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Peut-on parler de tout et de rien ?

Publié le 05/04/2004

Extrait du document

  Le Cratyle de Platon est un dialogue sur la correspondance entre mots et choses. Ainsi on se demande si les mots sont conformes aux choses qu'ils désignent, et comment ? La première thèse (celle de Cratyle) propose qu' « une juste dénomination existe naturellement pour chacun des êtres « (383a-b). Cela implique un présupposé, selon lequel les mots désignent les choses (et parler est un acte qui concerne les choses). Mieux, s'il n'est autre que l'imitation vocale de l'objet imité, son image graphique ou vocale, alors, il imite l'essence des choses. Etant « juste «, c'est-à-dire approprié à la nature de l'objet qu'il désigne, il nous dévoile ce qu'elles sont, nous les fait connaître. Les mots sont donc faits pour nous instruire sur la réalité. Les onomatopées sont ainsi l'exemple type du mot (mot dont la prononciation rappelle le son produit par l'être ou la chose qu'il dénote). Par exemple, les « r « sont propres à rendre les sortes de mouvements (426c), les « l «, les glissements, etc. Le mot  « nuage « refléterait, par sa forme, et sa sonorité, le contour vague ou la consistance cotonneuse de la chose correspondante.

Manifestement, parler de tout et de rien est bien ce que l'on désigne par la notion de  bavardage. La question n'est donc pas tant de savoir si cela est possible mais bien les  implications que cela peut avoir sur notre compréhension du langage. En effet, le bavardage se  comprend comme rupture de signification. L'échange n'apporte visiblement rien et ne sert à rien,  il est perte de temps mais moment privilégié de sociabilité. Pourtant n'est-ce pas là un  paradoxe ? En effet, le langage en tant qu'instrument de signification et de communication  semble perdre alors toute valeur. Dès lors la parole n'aurait plus de sens. Or le bavardage fait  partie des trois cas exemplaires du nivellement quotidien au même titre que la curiosité et la  duplicité. Le bavardage est un mode d'être positif de la quotidienneté. Il est certes une perte  de sens mais il a surtout une valeur de forme que de fond. Il s'agit alors de comprendre la  valeur, le sens et le fondement de ce mode du langage. L'exprimé ne prime plus. Cela explique  que l'on puisse penser que le bavardage c'est « parler pour ne rien dire «. Cependant, il faut  alors bien faire la distinction entre une perte de sens et une perte de valeur. Il faut la  différence entre une perte de signification et une signification partielle. L'essentiel est bien  de voir que même l'inessentiel du langage, c'est-à-dire sa forme la moins pure et la moins  élaborée est encore et toujours signifiante, certes à un moindre degré, mais la liaison entre  langage et signification n'est donc jamais rompu.

« traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage.

» BERGSON,Essais sur les données immédiates de la conscience, p123-124. 2.2 Le néant ne peut se dire.

Le premier sens de parler fait défaut : discourir. « Car tu ne connaîtras pas ce qui n'est pas (car il n'est pas possible) et tu ne le mentionneras pas non plus.

» Fragment 5 « Il est nécessaire de dire et de penser ce qui est, parce qu'être est possible et le néant n'existe pas.

» Fragment 6 « Il n'est pas possible de dire ni de penser ce qui n'est pas.

» Fragment 8 PARMENIDE Transition : En prenant « tout » et « rien » dans leur sens fort nous nous trouvons dans l'incapacité d'en parler parce que d'une part il existe de l'indicible, la parole est imparfaite, elle ne peut transcrire toutes mes penséesou mes sentiments.

D'autre part le terme « rien » pris dans le sens de néant paralyse le discours dans la mesure oùson objet doit exister.

Envisager le « tout » et le « rien » dans un sens faible permettrait peut-être de trouver unesolution à cette impasse. Troisième partie : La parole peut avoir pour objet une collection déterminée d'objets, parler de tout doit être compris dans un sens restreint.

Le discours faux permet de réintroduire la possibilité de parler de rien maisdans un sens faible, le rien est alors compris comme ce qui diffère de l'être. 3.1 Il est possible de parler de tout si le tout est compris comme une collection déterminée d'objets.

Dans ce cas ce qui faisait obstacle au discours, à savoir le caractère indéfini de ce tout, ne pose plus problème.

Cependanten restreignant le sens de cette totalité nous limitons le champ de la connaissance humaine mais nous évitons parce biais l'écueil du sophiste.

Ceci nous permet également de prendre en considération la position de Bergson tout ensoutenant une positivité de la parole quand elle porte sur une totalité délimitée. 3.2 On ne peut parler de rien pris au sens fort mais il est possible d'avoir un discours faux dans ce cas « rien » est pris dans un sens faible comme différence. « L'étranger - Le faux dit quelque chose de différent de ce qui est. Théétète – Oui. L'étranger – C'est ainsi qu'il dit des choses qui ne sont pas, comme si elles étaient. Théétète – A peu près. L'étranger – Il dit, à propos de toi, des choses différentes, mais qui existent réellement.

Nous avons affirmé, en effet, qu'il y avait beaucoup d'êtres qui étaient en rapport ave chaque chose, mais aussi beaucoup de non-êtres.

[...] L'étranger – S'il ne portait sur personne, il ne serait absolument pas un discours, car nous avons déjà montré qu'il était impossible qu'il y ait un discours sur rien.

» PLATON, Le Sophiste , 263 b-c.

CONCLUSION Bavarder ne signifie pas réellement parler mais en constitue le plus bas degré.

Parler c'est produire un discours raisonné et construit sur un objet déterminé.

Aussi avoir la prétention de produire un discours sur toutechose est un leurre de même que vouloir discourir sur ce qui n'existe pas est une illusion.

La possibilité de parler detout et de rien n'est envisageable qu'à partir du moment où nous prenons le « tout » et le « rien » dans un sensfaible, dans un sens relatif.

Le tout aura un sens à partir d'un ensemble d'objets déterminé, le rien aura un sens parle contraste qu'il introduira avec ce qui est. Introduction. »

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