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La mélancolie en littérature

Publié le 13/10/2011

Extrait du document

Le rêve pousse à l'action d'écrire, et cette dernière matérialise le rêve. Un rêve est une manière de vivre des actions, ou bien de revivre une action (souvent arrivée dans la journée même). Le rêve n'est pas seulement une évasion spatiale dans un but illusoire de vaincre le temps, il est associé à l'engendrement de l'écriture poétique. Il s'écarte de la contemplation des choses extérieures et s'enferme dans l'espace du dedans, pour travailler sur le divorce du réel et de l'imaginaire, propice à l'invention d'un univers poétique. Stello est la personnification de l'enthousiasme et de la rêverie, qui débouchent sur la création poétique. 

« “heures noires”, s'abandonne à l'imaginaire, à la rêverie.

Il est emporté par des désirs chimériques, par des illusions.Il défend l'idéal, l'imagination qui manque aux philosophes, auxquels s'opposent les poètes qui sont très émotifs ettrès sensibles, de telle sorte que le réel leur devient insupportable, qu'ils ne trouvent pas leur place dans la sociétéqui est triste et désespérante.

Stello, en écoutant les histoires du Docteur Noir rentre dans le songe et échappeainsi à la lassitude de la société.

Mais le Docteur Noir enlèvera l'excès de rêverie chez son patient, par unquestionnement judicieux et des récits bien choisis.

En effet, ce dernier estime que le seul parti bénéfique pour lepoète est la solitude “parce que la solitude seule est la source des inspirations”, mais il est contre les penchantschimériques et l'idéal illusoire de son patient, alors que la solitude est l'une des conditions à remplir pour accéderplus facilement au rêve et donc à la création littéraire.

En effet, la retraire est le lieu de l'activité créatrice maisaussi du rêve, tout cela favorise l'inspiration: “dont les voix s'élèvent dans le silence de la nuit”.

Stello attend soninspiration poétique loin des bruits du jour et dans la solitude de la nuit où “des Esprits légers [...] soutiennent nosidées sur leurs ailes transparentes et les font étinceler de clartés plus vives”.

Ainsi, le “royaume” du poèteappartient au monde qui apparaît lorsque celui-là ferme les yeux. Gérard de Nerval était “le plus profond des romantiques de la littérature française”.

Toutes les tournures chères auxauteurs romantiques (références médiévales, châteaux, bois, étangs, clairs de lune, ruines, jeunes filles aux alluresde nymphes, mélancolie) sont présentes dans son oeuvre.

La nouvelle Sylvie raconte les amours d'un hommeindécis, inquiet, épris d'idéal, partagé entre une réalité souvent décevante et des souvenirs liés à son enfance, à lacampagne valoise que le narrateur parcourt à la poursuite des fantômes qui l'obsèdent: les personnages féminins.

Samélancolie repose sur l'amour platonique que lui inspira l'actrice Jenny Colon: “Je sortais d'un théâtre où tous lessoirs je paraissais aux avant-scènes en grande tenue de soupirant”.

Nerval refuse donc le réel pour se réfugier dans l'imagination, dans le rêve, l'illusion, d'où son goût pour le théâtre, sa seule occupation, et pour les femmesimaginaires.

L'histoire de Sylvie se fonde tout entière sur une série de phénomènes de mémoire qui entraîneront lamélancolie: une annonce évoque chez lui ses amours d'enfance.

Nerval se laisse conduire, guider par ses souvenirs,car “Inventer au fond c'est se ressouvenir”, transcrire un rêve, c'est d'abord se souvenir de ce rêve.

Comme lemontre le début de la nouvelle, notre poète est un éternel soupirant.

Ceci est déjà indiqué par le sous-titre deSylvie, Souvenirs du Valois.

Nous avons un narrateur en quête de l’aimée, mais cherche-t-il une soeur, une mère?Nous retrouvons toujours la même angoisse: l'eau et les amazones mortes.

Il a passé toute sa vie à poursuivre desrêves vains qui le laissent seul et triste devant la tentation de suicide.

Il est l'otage de ses rêves platoniciens (nousavons des exemples notamment lorsqu'il cite toutes ces chansons du Valois), probablement à cause de l'abandon desa mère, qui le laissa orphelin lorsqu'il était jeune, quand elle l'abandonna pour suivre son mari.

En effet, se sont desrêves où domine l'image d'une femme morte, de sa mère qu'il a perdu.

Dans Sylvie, Nerval est un poète partagéentre le ciel, représenté par Adrienne, la religieuse délicate “pâle clarté de la lune”, l'enfer personnifié par Aurélia, lacomédienne parisienne “belle comme le jour aux feux de la rampe”, “pâle comme la nuit”, et la terre interprétée parSylvie, sur laquelle il est incapable de demeurer tranquille “reprenons pied sur le réel”, “là était le bonheur peutêtre”.D'abord, Aurélia est un «songe évanoui», «c’est une image que je poursuis, rien de plus» ou encore «forme d’uneactrice» qui reste présente dans son esprit, même en présence de Sylvie: «Qu’est-ce qu’Aurélie doit jouer ce soir?”.Mais il ne faut pas oublier que notre poète est un rêveur et que par conséquent la confrontation avec le souvenird’Adrienne provoquera la rupture avec Aurélie: “vous ne m’aimez pas”.

Ainsi, ayant perdu Aurélie, seules restentAdrienne ou Sylvie.

Ensuite, Adrienne est sacralisée, peut être représente-t-elle une mère: “Isis, déesseéternellement jeune et pure” (ce sera le cas d’Adrienne, morte religieuse) ou encore “nous apparaissait dans lesnuits”.

Elle est donc, comme Aurélie, une image qui renvoie à ces “vieux croquis de maîtres admirés dans un musée”.Nerval va même jusqu'à repousser son désir de contempler le couvent où Adrienne prie: «je m’en gardai, commed’une profanation».

Donc, Adrienne est ici parfaitement déifiée, comme une mère absente.

Même malgré la présencede Sylvie: “je menai Sylvie dans la salle même du château où j’avais entendu chanter Adrienne”, il s'inquiète dudestin de la religieuse.

Le poète a donc d'un côté “l'idéal sublime”, qu'il rêve d'atteindre, de l'autre “la douce réalité”à laquelle il veut échapper.

En effet, Sylvie est représentatrice de la réalité qui signale au poète, juste à la fin,qu'Aurélie ne ressemble pas à Adrienne, qui, d'ailleurs ne vivait plus que dans le souvenir de Nerval: “elle est morteau couvent...

vers 1832!”.

De plus, elle est un peu jalouse par le fait que le poète soit toujours pris par ses rêves:“vous êtes une nymphe antique que vous ignorez”, le nom de celle-ci évoque la nature “silva” (la forêt).

Mais, il serend rapidement compte que Sylvie est trop attachée à la réalité, qu'elle a perdu son naturel: “elle phrasait”.

Lenarrateur ne s'intéresse pas à elle (“la douce réalité”), il est perdu dans ses songes et ses souvenirs, ce qui fait quequand il veut se rapprocher de Sylvie, il est trop tard.

Il se rend compte, mais en vain, de son erreur.

En effet, ilrêvait d'Adrienne, celle-ci l'aveuglait et lui cachait le véritable bonheur qu'il ne peut plus posséder (Sylvie).

Nouspouvons ainsi remarquer chez lui, une attitude de regret qui revient sans cesse et qui s'exprime à travers lessouvenirs et les rêves de l'auteur.

Il a dans sa pensée Sylvie, qu'il se reproche d'avoir délaissée et qu'il a enviesoudain de revoir pour l'épouser, mais ceci n'est plus possible: elle est promise au “grand frisé”.

Certes, elle est engénéral insouciante, elle aime chanter, danser, elle est tendre, sensible, mais elle a aussi les pieds sur terre et ne seperd pas dans une passion romantique: son amour pour le narrateur est sincère, mais non débordant comme celui deNerval.

Enfin, lorsqu'elle constate qu’il semble la délaisser, que son amour n'aboutit à rien, elle finit par choisir uneautre voie en épousant le “grand frisé”.

Ainsi, Sylvie ne se laisse pas enfermer dans la nostalgie et les regrets: eneffet, dès le début elle se sent de condition trop humble pour pouvoir plaire au parisien. L'action est le fait, la faculté d'agir, de manifester sa volonté et elle s'oppose à la pensée et à la réflexion.

Parrapport à cette définition, le Docteur Noir est d'accord avec le fait que l'action s'oppose à la méditation et il penseque celle-là est la paresse de penser: “l'homme découragé tombe souvent, par paresse de penser, dans le désird'agir et de se mêler aux intérêts communs”.

Mais, l'action peut émaner de la pensée, par conséquent elle. »

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