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Quelles réflexions peut-on faire à propos de l'inachèvement ?

Publié le 27/02/2005

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            Possible de prendre un exemple inverse de Giacometti, cf. Portrait d'Isaku Yanaihara, La toile semble terminée, tout est travaillé, mais en réalité, oeuvre inachevée, parce qu'elle ne satisfait pas l'artiste qui la considère comme ratée. Il n'est pas parvenu au résultat attendu, l'inachèvement est indépendant de l'apparence de l'oeuvre, le jugement de l'artiste sur son travail a une importance particulière             Le statut de l'oeuvre dépend de la décision de l'artiste, l'inachèvement peut être visible sans en être un réellement, et inversement.   II/ L'effet d'inachevé :                  L'achèvement en tant que tel est dû à la décision de l'artiste, c'est la raison pour laquelle les croquis et les ébauches ne sont pas considérées comme des oeuvres d'art, mais bien comme des inachevés. Cependant, certains artistes ont remarqué la force et la puissance de ces ébauches qui sont parfois supérieures aux oeuvres achevées elles-mêmes.             ∙ C'est ce que remarque Delacroix dans son Journal, et qui décide ainsi de travailler cet effet, pour renforcer ses toiles. Il leur donne les caractéristiques de l'inachèvement, en copiant la vivacité du tracé de l'esquisse et de l'ébauche, alors qu'elles sont achevées, puisqu'il travaille la précision des détails. Cette supériorité de l'inachèvement est soulignée par Nietzsche dans Humain trop humain : l'oeuvre inachevé plaît parce que chacun peut la finir à son goût, et qu'elle permet toujours la nouveauté, par l'inexactitude des détails. Il y a aussi le "voile du mystère" : Laisser quelques parties floues pour Nietzsche permet à l'oeuvre de conserver sa force, puisque comprendre parfaitement les détails, les expliquer, c'est se mettre au dessus de ce que l'on explique.             ∙ L'inachèvement produit donc plus d'effets sur le spectateur, parce qu'elle laisse la place à l'imagination, de même pour le talent de l'artiste qui paraît sans fin tant que l'oeuvre reste imprécise.

Il existe plusieurs manières de traiter le sujet : soit mener une plaidoirie en faveur de l'inachèvement pour qu'il ne soit plus vu comme imperfection, puis tenter une explication du phénomène - explication qui toucherait aussi bien les domaines à la psychologie, psychanalyse, qu'à la sociologie, religion ou encore biologie (cf. Claude Lorin dans L'inachevé). Mais il est préférable pour étudier l'inachèvement de la manière la plus détaillée possible, de choisir un domaine où il apparaît de façon explicite, et presque palpable. Son domaine de prédilection est ainsi l'esthétique.

Une réflexion sur l'inachèvement qui chercherait à comprendre son sens et sa fonction, doit d'abord tenter de le définir avec précision, de donner ses caractéristiques et d'étudier son statut, avec pour but de s'éloigner de l'idée commune selon laquelle inachèvement rime avec imperfection. Il doit être étudié en tant que tel. 

Se pose ensuite la question de savoir dans quelle mesure et comment l'inachèvement peut intégrer les œuvres pour les enrichir sans leur nuire, quelles en sont les conséquences, et quelles sont les limites à ne pas dépasser pour rester dans le domaine de l'art.

 

NB : nous ne parlerons pas des inachèvements dus à des accidents, comme la mort de l'artiste ou l'absence de son modèle, car cet inachèvement est dû à des contingences extérieures qui n'expliquent pas son statut.

 

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