Les données des sens suffisent-elles pour constituer une connaissance ?
Publié le 26/03/2004
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L’expression de « données des sens « désigne l’ensemble des informations que nous fournissent nos cinq sens, qui constituent notre mode d’appréhension le plus direct du monde qui nous entoure, et, peut-être, notre première source de connaissance de celui-ci.
C’est justement le rapport de l’ensemble de ces données sensibles avec la question générale de la connaissance qui pose problème ici. La constitution d’une connaissance exige une fidélité du contenu de connaissance à l’objet choisi : une connaissance qui donne un contenu de connaissance se trompant sur l’objet étudié ne mérite pas le nom de connaissance. L’emploi du verbe « constituer « suppose d’ailleurs que l’on conçoit la connaissance comme un contenu de pensée construit, élaboré, et non comme une chose qui s’offre d’elle-même et n’exige aucun travail.
Cette question du rapport des données sensibles et de la constitution d’une connaissance est posée sous l’angle particulier de la suffisance : autrement dit, peut-on se limiter à une collecte de données sensibles pour produire quelque chose qui mérite le nom de « connaissance «, ou faut-il autre chose, et, si oui, quoi ? D’autre part, les données sensibles sont-elles suffisamment fiables pour entrer dans la composition de la connaissance, ou au contraire toute connaissance commence-t-elle par un dépassement des données sensibles ?
Si cette question est posée, c’est peut-être parce que la philosophie a traditionnellement cultivé une méfiance à l’égard des données sensibles : les sens pourraient nous tromper, or ils sont notre mode premier d’appréhension du monde : il nous faudrait donc, si nous avions l’intention de constituer une connaissance, fournir un effort pour dépasser les informations qu’ils nous donnent.
La réponse au sujet va donc dépendre du statut que nous accordons aux données sensibles du point de vue de la connaissance, et de la manière dont nous choisissons de concevoir la connaissance : est-elle simplement une collection d’informations fiables, ou passe-t-elle par une généralisation, éventuellement une abstraction de ces informations (si l’on accepte cette dernière idée, alors les sens, même s’ils nous fournissent des informations fiables, ne suffisent pas pour constituer une connaissance, parce qu’il faut, en plus, trouver des moyens de généraliser les données qu’ils nous offrent.) ?
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