Grand oral du bac : L'éradication des maladies
Publié le 15/11/2018
Extrait du document
Histoire de la variole
La variole est une très ancienne maladie, présente en Afrique et en Asie bien avant notre ère. Elle était considérée comme la sixième plaie d'Égypte et a coûté, entre autres, la vie à
Ramsès V. Elle est apparue en Europe vers 572 à la faveur du siège de La Mecque et fera des ravages jusqu'au xxe siècle. Au cours des XVe et xvie siècles, les pays d'Europe (Portugal et Espagne en tête) partent à la conquête du Nouveau Monde. Les soldats et les marins emportent avec eux le germe de la maladie qui décime les populations et précipite
LA LUTTE CONTRE LE MAL
Au sens étymologique, éradication signifie élimination totale. L'éradication des maladies est un vieux rêve de l'homme : vivre dans un monde débarrassé de toute maladie ! Force est de constater que cet objectif est encore loin d'être atteint. Il ne le sera peut-être jamais car de nouvelles maladies apparaissent sans cesse et les microbes ne sont pas de nature à se rendre sans combattre.
INVASION ET DISSÉMINATION DES MICROBES
Comme toutes les autres espèces vivantes, les espèces bactériennes
ou virales sont apparues au cours du temps en des points bien spécifiques du globe. Elles ont alors naturellement infecté les hommes se trouvant dans leur environnement immédiat ou relativement proche géographiquement du fait des processus de contagion. Au tout début des temps préhistoriques et même historiques, les déplacements humains étaient peu importants ou relativement circonscrits. Nombre de maladies étaient alors des sortes de « spécialités locales ». Mais avec le temps et le développement des échanges entre sociétés humaines, les microbes ont peu à peu gagné de nouveaux terrains de nuisance.
L'exploration des continents, les conquêtes de territoires, les échanges commerciaux ont été autant d’événements propices à une dissémination toujours plus grande des germes pathogènes et de leurs maladies.
La découverte du continent américain est particulièrement illustrative à cet égard. Les conquistadors ont apporté sur ces terres inexplorées des Européens nombre de maladies mortelles
comme la variole, la rougeole ou la scarlatine ; des maladies jusqu'alors inconnues des Indiens. Ces maladies ont provoqué
de tels ravages que la conquête en a été largement facilitée, et la tâche des conquistadors s'est parfois
limitée à achever les malades et pourchasser les quelques survivants. Autre exemple : la maladie du sommeil, véhiculée par la célèbre mouche tsé-tsé Cette maladie, qui
sévit depuis très longtemps en Afrique, était circonscrite à des régions bien déterminées. Mais le développement des colonies, la construction de routes, de chemins et de voies qui ont facilité la circulation des biens et des personnes (en particulier celle des forces armées) ont permis son expansion à une grande partie de l'Afrique.
Cette circulation humaine est bien plus importante encore de nos jours. Elle est même une des principales caractéristiques de notre monde moderne. Ceci constitue malheureusement un facteur extrêmement favorable à la dissémination rapide des germes et des maladies. Une épidémie qui se déclare dans une région isolée peut, en quelques jours ou en quelques semaines, se retrouver à l'extrémité d'un autre continent. Pour cette raison, les épidémies qui autrefois progressaient lentement au travers des territoires, peuvent aujourd'hui se transformer en véritables pandémies. Si la mondialisation est à l'ordre du jour en économie et en politique, elle l'est aussi indubitablement pour les maladies et les germes pathogènes.
La rapide dispersion du virus du sida, le grand retour de la
tuberculose, la menace grandissante de la grippe, les menaces d'attaques terroristes à l'arme biologique, l'émergence d’un nouveau germe à partir d'un foyer très localisé, sont quelques illustrations de ce phénomène.
Plus que jamais, la santé de chacun est l’affaire de tous, compte tenu des risques. Les programmes mondiaux de lutte et d'éradication des maladies prennent donc un sens encore plus fort que par le passé et leur raison d'être ne se limite plus à une vocation humanitaire sous forme d'aide aux plus défavorisés.
LA SURVEILLANCE DES MICROBES
Avec l'augmentation des échanges et de la circulation des personnes entre les pays, des germes pathogènes peuvent, encore plus facilement que par le passé, être rapidement diffusés au niveau mondial. C'est pourquoi une épidémie émergente, même située dans une région reculée, doit faire l'objet d’une surveillance sans faille. Il serait très dangereux, voire même désastreux, qu'un pays, pour des raisons politiques ou économiques, dissimule au reste du monde l'apparition d'une épidémie sur son territoire ou en minimise volontairement l'importance. La transparence de l'information, sa fiabilité et la rapidité à laquelle elle est communiquée, sont devenues des enjeux d'une importance capitale. Par vocation et par compétence, l'OMS (Organisation mondiale pour la santé) est le coordinateur dans la lutte contre les maladies infectieuses susceptibles de menacer la santé publique au niveau international. D’ailleurs, l’assemblée mondiale de la santé a adopté, en mai 2003, une résolution concernant le règlement sanitaire international qui le conforte dans ce rôle.
Reste, que l'efficacité de son action, tant pour le contrôle des épidémies que pour l'éradication des maladies, dépend très directement de la bonne volonté des états et tous n'ont pas encore pris conscience de l'importance de leur rôle. En France, l'institut de veille sanitaire (InVS) est un établissement national de santé publique chargé de surveiller en permanence l'état de santé de la population. Placé sous la tutelle du ministre de la Santé, il a été créé par la loi du 1er juillet 1998. Il met en œuvre et coordonne des missions de surveillance et d'investigation épidémiologiques. En fonction du résultat de ses enquêtes, il évalue les risques pour la santé publique et, au besoin, alerte les pouvoirs publics. Son attention porte sur l'évolution des maladies infectieuses, mais également sur les effets de l'environnement sur la santé et les risques d'origine professionnelle (développement de maladies professionnelles, par exemple). L'InVS est donc en première ligne pour soutenir toutes les démarches de l'OMS dans son programme d'éradication des maladies.
«
la
fin de grandes civilisations.
la vaccination « à l'européenne » est
mise au point par Jenner en 1796 à
partir de la variole de la vache
(immunisation croisée).
Pendant tout le
XtX' siècle, la vache sert de réservoir
naturel de vaccin antivariolique.
les
Chinois pratiquaient déjà depuis
plusieurs siècles une forme de
vaccination en recourant à des
inhalations de croûtes de plaies
varioliques séchées et pilées.
Cette
méthode importée en Europe au début
du XVIII' siècle par lady Mary Montague,
la femme de l'ambassadeur de Grande
Bretagne à Constantinople, n'a guère
connu de succès.
Avant la vaccination, les poussées
épidémiques sont périodiques et
surviennent régulièrement tous les
10 ans, entraînant dans leur sillon
10000 à 20000 décès, dont 20% sont
des nouveaux-nés.
LE SUCCÈS
En 1953, l'OMS décide donc de
l'éradication de la variole, cette maladie
virale et mortelle, qui recouvre le corps
de pustules et provoque des cécités
irréversibles.
Elle estime qu'il suffit
d'aboutir à un taux de vaccination
voisin de 80 à 85% au niveau mondial
pour qu'elle disparaisse.
Un
gigantesque programme de vaccination
est alors mis en place.
À la fin des années 60, les médecins de
l'OMS ne peuvent que constater l'échec
du programme.
Après analyse de cette
déconvenue, il s'est avéré que des
populations inaccessibles avaient
échappé à la vaccination et qu'elles
participaient, bien involontairement à
la résurgence des épidémies.
la
stratégie de vaccination a donc été
modifiée en conséquence : au lieu de
vacciner le plus grand nombre
aveuglément, la campagne s'est
orientée vers une voccination ciblée,
visant en priorité les régions où des cas
de variole étaient signalés.
la
population était aussi encouragée,
financièrement au besoin, à identifier et
à « dénoncer» les personnes atteintes
de variole pour qu'elles soient prises en
charge et que leur voisinage soit
vacciné.
En moins de 20 ans, la
campagne porte ses fruits et le dernier
cas de variole est signalé en Somalie en
1977.
En 1979, l'OMS annonce
l'éradication officielle de la variole.
Ce
succès est remporté grace à un très
vieux vaccin issu de la vache -lequel a
été abandonné depuis car susceptible
de provoquer de graves encéphalit es.
Un nouveau vaccin, plus fiable mais
beaucoup plus cher, est maintenant
disponible.
Forte de ce premier succès,
l'OMS a décidé de poursuivre la lutte en
inscrivant d'autres maladies à son
programme d'éradication.
UN CHOIX DtFAVORABLE
Malheureusement, la stratégie
d'éradication utilisée pour la variole n'a
pas connu le même succès avec les
autres maladies.
De même, elle n'a pas
toujours été applicable.
En effet, la
variole possède un ensemble de
caractères favorables à l'éradication,
que l'on ne retrouve pas toujours dans
les autres maladies.
la variole est facile
à diagnostiquer grace à ses pustules.
Du fait de cette visibilité, c'est une
maladie connue et reconnue dans
toutes les cultures (elle possède un mot
pour la nommer, des divinités lui sont
consacrées, etc.).
Avec un minimum
d'information, les populations locales
sont donc capables de reconnaître
elles-mêmes la maladie et d'alerter les
autorités sanitaires.
le virus de lo
voriole est
fortement immu
nogène, le vaccin
peut donc être
très efficace et
l'on disposait
déjà d'un vaccin
bon marché.
la
maladie est
strictement humaine pour laquelle il
n'existe pas de réservoir animal ; le
virus ne risque donc pas de se
dissimuler dans un réservoir
inaccessible ou difficilement contrôlable
à partir duquel reviendraient les
épidémies.
PALUDISME
la tentative d'éradication de cette
maladie, qui tue encore 2 millions
d'enfants chaque année, a été un échec
cuisant le cas était d'origine plus
complexe que celui de la variole.
En
effet le
paludisme
est provo
qué par un
micro-
organisme,
l e plosmo
dium,
transmis par une piqûre de moustique
(le réservoir).
Il fallait donc lutter contre
le plasmodium mais aussi contre le
moustique.
Contre le premier, la
quinine s'est révélée très efficace mais
a peu à peu été remplacée par des
antipaludéens de synthèse
(Chloroquine, Nivaquine, Savarine ...
).
les seconds ont été pourchassés à coup
de grandes pulvérisations de DDT.
le
succès a d'abord été au rendez-vous, et
plusieurs pays ont obtenu leur certificat
d'éradication du paludisme après
contrôle par les experts de l'OMS.
Mais
des problèmes inattendus sont
survenus.
les moustiques sont
devenus résistants au DDT et l'emploi de
cette substance, particulièrement
toxique, s'est révélé néfaste pour
l'environnement et l'homme.
Bien plus,
un bon tiers des souches de
plasmodium sont devenues résistantes
aux antipaludéens.
Pour couronner le
tout le plasmodium possède des
caractères adaptatifs tels que la mise au
point d'un vaccin efficace et durable est
extrêmement difficile.
l'OMS a donc abandonné l'idée d'une
éradication du paludisme, pour
s'orienter vers un simple contrôle de la
maladie.
Objectif qu'elle ne semble
même plus pouvoir tenir maintenant.
fiLAIRE DE MtDINE
Avec celle de la variole, l'éradication de
la filaire de Médine, ou dracunculose,
est le second des deux succès en
matière d'éradication mondiale.
la
filaire est un ver exotique (Dracunculus
medinensis), appelé également ver de
Guinée, originaire de la péninsule
arabique, qui se développe dans le
corps humain et pond par un orifice de
la peau au niveau des membres
inférieurs lorsqu'il mesure près d'un
mètre de long.
Son traitement par les
populations locales est assez
spectaculaire : il consiste à enrouler le
ver sur une baguette sans le briser,
lorsqu'il se prépare à pondre.
les plaies
qu'il occasionne entraînent des
surinfections, des souffrances
supportables et non mortelles
longtemps négligées par la médecine.
les vers, dont les embryons se
développent dans un crustacé, infectent
l'homme lors d'une baignade ou de la
collecte de l'eau.
l'OMS a débuté son programme en
1985.
En l'absence de réservoir animal
(les embryons ne survivent que
quelques jours dans le crustacé),
l'éradication a été possible en
aménageant les points de collecte de
l'eau (impossibilité de pénétrer dans
l'eau) et des mesures sanitaires comme
la filtration des eaux de boisson.
Des
campagnes d'informations ont été
lancées et les populations ont été
sensibilisées (distribution gratuite de
tee-shirts expliquant le cycle du ver ...
).
Depuis le début du programme, le
nombre de personnes infectées par
le ver a baissé de 98% ; l'éradication
totale et définitive est donc à portée
de main
POUOMYtUTE
la poliomyélite est due à un virus qui
provoque une destruction de centres
nerveux entraînant une paralysie plus
ou moins grave.
Avant les années 50,
des vagues épidémiques, survenant en
période estivale, affectent fortement les
pays riches, touchant essentiellement
les enfants de 6 ou 7 ans.
Dans les pays
pauvres, où les
conditions
sanitaires sont
moins
développées, les enfants sont
en contact avec
le virus dès
leur plus jeune
age et les
conséquences de la maladie sont
beaucoup moins graves.
l'éradication de la poliomyélite a
commencé dans les années 50 aux
États-Unis.
la participation de la
population dans la lutte contre ce fléau a
été très forte car elle touchait toutes
les classes sociales.
le président
Fronklin Delono Roosevelt, lui
même paralysé à
cause de cette
maladie à l'âge de
39 ans, a
largement
soutenu cette
campagne.
les
fonds nécessaires
à la fabrication
d'un vaccin ont été réunis.
Ce premier
vaccin était issu d'un virus inactivé et
administré par injection.
Dès 1954, la
vaccination fait reculer le fléau ;
l'éradication est en marche.
Un autre
vaccin (élaboré à partir d'un virus
vivant atténué), pris sur un sucre,
apparaît ensuite.
Bon marché, stable,
facile à administrer, il a connu un grand
succès et l'opération s'est poursuivie
dans de nombreux pays.
la vaccination
contre la poliomyélite est devenue
obligatoire en France en 1964.
la campagne d'éradication mondiale a
été lancée en 1988 par l'OMS et le
nombre de cas de poliomyélite a
grandement régressé.
Malheureusement on sait à présent
que ce vaccin ne permettra pas une
éradication totale.
En effet le virus qu'il
contient, atténué mais vivant, peut
encore se répliquer et circuler dans la
population.
l'extinction souhaitée n'a
donc pas pu se produire.
le virus du
vaccin peut encore provoquer des
paralysies bénignes, voire même
affecter gravement les personnes
immunodéprimées.
Bien plus, lorsqu'il
est présent au niveau de l'intestin, il
peut se recombiner avec d'autres virus
et redonner naissance à un virus intact.
le vaccin actuel n'est donc pas
totalement sûr et l'éradication définitive
ne pourra être envisagée qu'avec
l'apparition d'un vaccin plus
performant.
LES NOUV ELLES MALADIES
l'éradication des maladies
ressemblerait-elle à ce tonneau des
Danaïdes qui se remplissait à mesure
qu'on le vidait? On peut légitimement
se poser la question car si l'on observe
le recul d'un grand nombre de
maladies et la disparition quasi
complète de certaines d'entre elles,
d'autres totalement inconnues
jusqu'alors font leur apparition sur le
devant de la scène.
D E LA CIVETTE À LA VACHE
Au début des années 1986, les premiers
cas d'encéphalopathie spongiforme
bovine sont détectés et l'épizootie de
maladie de la vache folle débute.
Près
d'une dizaine d'années plus tard, on
soupçonne une transmission possible à
l'homme par consommation de viande
bovine contaminée.
la uise de lo
ICI
__
,.,_,_ a
��
Y fi
v voche
folle est
alors à son
paroxysme.
En
1996, les
premiers cas
humains sont
détectés et la
maladie se
présente sous la ., ____ ..
forme d'une
variante de la maladie de Creutzfeld
Jacob.
Des modèles prévisionnels sont alors
élaborés à partir du peu de
données disponibles pour prévoir
l'évolution de l'épidémie.
Les résultats
font état d'un nombre de cas variant
de 70000 à 140000 ! Autant dire, que
personne ne sait qu'elle sera la gravité
de l'épidémie.
En 2003, c'est une civette (Viverro
civetto) qui est l'origine d'une nouvelle
maladie humaine : le SRAS
(pneumopathie atypique ou syndrome
respirato ire aigu sévère).
Ce syndrome,
provoqué par un coronavirus, est
apparu de manière épidémique en
Chine, puis a entraîné la contamination
de plusieurs milliers de personnes
réparties dans 32 pays à travers le
monde.
le bilan final est voisin de 900
morts.
la Chine a été, et de loin, le pays
le plus le touché par cette épidémie.
Fait relativement nouveau, le SRAS a
très rapidement entraîné une
collaboration internationale entre les
laboratoires de recherche et entre les
autorités locales.
En quelques mois, le
virus a été identifié, son génome a été
séquencé et des tests diagnostics ont
été proposés.
Si l'épidémie de 2003
a été maîtrisée, quelques cas de SRAS
ont encore été signalés au cours de
l'année 2004.
NOUVELLE VAGUE •••
la maladie de la vache folle et le SRAS
ne sont pas, et de loin, les seules
maladies récemment apparues et avec
lesquelles il faudra désormais compter.
• Dans les années 50, par exemple, le
typhus noir est apparu en Bolivie suite
à une invasion de rats.
Il a ensuite été
transmis au Mexique et aux États-Unis.
•le virus
E bolo est
apparu au Zaïre,
puis au Soudan
vers 1976.11
provoque une
fièvre hémorra-
gique particu
lièrement sévère
qui entraîne le
décès des personnes affectées en
quelques jours.
• la maladie de Chagas, provoquée par
un parasite, a fait son entrée dans les
villes d'Amérique latine au cours des
années 80.11 n'existe encore aucun
traitement contre cette maladie
devenue endémique.
• Des chercheurs européens prévoient
l'arrivée du virus de la fièvre du Nil
occidental en Europe sous l'effet du
réchauffement climatique.
Bien d'autres
agents pathogènes pourraient suivre le
mouvement.
• les spécialistes sont également très
inquiets de l'augmentation du nombre
de zoonoses, des maladies
transmissibles de l'animal à l'homme.
Pour une raison inconnue, certains
germes peuvent soudainement sauter
la barrière naturelle entre espèces et
infecter l'homme.
C'est ce qui s'est
passé avec le virus du sida ou celui de
la grippe aviaire.
Ce scénario
catastrophe est malheureusement à
craindre pour bien des zoonoses..
»
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