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FRANCE: UN NOUVEAU Théâtre de 1950 à 1959 : Histoire

Publié le 13/12/2018

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L’avant-garde des années cinquante restera dans l’histoire du théâtre comme l une des périodes les plus fécondes, les plus originales et les plus décisives pour l’art dramatique tout entier. Les auteurs de cette expérience charnière, qui se développe parallèlement au Nouveau Roman, démantèlent les mécanismes arbitraires de la société et y puisent un profond nihilisme teinté de désespoir. Le chemin ouvert par l'Ubu roi d’Alfred Jarry resta longtemps en friche, malgré les jalons posés par Kafka, Artaud et Camus. En outre, il serait impropre de parler d’une nouvelle école puisque c’est dans l’isolement que chacun de ces dramaturges a d’abord ressenti la nécessité de franchir les frontières usuelles du théâtre. Toutefois, au-delà de divergences naturelles, ils se rencontrent dans un attitude commune de refus. Ils bousculent avec véhémence un théâtre figé par des conventions telles que l’intrigue, la psychologie et le langage: l'action y perd ses rapports de causalité ; l’analyse des personnages fait place à une stylisation hors du temps; les mots, enfin, y endossent la rupture du dialogue.

 

Théâtre du questionnement, de la dérision, de l’absurde, du paradoxe... mais encore théâtre d’humour dont les procédés relèvent volontiers de la farce. La scène devient le lieu où le langage et les silences engendrent une nouvelle vision du monde.

 

Un existentialisme noir

 

L'univers de Samuel Beckett est peuplé d’êtres désemparés, pleins de détresse et authentiquement tragiques parce qu’ils vivent dans la lucidité leur statut de victimes. Tels les survivants d’un mystérieux cataclysme, ils mesurent le vertige de leur solitude et de l’universel abandon. La résurgence du vieux couple — Nagg et Nell dans Fin de partie (1957), comme «le Vieux» et «la Vieille» des Chaises (1952) d’Eugène Ionesco — marque une prédilection pour des êtres à la vitalité réduite, sans ressort, pour des larves physiques et morales. Le corps meurtri symbolise l’impuissance humaine et l’aberration d'une liberté totalement illusoire: Hamm, atteint de cécité dans Fin de partie, ou Lucky, devenu muet dans En attendant Godot (1953), sont prisonniers du gouffre de la séparation. Victime de ses propres cauchemars, le personnage d'Arthur Adamov est l’emblème d'une humanité revenue à ses terreurs fondamentales. Cette infirmité à vivre se traduit dans la Grande et la Petite Manœuvre (1950) par une mutilation délibérée des bras et des jambes.

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« pas résoudre par des pièces les difficultés du monde.

Jean Genet ne cesse de réclamer que la scène s'oppose à la vie.

Son théâtre, aux accents extrême-orientaux, est celui des masques et des rituels.

Illu­ sion que bravent les ré!h ouvés mis au ban de la société au nom de la morale, de la justice ou\du racisme, comme dans les Nègres (1959).

Évoluant entre le Bien éS le Mal, cet auteur réaliste et inclassable n'obéit cependant qu'à &s règles esthétiques.

Ainsi débarrassé de toute application dogmatÎque, le théâtre retrouve-t-il sa solennité dans l'épaisseur du texte.

'Bien sûr, il ne s'agit plus ici de pièces littéraires, dans le sens où Giraudoux et Anouilh pourraient l'en­ tendre, mais ce théâtre est resté, pour le plus grand plaisir de tous, un théâtre écrit et élaboré jusque dans son dépouillement formel.

En marge de l'absurde, Jean Vauthier, Jacques Audiberti et Jean Tardieu adoptent même une verve spécifiquement poétique.

L A RANÇON DE LA MARGINALITÉ En somme, cette révolution du théâtre s'est faite par des auteurs que l'on n'attendait pas: un repris de justice, des exilés - Roumain, Irlandais, Arménien -qui choisirent de s'exprimer en français.

Ces hommes, à la frange d'un système, en ont épuisé tous les mécanismes et l'ont régénéré avec une virtuosité décapante.

Si leur réussite les a conduits à l'impasse, au degré zéro de la théâtralité, leur réflexion sur la condition déchue de l'homme nous oblige à faire face, nous public, à une vérité poignante, à un point de non-retour de la conscience.

Ces œuvres difficiles, qui mettent le spectateur dans un état de tension quasi insoutenable, mirent du temps à trouver un écho unanime.

Et ces auteurs sont aujourd'hui devenus des classiques grâce, en partie, à une poignée de metteurs en scène qui ont cru en ces pièces dérangeantes et ont couru le risque d'élaborer une facture scénique radicalement neuve, adaptée à ce répertoire moderne.

«Au théâtre, disait alors Jean Vilar, maintenir est une chose aussi difficile que créer.

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Vouant leur existence à l'avant-garde, Roger Blin, Jean­ Marie Serreau, Nicolas Bataille, Jacques Mauclair et quelques autres allèrent jusqu'au bout de cette aventure.

Malgré les violentes attaques qu'ils eurent longtemps à essuyer, l'effervescence intellectuelle de l'époque leur amena un nouveau public ct parfois un nouveau sno­ bisme.. »

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