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Histoire de Charles Ier (extrait) - François Guizot

Publié le 22/02/2012

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histoire

L'exécution de Charles Ier

 

Le plus profond silence régnait ; il mit sur sa tête un bonnet de soie, et s'adressant à l'exécuteur : “ Mes cheveux vous gênent-ils ? — Je prie Votre Majesté de les ranger sous son bonnet ”, répondit l'homme en s'inclinant. Le Roi les rangea avec l'aide de l'évêque :

“ J'ai pour moi, lui dit-il en prenant ce soin, une bonne cause et un dieu clément. — Juxon. Oui, Sire, il n'y a plus qu'un pas à franchir ; il est plein de trouble et d'angoisse, mais de peu de durée ; et songez qu'il vous fait faire un grand trajet ; il vous transporte de la terre au ciel. — Le Roi. Je passe d'une couronne corruptible à une couronne incorruptible, où je n'aurai à craindre aucun trouble, aucune espèce de trouble ” ; et se tournant vers l'exécuteur : “ Mes cheveux sont-ils bien ? ” Il ôta son manteau et son Saint-George, donna le Saint-George à l'évêque en lui disant : “ Souvenez-vous : ” ôta son habit, remit son manteau, “ et quand j'étendrai les mains, alors… ” Il se recueillit, se dit à lui-même quelques mots à voix basse, leva les yeux au ciel, s'agenouilla, posa sa tête sur le billot : l'exécuteur toucha ses cheveux pour les ranger encore sous son bonnet ; le Roi crut qu'il allait frapper. “ Attendez le signe, lui dit-il. — Je l'attendrai, Sire, avec le bon plaisir de Votre Majesté. ” Au bout d'un instant, le Roi étendit les mains ; l'exécuteur frappa, la tête tomba au premier coup : “ Voilà la tête d'un traître ! ” dit-il en la montrant au peuple : un long et sourd gémissement s'éleva autour de Whitehall ; beaucoup de gens se précipitaient au pied de l'échafaud pour tremper leur mouchoir dans le sang du Roi. Deux corps de cavalerie, s'avançant dans deux directions différentes, dispersèrent lentement la foule…

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