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Vernant Synthèse

Publié le 28/10/2012

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Synthèse du livre de J.P. Vernant, Les origines de la pensée grecque, P.U.F., réédition 2009 (1ère édition 1962) Remarques : il faudrait compléter cette approche par une chronologie des faits évoqués et une synthèse courte sur les « physiciens « de l'école de Milet. je donne parfois mon avis (écriture en italiques, les autres italiques étant réservées aux termes grecs) Préface de la nouvelle édition : Cette préface adopte une démarche critique consistant à reprendre les théories formulées dans un ouvrage antérieur et à les revisiter à la lumière des nouvelles découvertes et de la maturation de sa propre pensée). But de l'ouvrage : dégager les origines de la pensée grecque, brosser le tableau des mutations intellectuelles entre le XIIe s. av. notre ère (effondrement des royaumes mycéniens) et le Ve s. (épanouissement d'une cité comme Athènes) ; 700 ans sans source graphique. Texte sous la forme d'un essai pour retracer une évolution qui, de la royauté mycénienne à la cité démocratique a marqué le déclin du mythe et l'avènement de savoirs rationnels. Problématique générale : Quelle est l'origine de la pensée rationnelle en Occident ? Trois traits principaux visibles au début du VIe s., dans la colonie grecque de Milet (Asie Mineure) pour marquer le début de la philosophie et de la science grecques : constitution d'un domaine de pensée extérieur et étranger à la religion : explications profanes sur la genèse du cosmos et les phénomènes naturels, indépendantes des récits sacrés des poètes « théologiens « comme Hésiode. l'ordre cosmogonique repose sur une loi immanente à l'univers, une loi de répartition (nomos), un ordre égalitaire indépendant de la puissance d'un dieu souverain. pensée à caractère « géométrique « ; le monde physique est un cadre spatial fait de relations réciproques, symétriques, réversibles. Ces trois traits définissent la rationalité grecque, apport neuf et original par rapport aux civilisations du Proche-Orient. Recherche des conditions qui ont conduit la Grèce de la civilisation palatiale mycénienne, proche des royaumes orientaux à l'univers social et spirituel de la polis. Conséquences : changements de mentalité, autre horizon intellectuel (la tradition n'est plus une vérité immuable), nouvel espace centré sur l'agora, promotion de la parole comme arme politique pour la suprématie dans l'Etat, substitution des anciens rapports hiérarchiques de domination et de soumission d'un nouveau type de lien social fondé sur la symétrie, la réversibilité, la réciprocité entre des citoyens considérés comme semblables ou égaux (cf. p. 121 à 130). Ces nouveautés se sont exprimées à la fois dans le même temps dans une théorie de la nature chez les physiciens de l'école de Milet, par une sophia exprimée par les « Sages « de la Grèce par le biais d'une réflexion sociale et politique et par une praxis sociale. Définition d'un nouvel ordre humain : loi égalitaire commune à tous (contre l'idée d'un monarque). Chaque citoyen obéit et commande à son tour dans les positions symétriques de l'espace civique : le cosmos social est réglé par l'isonomia. « Le nouveau modèle du monde des physiciens d'Ionie est solidaire des formes institutionnelles et des structures mentales de la Polis. « : telle est la thèse de l'auteur développée en 1962, thèse qu'il se propose de revisiter en 1987 en fonction des éléments nouveaux. Reprise des éléments antérieurs et ajouts éventuels de la part de l'auteur : le monde mycénien : Rappel sur le déchiffrement du linéaire B, ce qui a permis de connaître les institutions sociales, militaires, l'activité économique et techniques, les dieux et les cultes des Achéens entre le XIVe et le XIIe s. av. J.C. : civilisation palatiale, avec un Anax qui assume en plus du reste des fonctions religieuses. Apport de l'archéologie : Ecroulement de la civilisation mycénienne suivi, entre le XIe et le VIIIe s., de changements techniques, démographiques, économiques (« révolution structurelle « d'où est issue la Cité-Etat classique). Les remarques sur l'avènement d'un nouvel espace social, isomorphe et centré s'enrichissent des études récentes sur le plan des villes archaïques, l'organisation de la chôra (territoire rural des cités) et les colonies (pouvant servir d'espace d'innovation et d'argumentation) les thèmes de la nouvelle écriture phonétique et de la publicité des lois comme instruments d'une mutation intellectuelle ont été relayés par le débat récent sur le passage d'une civilisation orale à une culture de l'écrit. l'homologie et la concomitance des thèmes de la loi, de l'ordre, de l'égalité dans la pensée morale et politique, d'une part, dans la philosophie de la nature de l'autre, doivent s'enrichir de rapprochements plus précis entre Solon législateur athénien et Thalès, le 1er des « physiciens « de Milet. Discussion pour nuancer les points de vue : Il y aurait contresens à opposer simplement mythe et raison. les Grecs n'ont pas inventé « la « Raison mais « une « Raison véhiculée par le langage et qui agit sur les hommes (politique, au sens aristotélicien) mais non sur la Nature. Cependant cette « Raison « est multiforme : à partir de la philosophie milésienne qui est à son origine, elle se développe en réflexion philosophique, médicale, historique (Hérodote, Thucydide), mathématiques, astronomiques, acoustiques (= plusieurs types de rationalité, fondés sur l'observation du réel et la démonstration, mais cela de manières différentes) de même pour le mythe qui connaît des formes et des niveaux divers. En grec muthos = parole, récit et, en cela, il ne s'oppose pas à logos, parole, discours mais il signifie aussi aussi intelligence, raison. C'est à partir du Ve s., dans l'enquête historique ou l'exposé philosophique que muthos prend un sens péjoratif ( = mensonge). Mais ce mot désigne des réalités très différentes : théogonies, cosmogonies, généalogies, contes, proverbes, moralités, sentences ( = la phèmè, la rumeur chez Platon). Importance de l'aspect d'abord oral du mythe (source de déformation), fixé ensuite dans les oeuvres littéraires. Conclusion : il ne faut pas opposer mythe et raison mais voir comment ils « fonctionnent « dans leurs différences. L'auteur s'est efforcé de cerner les voies qui ont conduit « à dégager les figures d'un muthos, pensé comme fable «, « d'un logos, pensé comme raisonnement valide et fondé. Problème particulier des mathématiques : pourquoi et comment les Grecs, entre le VIe s. et le début du IIIe s., se sont-il engagés dans la constitution d'une science démonstrative, portant sur des objets « idéaux « et qui a une valeur universelle ? L'auteur reconnaît n'avoir pas traité le problème : il a « braqué le projecteur sur l'avènement d'une forme tout à fait neuve de réflexion morale et politique en même temps que d'enquête sur la nature de façon à bien marquer les liens entre ces deux ordres de mutation «. Pour l'auteur, l'intérêt des Grecs pour cette science pouvait découler « naturellement « de cette mutation observée. En réalité, des études récentes (1985) ont montré des mutations profondes, entre le VIIe et le IIe s. av. J.C., en Chine, en Inde, en Iran, en Judée et en Grèce, de l'univers religieux traditionnel. Le cas grec est particulier : c'est à côté et en dehors de la religion, parfois en opposition ouverte, que s'institue une forme de pensée visant à accéder au « vrai « par une recherche personnelle, de caractère cumulatif et progressif, comme c'est le cas dans les mathématiques : il y aurait un lien, selon Zaïtzev, avec la constitution de la polis antique impliquant la participation de tous les citoyens aux affaires communes. Découvertes récentes sur les mathématiques pour éclairer le problème : des prescriptions fixant, en Inde (500 à 200 av. J.C.) les règles de construction d'autels sacrificiels montrent l'utilisation du théorème de Pythagore (= origine commune des géométries babylonienne, grecque et indienne) la comparaison entre des traités d'arithmétique chinois et babylonien= source commune (+ rôle central du théorème de Pythagore encore) des monuments mégalithiques en Angleterre et en Ecosse = mise en oeuvre de « Pythagorean Triangles « Interprétation finale de l'auteur sur ce point : certains estiment que la « science mathématique « a existé l'époque néolithique entre 3000 et 2000 av. J.C. en Europe centrale et qu'elle s'est diffusée ensuite jusqu'en Chine (théorie trop européenne ? on peut aussi penser que des sciences peuvent apparaître en même temps en plusieurs points éloignés géographiquement ...). Les Grecs auraient eu connaissance de cette  « science néolithique « mais ils l'auraient transformée en créant une science déductive fondée sur des définitions, des postulats, des axiomes que l'auteur pense devoir replacer dans le contexte intellectuel qu'il a dégagé, en liaison avec les formes de pensée et de vie sociales dans la polis. ...

« symétrie, la r éversibilit é, la r éciprocit é entre des citoyens consid érés comme semblables ou  égaux ( cf.

 p.

  121  à 130).  Ces nouveaut és se sont exprim ées  à la fois dans le m ême temps dans une  th éorie de la nature  chez les   physiciens  de l’ école de  Milet , par une  sophia  exprim ée par les «   Sages   » de la Gr èce par le biais d’une   r éflexion sociale et politique et par une  praxis  sociale.  D éfinition d’un  nouvel ordre humain   :  loi  égalitaire  commune  à tous (contre l’id ée d’un monarque).

  Chaque citoyen ob éit et commande  à son tour dans les positions  sym étriques  de l’espace civique   : le   cosmos social est r églé par l’ isonomia .  «   Le nouveau mod èle du monde des physiciens d’Ionie est solidaire des formes institutionnelles et des   structures mentales de la  Polis .

  »   : telle est la  th èse de l’auteur  d évelopp ée en 1962, th èse qu’il se   propose de revisiter en 1987 en fonction des  éléments nouveaux.  Reprise   des  éléments ant érieurs et  ajouts   éventuels de la part de l’auteur   :  1.

le monde myc énien   : Rappel sur le d échiffrement du lin éaire B, ce qui a permis de conna ître les institutions sociales,   militaires, l’activit é économique et techniques, les dieux et les cultes des Ach éens entre le XIVe et le   XIIe s. av. J.C.

  :  civilisation palatiale , avec un  Anax  qui assume en plus du reste des fonctions   religieuses.  2.

Apport de l’ arch éologie   :  Ecroulement de la civilisation myc énienne suivi, entre le XIe et le VIIIe s., de changements   techniques, d émographiques,  économiques («   r évolution structurelle   » d’o ù est issue la Cit é­Etat   classique). 3.

Les remarques sur l’av ènement d’un nouvel espace social, isomorphe et centr é s’enrichissent   des  études r écentes sur le  plan des villes archa ïques , l’organisation de la ch ôra (territoire rural   des cit és) et les colonies (pouvant servir d’espace d’innovation et d’argumentation) 4.

les th èmes de la nouvelle  écriture phon étique et de la publicit é des lois comme instruments   d’une mutation intellectuelle ont  été relay és par le d ébat r écent sur le passage d’une  civilisation   orale   à une culture de l’ é crit . 5.

l’homologie et la concomitance des th èmes de la  loi, de l’ordre, de l’ égalit é  dans la  pens ée   morale et politique , d’une part, dans la  philosophie de la nature  de l’autre, doivent s’enrichir   de rapprochements plus pr écis entre Solon l égislateur ath énien et Thal ès, le 1 er  des   «   physiciens   » de Milet. Discussion  pour nuancer les points de vue   : Il y aurait contresens  à opposer simplement  mythe  et  raison. ­ les Grecs n’ont pas invent é «   la   » Raison mais  «   une   » Raison  v éhicul ée par le langage et qui   agit sur les hommes (politique, au sens aristot élicien) mais non sur la Nature. Cependant cette   «   Raison   » est  multiforme   :  à partir de la philosophie mil ésienne qui est  à son origine, elle se   d éveloppe en r éflexion philosophique, m édicale, historique (H érodote, Thucydide),  . »

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