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Du droit ou de la force, lequel est un moyen pour l'autre ?

Publié le 16/02/2004

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droit
Tout simplement que la justice est humaine. La nature ne connaît que des rapports de force et n'est que physique. Seul l'homme est capable d'argumenter, de raisonner. Comme le suggère d'ailleurs leur origine étymologique commune, la justice ne saurait se passer de justification. C'est pourquoi la position d'un Calliclès que nous rapporte Platon dans le Gorgias est soit naïve, soit fallacieuse. Calliclès soutient que la nature « nous prouve qu'en bonne justice celui qui vaut plus doit l'emporter sur celui qui vaut moins » et qu'« elle nous montre partout, chez les animaux et chez l'homme, dans les cités et les familles, qu'il en est bien ainsi, que la marque du juste, c'est la domination du puissant sur le faible et sa supériorité admise ». Défenseur apparent d'une morale fondée sur l'idée de la supériorité du fort sur le faible ou encore du sur-homme, au sens ordinaire du mot, il prêche, en réalité, en faveur d'une morale qui rabaisse l'homme au niveau de l'animal. Or, c'est la grandeur de l'homme que d'affirmer, contre la nature, que le fort et le faible ont même valeur et qu'ils ont les mêmes droits. Et c'est la marque de sa misère, toute humaine elle aussi, que d'avoir besoin de lois pour faire exister cette exigence.Le discours de Calliclès.

POUR DÉMARRER    Faut-il penser que c'est l'ensemble des droits qui régit les relations entre les hommes qui utilise la force pour parvenir à ses fins ou bien peut-on considérer que c'est le pouvoir de coercition et la violence, éventuellement sans limites, qui usent du droit pour se légitimer ? Ce sujet pose le problème classique, mais fondamental, de l'équilibre politique et des buts de l'État, mais il porte aussi sur la nature du droit.    CONSEILS PRATIQUES    Analysez très soigneusement le sens des trois termes essentiels de ce sujet : droit, force, moyen. Faites bien ressortir que la légitimité immanente au droit est l'un des garants de la durée de celui qui s'appuie sur lui, car se manifeste ainsi une structure pour la société. Un régime qui reposerait purement sur la force serait, à la longue, vaincu.

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« La loi du plus fort Si la justice ne peut s'imposer que par la force, ne risque-t-elle pas de se confondre purement et simplement avecelle ? Pourtant, la justice prononce et dit le droit, c'est-à-dire ce qui doit être et non ce qui est.

Elle oppose doncl'être au devoir-être.

Le droit et la force sont incompatibles et, Rousseau (cf.

Du contrat social, Livre I, chapitre III, « Du droit du plus fort ») nous l'a appris, la notion de « droit du plus fort » estcontradictoire.

Comment, dès lors, mettre ensemble la force et la justice ?Comment faire pour que cette alliance contre nature et pourtant nécessairene dénature pas la justice ? A cette question, Pascal répond : « Ne pouvantfaire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ».Empreinte de pessimisme et de scepticisme, cette réponse, cependant, a lemérite de tenir à égale distance idéalisme et cynisme.

Au premier, elle faitentendre qu'il est vain d'espérer que la justice puisse régner sans la force ;au second, elle réplique que la force ne peut régner sans justice, ou du moinssans s'efforcer en même temps de convaincre ceux à qui elle s'impose.

Or quesignifie cette remarque ? Tout simplement que la justice est humaine.

Lanature ne connaît que des rapports de force et n'est que physique.

Seull'homme est capable d'argumenter, de raisonner.

Comme le suggère d'ailleursleur origine étymologique commune, la justice ne saurait se passer dejustification.

C'est pourquoi la position d'un Calliclès que nous rapporte Platondans le Gorgias est soit naïve, soit fallacieuse.

Calliclès soutient que la nature« nous prouve qu'en bonne justice celui qui vaut plus doit l'emporter sur celuiqui vaut moins » et qu'« elle nous montre partout, chez les animaux et chezl'homme, dans les cités et les familles, qu'il en est bien ainsi, que la marque dujuste, c'est la domination du puissant sur le faible et sa supériorité admise ».Défenseur apparent d'une morale fondée sur l'idée de la supériorité du fort surle faible ou encore du sur-homme, au sens ordinaire du mot, il prêche, enréalité, en faveur d'une morale qui rabaisse l'homme au niveau de l'animal.

Or, c'est la grandeur de l'homme qued'affirmer, contre la nature, que le fort et le faible ont même valeur et qu'ils ont les mêmes droits.

Et c'est la marquede sa misère, toute humaine elle aussi, que d'avoir besoin de lois pour faire exister cette exigence. Le discours de Calliclès. "Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.

C'est donc en fonction d'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ils répartissent desblâmes.

Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur être supérieurs.

C'est pour empêcherque ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'il est injuste, d'avoir plus que les autres etque l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.

Car, ce qui plaît aux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux àde tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime en seréférant à la loi.

Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plus quele moins bon et le plus fort plus que le moins fort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne, cheztoutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste. De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fit laguerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son pèreont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par Zeus, à la loide la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge,comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en faisonsdes esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau et juste.

Mais, j'ensuis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s'endélivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussitoutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nousapparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat." PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213. (1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av.

JC Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrière. »

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