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Le loup et l'agneau

Publié le 10/03/2011

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Commentaire littéraire : Le loup et l’agneau de Jean de La Fontaine.                  Le loup et l’agneau est une fable écrite par Jean La Fontaine en 1668. Ses fables avaient pour but de plaire et d’instruire en mettant en scène des animaux symbolisant une idée. Celle-ci est composée de 29 vers où alternent quadrisyllabes, heptasyllabes, octosyllabes, décasyllabes et alexandrins et comporte des rimes plates, embrassées et croisées. Ce style varié et dynamique est caractéristique de La Fontaine qui travaille pour une poésie naturelle et accompagne une histoire vivante faite de dialogues qui ne cessent de surprendre le lecteur. Cette fable illustre une morale et met en scène des animaux pour mieux évoquer l’attitude des hommes, elle met en évidence une réalité cruelle de l’époque à portée universelle : le comportement de celui qui non seulement exerce sa violence sur le plus faible ,mais cherche à la justifier. En premier lieu, nous étudierons les éléments de la fable qui permettent d’élaborer le récit et expliciterons la morale, puis nous nous intéresserons aux caractéristiques et à l’argumentation différentes des deux personnages.     Tout d’abord, nous pouvons remarquer que la fable est construite sur un schéma narratif. En effet, elle est composée d’une situation initiale, « un Agneau se désaltérait dans le courant d’une onde pure », qui décrit la scène au début de l‘histoire. « Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure et que la faim en ces lieux attirait » est l’élément perturbateur de l’histoire, on prévoit alors l’arrivée de péripéties. En effet, la discussion entre le loup et l’agneau sont les péripéties du récit : le loup cherche des arguments afin de manger l’agneau, mais l’agneau rétorque ses arguments à l’aide de la raison. Le dénouement, qui est à la fois la situation finale est très rapide par rapport à la longueur du texte, de même que la situation initiale. En effet, il y a une grosse coupure entre les paroles du loup «  il faut que je me venge » et «  là-dessus, au fond des forêts le loup l’emporte, et puis le mange, sans autre forme de procès ». La fable suit donc le schéma narratif avec une antithèse entre la situation initial et la situation finale.     De plus, cette histoire met en scène deux animaux, que l’on peut considérer comme des Hommes, du fait de leurs comportements. En effet, les personnages parlent, ce qui est donc surnaturel pour des animaux, ceux-ci sont donc personnifiés : « tu seras châtié de ta témérité », un animal ne peut pas punir un autre animal. De surcroît, Jean de La Fontaine rend les deux personnages plus humains en leurs mettant des majuscules au début de leur nom : « Un Agneau »;  « l’Agneau »; « Le Loup ». En effet, la majuscule fait référence au nom de famille d’un personnage, ce qui ne peut pas être le cas chez les animaux. Jean de La Fontaine utilise donc des animaux pour représenter les humains de façon plus imagée comme le loup symbole de méchanceté et l’agneau symbole de gentillesse soumis à l‘autre. De surcroit, l’auteur utilise le temps du récit : en effet,l’imparfait,  «  se désaltérait » et le passé simple, « survient » sont présent tout au long du texte ainsi que des dialogues, ce qui renforce le fait que cette fable soit un récit.     Enfin, ce récit comporte une morale, qui est placée tout au début du texte, ce qui n’est pas souvent le cas. Etant placée au début, elle annonce directement l’histoire qui va se déroulée :  « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». On en déduit alors qu’un pauvre personnage va subir la supériorité d’un autre et qu’il ne pourra alors rien pour le faire changer d’avis. Jean de La Fontaine a utilisé cette morale pour dénoncer le despotisme sous le régime de Louis XIV : le plus puissant possédait toujours la bonne réponse même si celle-ci était fausse, les plus faibles se soumettaient au puissant. Le but de ces fables étaient donc de délivrer une morale afin de dénoncer une injustice.     Nous avons vu que la fable le loup et l’agneau était un récit et avons explicité sa morale, nous étudierons maintenant les caractéristiques et l’argumentation différentes des deux personnages.     Tout d‘abord, ce récit met en scène deux personnages qui présentent des qualités différentes. Le loup, qui symbolise la supériorité est cruel, tyrannique : en effet, nous pouvons relever le champs lexical de la haine, « plein de rage », « cette bête cruelle ». De surcroit, l’agneau fait l’éloge du loup, ce qui montre son l’infériorité devant sa « Majesté » : Il utilise aussi le mot « Sire » et des marques de respect comme, par exemple la majuscule au pronom personnel « Elle » qui reprend l’idée de grandeur. Le loup est ainsi une image de la royauté. Celui-ci recherche la bagarre et cherche a combler sa faim : «  qui cherchait aventure ». De surcroit, il s’exprime à la deuxième personne du singulier, ce qui montre son manque de respect face au plus faible. Au contraire, l’agneau est calme, cherche a apaiser la situation : il flatte le loup et est respectueux envers lui, « que votre Majesté ne se mette pas en colère ». Il s’exprime à la troisième personne du singulier et utilise des apostrophes, ce qui met en relief le respect apporté au loup. Le lecteur a ainsi de la compassion et de la pitié envers ce doux animal. On relève alors un important contraste entre ces deux protagonistes.     En outre, cette différence se reflète au niveau de l’argumentation de ceux-là. En plaçant la morale de la fable en tête de son récit, La Fontaine supprime tout suspense quant à l’issue inéluctable de l’affrontement entre le loup et l’agneau. En effet, le loup discute sans aucune raison valable, dans le but de d’emporter  l’agneau et le manger. Il le condamne tout de suite et « sera châtié de [sa] témérité ». Son argumentation est ainsi basée sur le hasard ,« on me la dit : il faut que je me venge » et sur des raisonnements mauvais, comme le fait que l’agneau trouble son « breuvage » alors qu’il est plus bas que lui, ou bien que l’agneau est médit de lui l’an passé, alors qu’il n’était point né. De plus, le loup ne laisse pas répondre l’agneau : le doux animal argumente le fait qu’il ne trouble pas l’eau et le loup lui répond : « Tu la troubles ». Le loup ne veut donc pas avoir tord et se fiche des arguments de l’agneau, son but est de manger le pauvre animal.     En revanche, l’argumentation de l’agneau s’appuie sur des idées réelles. De la ligne 10 à 17, l’agneau établit un véritable plaidoyer pour s’innocenter de l’accusation du loup sans agressivité, en restant respectueux. Il n’aborde pas immédiatement la question mais flatte le loup pour calmer le jeu. A partir du vers 14, l’agneau fait appel naïvement à l’objectivité du loup pour qu’il reconnaisse que les lois de la physique le disculpe. Il en tire enfin fermement les conclusions, en redoublant le lien de conséquence : « Et que par conséquent, en aucune façon ». Ses dernière parole, « troubler sa boisson » font écho à l’accusation du loup et l’agneau pense ainsi avoir démontrer clairement son innocence. Ces deux dernières réponses sont nettement plus courtes, l’agneau sent peut-être l’inutilité de résister face à cette bête. L’avant dernière est donnée sous la forme d’une question, sans doute pour ne pas braquer davantage  le loup contre lui. Il possède pourtant un très bon alibi, puisqu’il n’était pas né l’année dernière et qu’il tète encore sa mère : il met en évidence implicitement sa complète incapacité de nuire. Enfin, sa dernière réplique est sous forme de quatre monosyllabes, « Je n’en ai point » : L’agneau ne cherche donc plus à élaborer un plaidoyer , il perd pied devant les attaques hargneuses du loup qui lui confisque la parole. « Le loup l’emporte, et puis le mange, sans autres formes de procès . ».     Pour conclure, nous pouvons affirmer que cette fable est un récit puisqu’elle contient des caractéristiques de celui-ci, tels la disposition du texte et les personnages. Elle a pour but de critiquer le despotisme du régime de Louis XIV en mettant en scène deux personnages opposés, un puissant et l’autre soumis à celui-ci, mais qui a pourtant raison. Jean de La Fontaine a écrit de très nombreuses fables dans lesquelles on retrouve toujours l’idée de morale importante pour la société de son époque.

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