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A quelles conditions peut-on parler d'une connaissance technique ?

Publié le 09/08/2005

Extrait du document

technique
 » l        Aristote, dans ce bref extrait, pose un double problème :        Aristote affirme que l'action nécessite une connaissance (qui semble être plus étendue que celle requise pour la théorie, puisqu'il faut connaître non seulement les choses universelles, mais aussi les choses particulières) ;        il affirme en même temps que les ignorants (qu'on définit généralement comme ceux qui ne savent pas), s'ils sont des gens d'expérience, c'est-à-dire s'ils ont une maîtrise technique peuvent être plus doués que ceux qui savent. l        S'agit-il donc ou non d'une connaissance ? l        Attention au fait qu'Aristote a pris soin, peu avant notre texte, de différencier les deux savoir-faire que sont la technique et la prudence. La technique, en effet, suppose une production, alors que la prudence a, quant à elle, affaire à l'action. L'argument présenté ici reste cependant valable dans le cas de la technique. l        On pourrait également faire référence au texte de Ian Hacking --- plus parlant mais moins classique ---, dans Concevoir et expérimenter, dans lequel Hacking explique que les techniciens qui fabriquaient des microscopes étaient capables de faire de très bons microscopes (et de voir avec) avant qu'on ne connaisse la théorie qui permettait d'expliquer le fonctionnement de ces microscopes.     Mais lorsque que je sais faire, peut-on vraiment dire que je sais ? Le savoir-faire est-il une connaissance ?   Platon, Théétète,148. « Toutes les lignes dont le carré forme un nombre plan équilatère, nous les avons définies longueurs, et toutes celles dont le carré forme un nombre aux facteurs inégaux, nous les avons définies racines, parce qu'elles ne sont pas commensurables avec les autres pour la longueur, mais seulement pour les aires qu'elles ont le pouvoir de former.

Remarques préliminaires :

l        La formulation du sujet : « à quelles conditions[1] ? « suppose qu'on peut effectivement parler d'une connaissance technique, et que ce qui reste à déterminer, ce n'est pas si c'est le cas, mais sous quelles conditions ou en quel sens on peut en parler.

l        Que signifie « pouvoir parler « ? Deux solutions possibles :

1.      on suppose que les connaissances techniques sont pratiques, sont des savoir-faire, et on se demande dans quelle mesure on peut non seulement faire, mais aussi parler de ce que l'on fait, ou de ce que d'autres font :

2.      on se demande à quelles conditions on peut appeler quelque chose « connaissance technique «.

l        C'est le deuxième sens qui sera le plus problématique, et donc le plus intéressant, mais son traitement peut appeler la prise en compte du premier sens.

Problématisation :

Comment peut-on regrouper sous une même expression les termes « connaissance « et « technique « ? La connaissance semble en effet être du domaine théorique, du domaine de l'abstraction, tandis que la  technique semble, quant à elle, relever du domaine pratique, du « faire « et non du « savoir «. On se demandera comment, dans le « savoir-faire «, l'idée d'une maîtrise théorique de l'activité peut s'ajouter et se joindre à la maîtrise d'une pratique, qui ne semble pouvoir s'acquérir que par l'exercice.

 

technique

« 2. Platon, Théétète, 148. « Toutes les lignes dont le carré forme un nombre plan équilatère, nous les avons définies longueurs, ettoutes celles dont le carré forme un nombre aux facteurs inégaux, nous les avons définies racines, parcequ'elles ne sont pas commensurables avec les autres pour la longueur, mais seulement pour les aires qu'ellesont le pouvoir de former.

» l Contexte : Socrate cherche à faire définir à Théétète ce qu'est la science. l Théétète n'y parvenant pas, il cherche comment il fait pour d'autres choses, par exemple, comment définit-il les grandeurs irrationnelles ? l Au lieu d'une définition, Théétète donne une méthode --- une technique --- pour obtenir des nombres irrationnels. l Il connaît la technique pour obtenir un nombre irrationnel, mais il ne sait pas pour autant ce qu'est un nombre irrationnel. l Conclusion : la simple technique n'est pas une connaissance. La technicité comme complexité [2] . 3. l On dira, par exemple, de quelqu'un, qu'il a des connaissances très techniques en mathématiques ou en physique, non au sens où il serait capable de faire des expérience, ou defabriquer des produits, mais au sens où il a un domaine de compétence précis dans lequel ilconnaît beaucoup plus de choses que la moyenne.

Sa connaissance sera dite « technique » dufait de sa complexité inaccessible à un non spécialiste. l Ce sens un peu particulier du terme « technique » nous permet de mieux comprendre, dans le cas général ce que signifie une « connaissance technique » : il s'agit d'avoir une aptitude précisedans un domaine spécifique.

On en revient alors à l'idée aristotélicienne selon laquelle un« ignorant » peut être meilleur qu'un savant pour ce qui est de la technique : cet ignorant l'est entant qu'il n'a pas une connaissance étendue, mais simplement une connaissance dans un domainetrès restreint.

Le menuisier, par exemple, peut ne connaître que la menuiserie.

Il sera alors ditsavant dans ce domaine spécifique. Conclusion : On peut parler de « connaissance technique » dans deux cas : à condition d'entendre par là « savoir-faire », et de bien distinguer ce type de connaissance d'uneconnaissance théorique ; 1. dans le cas où on parle d'une connaissance théorique complexe. 2. [1] L'utilisation du pluriel pour « conditions » n'est pas une manière de prendre dès le début parti sur le fait qu'il ya plusieurs conditions et non une seule, mais un moyen commode de s'exprimer, qui n'exclut pas qu'il puisse n'y avoirqu'une condition. [2] Attention : il s'agit d'un sens un peu à part de « technique », qu'il faut manipuler avec précaution.. »

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