Le mythe égyptien d'Hélène

« Si le problème de la culpabilité d'Hélène a suscité un tel débat, c'est qu'il renvoyait à un paradoxe difficilement ex­ plicable : comment l'Hélè ­ ne tentatrice et responsable de tant de malheurs pouvait­ elle en même temps avoir été divinisée et être devenue une déesse immortelle, vénérée dans de nombreux temples ? Chez Homère, puis chez tous les autres écrivains, il existe en effet deux Hélène : la pre ­ mière , légère et coupable, est - --- L.« HÉLÈNE» o·EURIPIDE.

UNE PIÈCE PACIFIQUE Si, dans Hélène, Euripide a utilisé le motif du fantôme de la Tyndaride, ce n'est certainement pas parce qu'il aurait subitement été convaincu par cette version, ni même d'ailleurs de l'innocence de la belle Lacédémonienne, envers laquelle le reste de son œuvre n'est généralement pas tendre.

C'est qu'Euripide voulait faire passer une idée valant bien qu'il sacrifiât, pour un temps, son antipathie pour Hélène : celle de démontrer la grande vanité de ce type de conflit ravageur, la guerre de Troie, mais aussi et surtout celle du Péloponnèse, qui opposait Athènes à Sparte et dont il était le témoin.

L'Égypte et son lien avec Hélène ont donc servi de toile de fond à une pièce pacifiste .

la cause de la guerre de Troie, alors que la deuxième n'appartient déjà plus au monde des humains, c'est l'Hélène pure, divinisée, im ­ mortelle de L '//iade .

Hélène et l'Égypte D éjà chez Homère, nous pouvons constater un lien entre l'Égypte et l'Hélène immortelle, dont toutes les caractéristiques de la person­ nalité divine apparaissent liées au pays du Nil.

Plus en­ core, la transformation et les caractères divins attribués à Hélène ne semblent possibles que du fait de son séjour en Égypte.

Si Hélène était déjà associée à l 'Égy pte au temps d'Homère, un pas décisif est encore fran­ chi avec la Palinodie de Sté ­ chichore, poète lyrique qui vécut de la fin du VW au mil­ mieu du VI• siècle.

Selon la lé­ gende rapportée par Platon et Pausanias, Stésichore au­ rait entrepris la réhabilitation de la Lacédémonienne car il avait été « privé de la vue pour avoir médit d'Hélène » (Platon, Phèdre , 243) .

A cette fin, le poète a utilisé la fiction d'un eidolôn, un fantôme qui serait parti pour Troie au côté. »