurs pas y avoir de règle qui régit l'arrangement des gènes les uns par rapport aux autres. On connaît néanmoins certains repères permettant de les délimiter. Mais seule l'identification précise de l'ordre de succession des nucléotides, c'est-à-dire le séquençage complet du génome, peut permettre de mener une recherche systématique des gènes. Si l'alignement des différentes bases constitue un message qui a un sens, il suffit qu'une lettre soit changée pour que le message soit erroné. On parle alors de mutation. Celle-ci peut se produire spontanément par une erreur lors des divisions cellulaires par exemple ou bien survient sous l'influence d’un agent extérieur comme les produits chimiques ou les radiations. Ces mutations peuvent être très ponctuelles.
LE GENOME OU LE PLAN DE FABRICATION DES INDIVIDUS
Le génome représente l'ensemble du patrimoine génétique d’un individu. Il révèle son appartenance à une espèce donnée mais rend aussi chaque individu unique sur le plan biologique. Il est en quelque sorte le plan de fabrication d'un individu. Des modifications, même infimes, au sein du génome sont susceptibles d'avoir des répercussions très importantes. En effet, des mutations ponctuelles au sein du génome peuvent provoquer des maladies génétiques graves telles que la mucoviscidose, ou d'autres pathologies telles que certains cancers. Depuis la deuxième moitié du xir siècle, les avancées de la génétique et de la biologie moléculaire ont petit à petit permis de déterminer quel est le support de l’information génétique et de mieux comprendre comment sont codés et transmis les caractères génétiques héréditaires. Mais le génome n'a pas encore révélé tous ses secrets.
UNE INFORMATION CODÉE PAR QUATRE LETTRES
L'ADN : le support de l'information GÉNÉTIQUE
Notre organisme est constitué d'environ cent mille milliards de cellules qui contiennent chacune une copie du génome. Chaque cellule d'un individu contient ainsi l'ensemble du patrimoine génétique de celui-ci. Lorsque les cellules se divisent, le génome est copié (répliqué) afin que chaque cellule « fille » conserve la totalité de l'information génétique. Cette réplication se fait avec la plus grande fidélité afin que l'information génétique soit conservée. Il arrive néanmoins que des erreurs se glissent dans la copie du génome. L'information génétique est portée par une molécule : l'ADN (Acide DésoxyriboNudéique). L'ADN est le support universel de l'information génétique puisqu'il est le même chez toutes les espèces d'êtres vivants de l'homme à la bactérie en passant par les plantes. Chez l'homme, l'ADN réside dans un compartiment particulier de la cellule que l’on nomme le noyau.
«
LE
GtNoscoPE D'Evav
la contribution française a été assurée
par le Génoscope d'Evry.
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Sous la direction des Professeurs
Weissenbach et Auffray, la part du
travail que devait réaliser le Génoscope
consistait dans le séquençage complet
du chromosome 14 (long de 87 millions
de nucléotides) et dans l'inventaire des
gènes qu'il contient Financé par le
ministère de la Recherche mais
également par I'AFM (Association
Française contre les Myopathies) et le
Téléthon à hauteur de 10 millions
d'euros, le Génoscope bénéficie de
matériel d'analyse automatique de
pointe.
En effet les neuf séquenceurs
automatiques du Génoscope
permettent de réaliser 14000 lectures
de 800 nucléotides par jour soit
11 millions de nucléotides par jour.
Reste après cela à déterminer la
position des gènes.
la stratégie que le
Génoscope a choisi consistait dans un
premier temps à fragmenter le
chromosomes en longs fragments
d'ADN (50000 à 200 000 nucléotides)
avec des sites de coupures variables
afin d'obtenir des fragments
chevauchants.
les différents fragments
ont été ordonnés tout en déterminant
leur séquence afin d'éviter les
redondances.
Ceci permettait en outre
qu'il n'y ait pas de "trous » dans la
séquence du chromosome.
les gènes
du chromosomes 14 ont ensuite été
annotés.
Pour cela, les chercheurs du
Génoscope ont tiré parti de leur
expertise en génomique comparative.
En effet les gènes chez l'homme sont
communs aux gènes d'autres vertébrés
et la comparaison avec le génome de
ces autres espèces peut permettre
d'identifier la structure de ces gènes.
Ainsi, les chercheurs se sont basés sur
la séquence du génome de la souris et
celui du poisson TetrDodon
nigroviridis.
séquencé par le
Génoscope, pour annoter les gènes sur
le chromosomes 14.
le 6 février 2003,
après cinq années d'effort, la séquence
complète du chromosome 14, soit
l'enchaînement exact des 87 410 661
nucléotides, a été publiée dans la très
prestigieuse revue britannique Nature.
C'est le quatrième chromosome
humain dont la séquence a été identifié
après les chromosomes 21, 22 et 20 de
plus petite taille.
Mais, surtout il est le
premier publié sans « trous » rèsiduels
dans la séquence.
Aux 506 gènes déjà
connus sur le chromosomes 14, le
travail du Génoscope a permis d'en
ajouter 344.
Dans cet ensemble figurent
60 gènes impliqués dans des maladies
génétiques.
On trouve notamment le
gène impliqué dans une forme familiale
à déclenchement précoce de maladie
d'Alzheimer.
la détermination de la séquence
complète du chromosome 14
facilite énormément l'identification de
gène.
Ainsi, six gènes impliqués dans
des maladies génétiques ont pu être
identifiès par diverses équipes et
notamment le gène d'une forme de
paraplégie spastique familiale.
RtsuLTATS
lancé en 1990, le Projet Génome
Humain devait selon les prévisions
s'achever fin 2005 pour un coût total de
3 milliards de dollars.
Grace à la
coopération internationale et à des
outils informatiques performants, le
projet a pu s'achever avec 2 ans
d'avance en avril 2003 soit 50 ans tout
juste après la découverte de la structure
en double hélice de l'ADN.
li aura
finalement coûté 2,7 milliards de
dollars.
Chez l'homme, le nombre de gènes
humains faisait depuis longtemps
l'objet d'évaluations plus ou moins
directes.
Or, le projet Génome Humain
a révélé sur 3 milliards de nucléotides
l'existence de 30 000 gènes seulement !
les gènes chez l'homme occupent donc
moins de 30% de l'ADN.
le nombre de
gènes est bien inférieur aux prévisions
qui avaient été faites (le chiffre de
100 000 gènes était souvent avancé et
communément accepté).
Cette annonce
fut d'autant plus surprenante que l'on
s'est rendu compte que le génome
humain présentait à peine plus de deux
fois plus de gènes
que celui de la
mouche du vinaigre
(DrosophiiD
MeiDnogDstei}
qui compte 8
chromosomes et
moins que celui du
riz (50 000 gènes)
ou de nombreuses autres plantes!
le séquençage du génome va
probablement avoir des répercussions
importantes sur la recherche des gènes
impliqués dans les maladies
génétiques.
la connaissance de ces
gènes va faciliter la compréhension des
mécanismes moléculaires de ces
maladies.
Néanmoins, la détermination
du nombre de gènes chez l'homme
était une première étape, il reste encore
à déterminer la fonction de tous ces
gènes et ce travail s'avère considérable.
Pour la plupart de ces gènes, on ne sait
pas quelle protéine ils codent et à quel
moment et dans quel tissu ils sont
exprimés (d'autant plus que certains
gènes sont sous le contrôle d'autres
gènes qui codent pour des protéines
régulatrices).
L'INTÉRÊT DU DÉCRYPTAGE
DU GÉNOME
les avancées de la génétique et de la
biologie moléculaire ont permis de faire
de grands progrès dans l'identification
des gènes impliqués dans les maladies
génétiques.
Actuellement, plus de 1 400
gènes impliquès dans des maladies
génétiques ont été identifiés.
Il faut
néanmoins noter qu'il reste bon
nombre de maladies génétiques dont le
ou les gènes responsables restent
inconnus.
la localisation et
l'identification du ou des gènes
impliqués dans une maladie ont permis
de développer des tests de dépistage de
ces maladies génétiques.
DtPISTAGE
DE MALADIES
Dans le cas d'une famille à risque chez
qui les parents sont porteurs d'une
mutation ou chez qui le premier né est
lll.liii��� malade,
ces tests
peuvent être
étendus au
diagnostic
prénatal ou
préimplantatoire (lors de procé
dures de pro
création médica
lement assistée).
Des tests sont
également réalisés de façon plus
systématique chez toute femme
enceinte de plus de 38 ans qui présente
un risque plus élevé que la moyenne
d'engendrer une anomalie
chromosomique.
On peut aujourd'hui
ainsi diagnostiquer plus de 300
maladies génétiques.
LA THt RAPIE GtNIQUE
le développement du génie génétique
offre également des perspectives
intéressantes sur le plan thérapeutique.
En particulier, l'un des grands espoirs
de soigner les maladies génétiques
réside dans la thérapie génique.
la
stratégie consiste à introduire à l'aide
d'un vecteur un gène " thérapeutique »
au sein des cellules malades pour
pallier ou corriger le déficit génétique.
Il est ainsi possible d'envisager de
corriger un défaut à l'origine d'une
maladie génétique en introduisant la
version correcte d'un gène ou en
modulant la synthèse d'une protéine,
en tuant spécifiquement certaines
cellules (notamment
les cellules cancé
reuses) ou en
stimulant les
défenses immu
nitaires.
Il est ainsi
envisageable d'agir
à l'origine de la
maladie génétique.
Si la théorie semble simple, la mise est
pratique est quant à elle beaucoup plus
délicate.
Actuellement, plus de 400
essais cliniques de thérapies géniques
sont menés dans le monde dont 15%
concernent les maladies génétiques.
les maladies accessibles à la thérapie
génique sont celles dont on connaît
l'origine génétique précise et dans
l'état actuel des connaissances, celles
qui n'implique qu'un seul gène
(mucoviscidose, myopathie,
hémophilie ...
).11 faut néanmoins
admettre que jusqu'à maintenant peu
de ces essais ont été couronnés de
succès.
À l'hôpital Necker, à Paris, des
résultats très encourageants ont bien
été obtenus sur des bébés atteints du
syndrome d'immunodéficience sévère,
déficit immunitaire gravissime, mais
l'apparition d'effets indésirés a conduit
à l'interruption de l'essai en cours.
SYNTHtsE DE PROTtlNES
t:une des autres applications des
techniques de génie génétique qui
présentent un grand intérêt sur le plan
médical consiste en la synthèse de
protéine.
!:insuline fut la première
protéine obtenue par les techniques de
génie génétique et commercialisée.
! :insuline est une hormone produite par
le pancréas et qui fait défaut dans les
diabètes dits insulino-dépendants.
! :insuline doit alors être administrée
aux patients diabétiques par voie exogène.
Dans un premier temps, de
l'insuline d'origine bovine ou porcine,
très proche de l'insuline humaine,
pouvait être
utilisée.
l'identi
fication du gène
de l'insuline
humaine et les
progrès du génie
génétique per
mettent main
tenant de produire de grandes
quantités d'insuline humaine.
la
technique consiste à insérer le gène
humain de l'insuline au sein du
génome de bactéries et ainsi de faire
produire l'insuline humaine par ces
bactéries (génétiquement)
transformées.
Cette technique est
également utilisée pour la synthèse de
l'hormone de croissance qui est
administrée chez l'enfant dans les cas
de déficits de croissance.
Cette
hormone ainsi synthétisée a remplacé
l'hormone de croissance qui était
jusqu'alors prélevée post-mortem chez
l'homme, technique qui pouvait
transmettre des maladies telles que la
maladie de Creutzfeld-Jakob.
APPL ICATIONS BASÉES SUR
LE POLYMORPHISME DE L'ADN
la plus grande partie du génome
humain (plus de 70%} est non codante.
la fonction précise de ces régions est
très peu connue.
les régions non
codantes du génome peuvent
néanmoins être exploitées.
En effet,
dans les parties non codantes de l'ADN,
il existe des régions très répétées.
Ces
régions sont constituées d'une
séquence de quelques nucléotides qui
sont répétées des dizaines voire des
centaines de fois.
Contrairement aux
régions codantes de l'ADN qui sont
généralement très semblables d'un
individu à l'autre (car elles codent pour
des protéines proches ou identiques),
les régions non codantes de l'ADN sont
quant à elles beaucoup plus variables.
En effet le nombre de répétitions de
ces séquences peut énormément varier
d'un individu à un autre.
On parle alors
de polymorphisme de l'ADN.
Si l'on
considère un grand nombre de ces
régions très répétées, le poly
morphisme de l'ADN constitue une
véritable carte d'identité des individus.
On parle généralement d'empreinte
génétique ou de profil génétique.
C'est
à partir de l'étude
du polymorphisme
de l'ADN que l'on
peut identifier les
individus.
les
applications se
situent principa
lement dans le
domaine judiciaire
puisque l'utilisation des empreintes
génétiques constitue maintenant un
argument irréprochable pour
confondre un criminel.
Dans tous les
cas, l'Identification ne peut se faire que
par comparaison entre deux profils
génétiques.
Un profil génétique est
établi à partir de traces laissées par
exemple sur le lieu d'un crime en
extrayant l'ADN de cheveux, de cellules
de peau ou sperme et comparé au
profil génétique d'un suspect.
les
empreintes génétiques sont également
utilisées pour identifier des cadavres.
Dans
ce cas, on peut utiliser des
cheveux laissés sur une brosse par la
victime supposée ou
bien comparer le
profil génétique du
cadavre à celui des
parents de la victime
supposée.
Dans un
autre registre, les
empreintes géné
tiques sont utilisées
dans les tests de paternité.
le profil
génétique de l'enfant est comparé à
celui de sa mère (pour laquelle il n'y a
pas d'ambiguné sur son lien de
parenté) et à celui de son père
supposé.
DECRYPTAGE DU GENOME
ET BREVETABIUTt DU VIVANT
Si le décryptage du génome humain
promet de grands progrès en terme de
santé humaine, à ces progrès
s'adjoignent des enjeux économiques
considérables.
l'idée de déposer des
brevets sur certaines séquences d'ADN
décryptées ou certaines mutations
identifiées n'a pas échappé à certains.
Cela a été le cas pour une société
américaine ayant déposé un brevet sur
une mutation impliquée dans une
forme familiale de cancer du sein.
Cette
société revendique les droits sur tous
les tests de dépistage de cette maladie.
les chercheurs de Projet Génome
Humain ont été confrontés à
l'importance qui pouvait être donnée
au profit commercial.
la communauté
internationale des chercheurs impliqués
dans ce projet reconnut la nécessité de
laisser dans le domaine public les
informations sur le génome humain.
Elle décida ainsi de rendre publiques et
accessib les à tous toutes les séquences
dès leur identification.
En France, le
Comité consultatif national d'éthique
s'est prononcé en 1999 sur le principe
intangible de non-commercialisation du
corps humain et sur le fait que
l'ensemble de l'information contenue
dans le génome humain appartient au
patrimoine commun de l'humani té et
ne peut faire l'objet d'un monopole.
La
plupart des comités d'éthique, de
chercheurs et de législateurs se
penchant sur le sujet s'accordent à cette
idée.
Néanmoins, il persiste des
incertitudes concernant la définition des
limites du brevetable : le corps humain
n'est pas brevetable mais qu'en est-il de
ses produits? D'autre part des
difficultès importantes sont causées par
les différentes positions des acteurs
internationaux concernant la protection
de l'information biologique.
En effet les
critères de brevetabilité ne sont
actuellement définis qu'à l'échelle
nationale et donc applicables
uniquement dans le pays où le brevet a
été déposé.
Sur le plan international,
les critères de brevetabilité des États
Unis et ceux de l'Europe s'opposent
car, s'ils sont identiques dans les textes,
leur interprétation par les organismes
attribuant les brevets est différente.
les problèmes bioéthiques persisteront
tant que les comités d'éthique
nationaux n'auront pas pris position en
la matière.
De plus, dans le contexte
actuel de mondialisation des
recherches et des échanges
commerciaux, une harmonisation
s'avère nécessaire..
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