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Lecture analytique : L'Etranger - Epilogue

Publié le 19/09/2010

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Scène final : Un jeu de circonstance a amené Meursault à tuer un arabe et il est condamné à mort. Peu avant l’exécution, un aumônier lui rend visite pour lui faire accepter la repentance et Dieu. Mais cela met Meursault hors de lui, puis il a une révélation qui lui permet enfin de trouver le bonheur.

 

Problématique : Comment le roman s’achève-t-il dans l’apothéose de la paix retrouvée ?

 

I]  Un monologue tragique.

 

               A] Une construction rigoureuse.

 

Construction en deux parties, très nettement séparées. Du début du passage (« Alors, il a disparu « p180 jusqu’à «  lui parti « la fin), L’aumônier est présent dans la première partie et après il n’est plus là. Cela reflète une opposition entre l’homme confronté à autrui et l’homme seul a lui-même.

Dans la première partie, on remarque une utilisation de discourt indirect liber. Par exemple : «  Que m’importait la mort des autres ? « car le temps est à l’imparfait et la phrase est interrogative. Ce qui nous fait entendre la voix même de Meursault. Cela rend la révolte encore plus vivante, violente.

 

Il y a un effet de réel très net avec cette interruption «  Comprenait « p182 avec les points de suspensions qui mime l’étouffement qu’il ressent.

Dans la première partie nous avons un champ lexical de la révolte alors que dans la seconde c’est celui de la paix.

 

                 B] Une véritable catharsis (purification)

 

La présence de cette révolte est donc du tragique qui évoque évidemment le schéma cathartique : solitude du héro, mention de la mort et du destin. Des expressions comme « crier à plein gosier «, « déverser sur lui tout le fond de mon cœur «, « j’étouffais en criant tout ceci «, nous invite à comprendre une véritable purgation des passions.

La réaction du prêtre est de pleurer. Une fois qu’il a exorcisé tout ses sentiments, dans la seconde partie il accède au calme : « j’ai retrouvé le calme «, « merveilleuse paix «. Le théâtre grec a pour objectif de produire sur le publique la terreur et la pitié.

 

             C] Vers la nécessaire acceptation de soi.

 

Nous avons une affirmation de soi très violente : pronom à la première personne «  Moi, je «, «  j’avais eu raison, j’ai raison, j’ai toujours raison « . Face à sa culpabilité, il renvoi la faute sur les autres.

 

Dans la seconde partie, c’est l’acceptation de soi qui commence « et moi aussi je me sentais prêt a tout revivre comme si cette grande colère m’avait purgé le moral «. Libéré de ces mauvaises passions, il est enfin libre. « Jai senti que j’avais été heureux et je l’étais encore «.

 

II) L’absurde paradoxe de la condition humaine

 

            A] Disparition de la linéarité du temps.

 

Tout au long du roman, Meursault avait un champ d’action qui semblait se limiter au présent, au passé et à un futur très proche. Alors qu’ici la temporalité est particulièrement importante : «  J’avais vécu de telle façon, j’aurai pu vivre d’une autre «, «  j’vais eu… « . L’utilisation du plus-que-parfait et de différent futur est ici novatrice. Pour la première fois il envisage sa vie dans un champ temporel plus large. On a l’impression qu’il vit dans un temps qui semble étirable à l’infinie.

 

B] La fin des certitudes.

 

« Il avait l’air si certain n’est-ce pas ?  Pourtant, aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme «. Plus aucunes certitudes ne semble acceptable. « Il n’était plus sûr d’être en vie puisqu’il vivait comme un mort. « ici, il y a une évidente critique des dogmes religieux mais on ressent aussi une perte de la certitude quand à la vie et la mort.

 

Pour Meursault, il n’y a  plus aucune échelle de valeur qui soit valable chez les hommes, tous sont équivalent «  le chien de Salamano valait autant que sa femme… « Tous les personnages du roman sont cités mais ils ont l’air totalement interchangeable, ils n’ont pas un rôle plus important qu’un autre à l’intérieur du récit.

 

C] La mort comme unique gage de valeur de la vie.

 

« Rien n’a d’importance «, cette phrase pourrait être la moral et le résumé du discourt de Meursault. La seule chose qui donne sens au milieu de tout ça, à la vie et aux évènements qui la construisent c’est « cette minute et cette petite aube où je serais justifié «. C’est-à-dire la mort, le moment où il sera exécuté. Cette mort le justifie en tant qu’être humain, ce n’est que comme ça qu’il a l’impression d’avoir vécu et va aussi justifier l’absurde de ses actes. La mort devient le destin qui « élit « tout le monde. Meursault semble réutiliser le vocabulaire du prêtre «  élire «, « frère «, « destin «, « privilégié «. La religion est inutile face à la mort car il n’y a pas d’après. Le fait de penser cette réalité, la mort c’est la seule vérité, permet à Meursault de s’affirmer pleinement. Il commence à vivre ici parce qu’il est condamné. «Mais j’étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de cette vie et de cette mort qui allait venir «, répétition de l’adjectif  « sûr «. Cette certitude, ce savoir procure à Meursault un sentiment de puissance.

 

III]  Une paix salvatrice

 

A] L’accès à une nouvelle conscience.

 

Dans ce monologue c’est (aussi) la première fois que libre et puissant Meurseult affirme ses pensées, ses sentiments, qu’il les explique et qu’il donne au roman tout son sens. Cet accès à une nouvelle forme de conscience passe par l’expression de soi-même avec différentes expressions «  crier à plein gosier « il ya une véritable extériorisation de ses sentiments à ce moment là. C’est une forme de révolte violente qui l’épuise physiquement. On remarque même qu’il s’endort et puis par la suite il se réveille. Est-ce qu’on ne peut pas voir dans cette image une sorte de mort et une renaissance symbolique ? Dans l’aspect de la renaissance il semble enfin se rapprocher de sa mère. Ici, la boucle est bouclée car il pense à sa mère dans cette fin de roman. Au début on avait une annonce froide, très distante et inhumaine à la mort de sa mère. Au cours du procès on remarque un refus de parler d’elle puis on arrive à cet aveu « pour la première fois depuis longtemps j’ai pensé à maman. « Et il comprend enfin les derniers actes de sa mère (fiancé à l’hôpital) et il se compare à elle «  moi aussi je me senti prêt a tout revivre. «

 

B] La possibilité du bonheur.

 

C’est ça qui le rapproche de sa mère. De découvrir que l’on peut être heureux quand on va mourir. Libéré de l’attente et de la crainte de la mort, que la vie devient possible « jouer à recommencer «.

Le bonheur passe par l’acceptation de la mort, l’absurdité de la vie, de la notion de tout ce qui se termine, et donc aussi par une forme de renoncement du rêve.

Il vit le moment de son exécution comme une nouvelle affirmation de soi. Il revendique la haine des autres dans cette dernière phrase, parce que c’est le meilleur moyen de ne pas regretter la vie.

 

C] Un attachement viscéral à la vie

 

Dans cette fin de texte, il y a un attachement qui persiste à tout l’aspect matériel et sensuel de la vie. Meursault est un personnage qui est très attaché aux sensations aussi bien qu’ils s’agissent du soleil que de Marie. Ici c’est par les sens que le bonheur est possible et il redécouvre la nature : «  Des bruits de campagne «, « des odeurs de nuit, de terre et de sel. «, « nuit chargée de signe et d’étoiles « ( la vue). Là, Meursault se trouve lié charnellement à la nature : «  de l’prouver si pareil à moi «. Cette façon d’accéder au bonheur par les sens uniquement, s’approche de l’épicurisme. ( seule la satisfaction les plus simples suffit d’accéder au bonheur).

 

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