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Y a-t-il une place, dans la société, pour le don gratuit ou l'échange désintéressé ?

Publié le 27/01/2004

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don
  Références utiles   Blaise PASCAL (...) L'immortalité de l'âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous touche si profondément, qu'il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l'indifférence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et nos pensées doivent prendre des routes si différentes, selon qu'il y aura des biens éternels à espérer ou non, qu'il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement, qu'en la réglant par la vue de ce point, qui doit être notre dernier objet. Ainsi notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet, d'où dépend toute notre conduite. Et c'est pourquoi, entre ceux qui n'en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s'en instruire, à ceux qui vivent sans s'en mettre en peine et sans y penser. Je ne puis avoir que de la compassion pour ceux qui gémissent sincèrement dans ce doute, qui le regardent comme le dernier des malheurs, et qui, n'épargnant rien pour en sortir, font de cette recherche leurs principales et leurs plus sérieuses occupations. Mais pour ceux qui passent leur vie sans penser à cette dernière fin de la vie, et qui, par cette seule raison qu'ils ne trouvent pas en eux-mêmes les lumières qui les en persuadent, négligent de les chercher ailleurs, et d'examiner à fond si cette opinion est de celles que le peuple reçoit par une simplicité crédule, ou de celles qui, quoiqu'obscures d'elles-mêmes, ont néanmoins un fondement très solide et inébranlable, je les considère d'une manière toute différente. Cette négligence en une affaire où il s'agit d'eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m'irrite plus qu'elle ne m'attendrit; elle m'étonne et m'épouvante, c'est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d'une dévotion spirituelle. J'entends au contraire qu'on doit avoir ce sentiment par un principe d'intérêt humain et par un intérêt d'amour-propre: il ne faut pour cela que voir ce que voient les personnes les moins éclairées.

Un don est un transfert de propriété : c’est l’acte par lequel nous faisons posséder à autrui une valeur d’échange ou d’usage qui nous appartenait antérieurement.

     Un don désintéressé est un don qui ne s’inscrit pas dans une relation d’échange : il est un transfert de propriété qui n’attend aucun retour, ni équivalent, ni supérieur, ni inférieur. Il ne présuppose aucune attente chez celui qui offre : même la production d’un sentiment de reconnaissance doit à la rigueur lui être étranger. En définitive, nous pouvons dire qu’un don désintéressé est un don pur de toute motivation égoïste.

     Le sujet nous invite donc à demander si un don de cette sorte est possible, si dans la pluralité des dons imaginables, on en trouve ne serait-ce qu’un de cette sorte.

     Nous nous demanderons donc si un don pur de toute motivation égoïste est  possible.

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