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G. PÉREC, Les Choses

Publié le 13/10/2011

Extrait du document

Faites à votre choix un résumé ou une analyse de cette page et commentez en un thème qui vous semble essentiel.

Dans le monde qui était le leur (1) , il était presque de règle de désirer toujours plus qu'on ne pouvait acquérir. Ce n'était pas eux qui l'avaient décrété; c'était une loi de la civilisation, une donnée de fait dont la publicité en général, les magazines, l'art des étalages, le spectacle de la rue, et même, sous un certain aspect, l'ensemble des productions communément appelées culturelles, étaient les expressions les plus conformes. Ils avaient tort, dès lors, de se sentir, à certains instants atteints dans leur dignité : ces petites mortifications - demander d'un ton peu assuré le prix de quelque chose, hésiter, tenter de marchander, lorgner les devantures sans oser entrer, avoir

envie, avoir l'air mesquin - faisaient elles aussi marcher le commerce. Ils étaient fiers d'avoir payé quelque chose moins cher, de l'avoir eu pour rien, pour presque rien. Ils étaient plus fiers encore (mais on paye toujours un peu trop cher le plaisir de payer trop cher) d'avoir payé très cher, le plus cher, d'un seul coup, sans discuter, presque avec ivresse, ce qui était, ce qui ne pouvait être que le plus beau, le seul beau, le parfait. Ces hontes et ces orgueils avaient la même fonction, portaient en eux les mêmes déceptions, les mêmes hargnes. Et ils comprenaient, parce que partout, tout autour d'eux, tout le leur faisait comprendre, parce qu'on le leur enfonçait dans la tête à longueur de journée, à coup de slogans, d'affiches, de néons, de vitrines illuminées, qu'ils étaient toujours un petit peu plus bas dans l'échelle, toujours un petit peu trop bas. Encore avaient-ils cette chance de n'être pas de loin, les plus mal lotis.

G. PÉREC, Les Choses, Julliard.

« o Résumé La difficulté à laquelle se heurte le jeune couple dont il est ques­ tion dans cette page est qu'il désire plus qu'il ne peut acquérir.

Toute la publicité est là pour susciter ce désir.

Ces jeunes gens ne doivent donc pas avoir honte de leur hésitation devant la tenta­ tion.

Ils sont fiers de payer peu ou très cher, au comptant.

Le système publicitaire leur fait prendre conscience de leur situation médiocre dans l'échelle sociale.

Mais ils ne sont pas les plus mal lotis.

0 Analyse L'auteur énonce la difficulté majeure de ce couple :désirer plus qu'il ne peut acquérir.

Il leur ôte à tous deux la responsabilité de cette attitude : elle fait partie des lois de la civilisation.

Il évoque alors leurs réactions : honte de ne pas avoir assez d'argent, fierté de payer moins cher, ou le plus cher d'un seul coup.

Il explique la pression psychologique qu'exerce la publicité : elle leur fait comprendre leur situation dans l'échelle sociale.

Il achève ce passage par une phrase toute faite qui a la valeur d'une dérision : ils ne sont pas les plus mal lotis.

0 Discussion Ce texte forme un tout : il pose un problème et offre dans son déroulement les éléments de la discussion.

Il convient donc de le commenter dans son ensemble.

Ainsi le débat s'organisera donc naturellement autour de ces deux points essentiels : l'analyse des modes de pression qu'exerce la société de« consommcaion »et/a recherche des moyens susceptibles de remédier à leur emprise.. »

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