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Partagez-vous ce jugement sur la connaissance scientifique « rien n'est donné, tout est construit » ?

Publié le 18/01/2004

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scientifique
l        Ce que nous « voyons » dépend de notre culture, de nos connaissances, ce nos attentes. Pour comprendre cela, on peut reprendre l'exemple de l'escalier dessiné en perspective de Hanson. Les tribus africaines qui ne disposent pas de la représentation bidimensionnelles d'objets tridimensionnels ne voient pas un escalier, mais un assemblage de lignes, alors que nous ne pouvons pas nous empêcher de voir un esclaier. l        Les énoncés d'observation doivent être exprimés dans le langage d'une théorie : « Prenez garde, le vent pousse le landau du bébé vers le bord de la falaise ! ». Cet énoncé suppose que le vent est une chose qui existe et qui a la capacité de provoquer un mouvement. On suppose que le landau risque de tomber et que ce serait nuisible au bébé. l        Le langage scientifique, par exemple parler d'un « faisceau d'électrons », nécessite de plus grandes présuppositions théoriques encore. l        L'expérience est toujours guidée par la théorie. Imaginons Hertz lorsqu'il a découvert les ondes radio. S'il n'avait eu aucun préjugé, il aurait dû noter non seulement la dimension des circuits, la présence ou l'absence d'étincelles, etc.
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« d'arroser les récoltes, par exemple.

De même, l'eau n'est pas cette molécule que le savant définit par la formule H20.Elle est, pour l'opinion, cette réalité qui lui permet de boire, de se laver, de faire bouillir grâce à elle des aliments,etc.Pour l'opinion, elle sera surtout cette substance qui nous permet d'étancher notre soif, et notre connaissance de saréalité intime s'arrêtera au rappel de cette fonction.

Aussi avons-nous ici traduit des «besoins en connaissances»,puisque notre connaissance sur l'eau est limitée à ce qu'il nous est seulement utile de savoir à son propos pour nospropres commodités.

Dès lors, «en désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître».Seule la science, étudiant les phénomènes dans toute leur plénitude, nous donnera accès à une connaissanceauthentique et sans borne.

« Sans borne » ne veut pas dire ici « une connaissance illimitée et jamais achevée ».Mais bien plutôt un savoir qui ne se réduit pas à ce qui fait, pour nous, l'utilité de tel ou tel phénomène.Bachelard retrouve ainsi l'idée, développée par Auguste Comte, selon laquelle la recherche scientifique est, en sonprincipe, désintéressée.

Cela signifie qu'elle n'est ni conduite, ni limitée par la seule satisfaction des besoinsimmédiats, à quoi on reconnaît l'utile.Elle est désintéressée parce qu'elle vise à définir les phénomènes naturels indépendamment de la question de savoirsi ces derniers peuvent répondre à nos besoins, contrairement à l'opinion, qui ne les appréhende que sous cet angle.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: Bachelard établit dans ce texte que la science s'oppose à l'opinion.

Contrairement à une idée répandue queBachelard cherche à réfuter, il ne s'agit pas ici d'une opposition de circonstance, comme lorsqu'une théorie vientcontredire ce que l'opinion commune tient pour vrai.C'est une opposition de principe, liée à la nature fondamentale de cette connaissance qu'on appelle la science.

Pourcette dernière, dans tous les cas, «l'opinion a, en droit, toujours tort».

Comment l'auteur peut-il affirmer cela?Pour comprendre cette affirmation, il faut distinguer le fait du droit.

Certes, il peut arriver qu'une opinion «visejuste» dans son appréhension d'un phénomène quelconque, mais cette justesse de fait, qui permet de la «légitimer»,ne lui donne malgré tout aucune valeur.

L'opinion est, dans sonprincipe, « antiscientifique », ce qui signifie qu'elle ne repose pas sur un travail critique.Elle s'appuie, en effet, sur des préjugés, des idées reçues, ou une observation première des phénomènes.

L'opinionpense mal, ou plutôt : elle ne pense pas du tout.La science, au contraire, n'est pas observation première.

Elle n'est ni prisonnière de l'apparence, ni asservie auxpréjugés.

En outre, elle est observation polémique, confrontation et examen critique d'un réel activement sollicité.C'est pourquoi la science ne croit pas aux évidences : «Rien ne va de soi.

Rien n'est donné.

Tout est construit.

»,écrit Bachelard, qui retrouve ainsi les critères du travail scientifique, que le savant Claude Bernard avait défini auXIX siècle, dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale.

2.

Les sciences expérimentales se fondent sur des données, elles ne sont pas de pures constructionsthéoriques. Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale. « On apporta un jour dans mon laboratoire des lapins venant du marché.

On les plaça sur une table où ilsurinèrent et j'observai par hasard que leur urine était claire et acide.

Ce fait me frappa, parce que les lapinsont ordinairement l'urine trouble et alcaline en leur qualité d'herbivores, tandis que les carnivores, ainsi qu'onle sait, ont, au contraire, les urines claires et acides.

Cette observation d'acidité de l'urine chez les lapins mefit venir la pensée que ces animaux devaient être dans la condition alimentaire des carnivores.

Je supposaiqu'ils n'avaient probablement pas mangé depuis longtemps et qu'ils se trouvaient ainsi transformés parl'abstinence en véritables animaux carnivores vivant de leur propre sang.

Rien n'était plus facile que devérifier par l'expérience cette idée préconçue ou cette hypothèse.

» l Il faut tout d'abord noter, dans cette citation l'idée d'une observation qui se fait « par hasard ».

Il y a donc des données primitives : l'observation fortuite de l'urine du lapin. l C'est cette observation qui fait naître en Claude Bernard une idée., une « pensée ». l Il émet alors une hypothèse, qu'il se propose ensuite de vérifier expérimentalement. l Si l'hypothèse est confirmée, Claude Bernard aura acquis une connaissance scientifique. l On peut retenir de cela que la science se fonde sur des données, et que « tout » n'y est donc pasconstruit.

Il y a bien un donné primitif qui est à l'origine de la connaissance scientifique. l Mais, cependant, cette citation nous indique également que les données ne suffisent pas.

Il faut que Claude Bernard élabore (construise) une théorie (son hypothèse) qu'il soumettra au test, c'est-à-dire, à nouveau, à des données expérimentales.. »

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