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CANDIDE CHAP 1 COMMENTAIRE

Publié le 10/03/2011

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Introduction Dans ce début de chapitre 1 de Candide, Voltaire donne l'image du meilleur des mondes possibles, avec des préjugés sur l'innocence (cf. Eden), et plein d'illusions sur la réalité. C'est l'incipit du conte, et il a pour fonction de présenter les personnages, le contexte, la situation initiale. Cela se fait par petits paragraphes successifs, correspondant à peu près chacun à un personnage; le chapitre est clôt par le départ de Candide et sa découverte du monde. Tout semble aller pour le mieux, mais des indices indiquent au lecteur qu'il faut prendre le récit au second degré, et le ton ironique est déjà présent dès le premier chapitre. La description qui ressemble à un conte de fée contribue à dénoncer un univers fondé sur l'illusion. La perspective critique et philosophique est donc déjà présente dès le début de l'œuvre

I. La présentation des personnages Les personnages sont présentés successivement selon l'ordre d'entrée en scène. Tout d'abord, Candide est un élément important du premier paragraphe. Le narrateur établit une relation entre sa physionomie et son caractère: « esprit simple », « sa physionomie annonçant son caractère ». Il décrit ses origines généalogiques: c'est un enfant naturel. Candide est un personnage naïf, incapable de duplication ni de dissimulation. Toutefois, il est ingénu mais pas sot: « il avait le jugement assez droit ». Cela laisse une perspective d'évolution, et montre qu'il est capable d'éducation et de progrès. Candide est en porte-à-faux au château, car il est discrédité et il n'appartient pas à la caste représentée par le fils du baron. C'est un personnage central plus que principal. La présentation du baron se fait par petites étapes; des phrases brèves font le tour de tout ses biens. Son pouvoir est mis en relief: « un des plus puissants » avec des signes extérieurs de richesse: « tapisserie », « grand aumônier » : cette apparence de richesse fait de lui un personnage important. La baronne est évoquée en premier lieu par sa masse; elle apparaît comme l'image traditionnelle d'une maîtresse de maison et digne de respect dont elle profite. Puis Cunégonde est décrite par trois adjectifs: « fraîche, grasse, appétissante »: elles représente la sensualité. Le fils du baron est décrit très brièvement: « en tout digne de son père »; il n'a pas de caractère. Enfin Pangloss est décrit en dernier; le ton est administratif, il est assimilé à un « oracle »; « admirablement » => présentation dans le discours de Pangloss. L'évocation de ce contexte s'apparente donc beaucoup à celle du conte. II. Les caractéristiques du conte La description du lieu en fait un microcosme, un endroit merveilleux et coupé du monde et de la réalité. On retrouve la formule traditionnelle: « il y'avait », les personnages sont mis en scène dans un lieu imprécis: « en Westphalie », qui est un pays peu connu et qui a la réputation d'être arriéré, le nom de château: « Thunder-ten-tronckh » a des sonorités abruptes relevant de l'imagination; de même, l'époque est intemporelle. On se situe donc dans un monde qui semble lointain, voire imaginaire: le monde d'un conte. On retrouve également les personnages et le milieu traditionnels: le contexte aristocratique, « le château », ainsi quelle pouvoir, les richesses, et un monde fixé dans des codifications sociales rigides. Tout est sous le signe de la richesse et de la beauté, les termes employés sont valorisants et élogieux: tout va bien. Ainsi on trouve beaucoup de superlatifs: « le plus beau ». Le lecteur est donc entraîné dans un univers merveilleux où tout va pour le mieux; mais quelques éléments inattendus le mettent sur la voie d'une distorsion dans l'harmonie générale. III. Les effets de décalage Les effets de décalage et de distorsion sont des indices pour le lecteur, montrant qu'il s'agit ici d'une satire. Ainsi, on note de nombreux rapprochements faussement logiques, comme la relation entre la puissance du baron et la présence de « portes » et de « fenêtres » à son château; de même le rapport entre la masse de la Comtesse et le respect dont elle jouit. Le pouvoir et la considération des personnages relèvent donc de l'illusion, et non d'une réalité. Il y'a une confusion et une distorsion dans la description, et le narrateur souligne implicitement que chez le baron tout est faux; ex: « chiens de basse-cour » complètent « la meute », « palefreniers » sont ici « piqueurs », « vicaire du village » <=> « grand aumônier ». Il y'a donc une confusion entre la réalité et l'apparence; on a dans un premier temps l'impression d'un noble qui mène grand train, alors qu'il ne s'agit que d'un petit seigneur de province. De même, le raisonnement de Pangloss est totalement décalé (Pangloss=« tout en langue »); pour le montrer, le narrateur lui donne la parole au discours direct. Les exemples qu'il prend reposent sur une démonstration soi-disant logique: « donc », « par conséquent »; mais en réalité elle ne comporte aucune logique: la conclusion qu'il formule est donc totalement inacceptable. Conclusion Dès le chapitre 1 de Candide, Voltaire place des indices dans le texte qui attirent l'attention du lecteur, soulignant l'illusion de la richesse et de connaissance dans laquelle vivent les personnages. Il n'y a aucune référence au monde extérieur, et Candide ne connaît que ce qui l'entoure; c'est un monde fermé sur lui-même, basé sur des valeurs fausses. A partir du chapitre suivant, il comparera le monde réel à l'enseignement de Pangloss => double plan du conte et de l'enseignement philosophique

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