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Peut-on rencontrer l'idée de destin en réfléchissant sur la liberté ?

Publié le 15/04/2004

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Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté. L'homme est «un être pour la mort« L'expression est de Martin Heidegger, elle exprime parfaitement que la mort est un destin inéluctable que rencontre toute réflexion sur la liberté. On ne connaît que la mort, attendue ou accidentelle, des autres. La mort est celle des proches ou des inconnus. Elle est un événement naturel, banal, pris dans l'ordinaire des faits divers quotidiens : "La mort se présente comme un événement bien connu qui se passe à l'intérieur du monde." Cette banalité quotidienne des événements se caractérise par l'absence d'imprévu, et la mort comme événement ne déroge pas à la règle. En revanche, ma propre mort est un événement prévu, qui fait l'objet d'une absolue certitude, mais comme réalité absente, non encore donnée, elle est indéterminée et pour cette raison n'est pas à craindre. L'expérience me montre qu"'on meurt", c'est-à-dire que la mort concerne avant tout le "on" : tout le monde, et personne en particulier. Et tant que l"'on meurt", ce n'est précisément jamais moi qui meurs. "On", c'est tous, donc pas moi en particulier.

• Il convient sans doute de s'interroger sur le (ou les) sens possible(s) de termes tels que destin, destinée; nécessité; déterminisme afin de ne pas réfléchir dans la plus totale confusion. • Maurice Blondel, dans son livre "L'Action" dégage deux sens de destinée dont le premier peut selon lui être identifié à celui de destin. En ce premier sens, le terme de destinée « désigne le développement nécessaire de la vie, indépendamment de toute intervention de l'homme dans la trame des événements qui se déroulent en lui et en dehors de lui «. En un second sens, le mot destinée désigne « la façon personnelle dont nous parvenons à nos fins dernières, selon l'usage même de la vie et l'emploi de nos volontés «. • Remarquer que le sujet n'est pas Liberté et destin mais « En réfléchissant sur la liberté, rencontrez-vous l'idée de destin «. — Il s'agit donc de se demander selon quelle(s) problématique(s) on peut rencontrer (ou ne pas rencontrer) l'idée de destin. • Comment penser ici le terme « rencontrer«?

« [Si l'avenir est irrévocablement inscrit au livre du destin, l'intelligence et la volonté humaines sontimpuissantes à diriger le cours des événements, la destinée de l'homme est fixée d'avance, quoi qu'il fasse, et il devient absurde de parler de liberté.] Incompatibilité entre liberté et destinLa croyance au destin, c'est le fatalisme, une antique doctrine qui a pour centre une certaine forme devénération à l'égard de la puissance du langage.

Le fatal, c'est exactement ce qui est dit (fatum ) et quiarrivera parce que c'est dit.

Le fatalisme en est la généralisation: le destin est immuable, il ne laisse doncaucune place à la liberté. La fatalitéPoser l'hypothèse d'un destin, c'est nier la possibilité de la liberté car, si la nécessité absolue règne, l'hommene peut que se résigner à subir son destin.

En effet, d'après le fatalisme, les causes les plus différentespeuvent produire les mêmes effets.

Par conséquent, quand nous croyons notre destinée fixée, il ne nous restequ'à nous résigner.

Si l'on ne peut pas fuir son destin, c'est parce que la liberté n'existe pas.

Si elle existait, iln'y aurait plus de destin possible. Liberté vs DestinDès que je pense la liberté, je refuse d'envisager la possibilité d'un destin quel qu'il soit.

En effet, croire audestin, c'est croire que la fin puisse commander les moyens, alors que croire en la liberté, c'est affirmer queles fins ne se réalisent que par la médiation des moyens.

Il faut, avec le plus grand soin, distinguer le fatalisme qui asservit et le déterminisme qui libère.

Le fatalismedit: cet événement que vous craignez est inévitable.

Quoiqu'il arrive auparavant, quoique vous fassiez pourl'éviter, il se produira tout de même.

Dans la légende grecque, oedipe est destiné à tuer son père et à épousersa mère.

Quels que soient les événements qui précèdent, ce résultat est «nécessaire».

Il va sans dire qu'unetelle conception du destin ne se rencontre pas dans une réflexion sur la liberté.

Au contraire, le déterminismeaffirme seulement que les événements sont liés entre eux par des lois nécessaires et qu'il appartient àl'homme de les connaître pour les dominer: il n'y a plus de destin et la liberté peut paraître. La liberté comme nécessité comprise Pour Spinoza est libre « la chose qui existe d'après la seule nécessité de sa nature et qui est déterminée parsoi seule à agir».

L'être libre est donc celui qui est lui-même, qui a pris possession de soi, c'est-à-dire d'abordcelui qui n'est plus aveuglé par la passion qui le livre enchaîné et impuissant à l'objet qu'il croyait posséder.Pour Spinoza, la servitude de l'esprit c'est la privation de connaissance.

Plus l'homme connaît, plus il comprendet plus il devient libre.

Seule la connaissance peut tirer les hommes de leurs erreurs et leur enseigner àmaîtriser leurs passions, seule elle « est utile à la vie sociale en tant qu'elle enseigne à ne haïr personne » etaussi « en tant qu'elle nous apprend dans quelles conditions les citoyens doivent être gouvernés et dirigésafin de n'être pas esclaves, mais de pouvoir accomplir librement les actions les meilleures ».

La philosophiespinoziste de la liberté est donc un appel à propager la raison et s'oppose ouvertement à la vieille maximeselon laquelle « la superstition est le plus sûr moyen auquel on puisse avoir recours pour gouverner la masse'».Par la connaissance, de passif, l'homme devient actif mais cette plénitude d'être qui lui fait trouver la liberté,le fait aussi accéder à la réalité de la substance unique puisque « rien n'arrive sinon par la force de la causequi crée toutes choses, c'est-à-dire Dieu qui par son concours prolonge à chaque instant l'existence detoutes choses » et que donc « puisque rien n'arrive que par la seule puissance divine, il est facile de voir quetout ce qui arrive arrive par la force du décret de Dieu et de sa volonté 2 ».Chez Spinoza, le moi se trouve donc dissous dans la substance unique (Dieu) et la personnalité libre n'éclôt à. »

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