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René-Guy CADOU : Hélène ou le règne végétal : Chambre de la douleur

Publié le 22/02/2012

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La mémoire, les souvenirs prennent une grande importance dans l'univers de René-Guy Cadou. Chambre de la douleur fut écrit d'après ce que nous dit le texte (v. 5) quatre ans après la mort du père du poète, survenue en 1940, après une longue maladie. La figure de ce père revient d'ailleurs souvent dans le recueil Hélène ou le règne végétal, et souvent aussi, comme ici, le poète s'adresse directement à lui, au-delà de la mort. Écrit en vers libres, rimés pour la plupart, ce poème exprime à la fois la souffrance du deuil et l'espoir. Remarques rapides de forme A première vue, nous avons un poème de forme très irrégulière : strophes inégales (de 2 à 7 vers), vers de longueurs inégales (de 3 à 12 syllabes), rimés puis non rimés. Cependant un dessein plus net peut se dégager : 1. L'alternance des rimes, d'abord régulière (a a c c a) dans les strophes 2 et 3, devient légèrement perturbée (a a b a b) dans la strophe 4, puis les vers cessent de rimer (sauf « soir » et « voir »), comme si l'harmonie se brisait progressivement. 2. Les vers sont d'abord inégaux, alternativement courts et longs, puis deviennent réguliers (octosyllabes) dans les strophes 3 et 4, où le poème évoque la régularité du retour des saisons, puis ils redeviennent inégaux.

« «Je te trouvai au fond de chaqueSillon dans chaque grain de bléEt dans la fleur ouverte aux flaquesImpitoyables de l'été »On notera l'allongement du rythme grâce au rejet (« chaque sillon ») et à l'enjambement. 2.

La nature et le renouveau.Le cycle des saisons indique d'ailleurs de lui-même une continuité de la vie : après l'hiver, vient le printemps, associéici à la pâque, qui renvoie à la Résurrection du Christ (v.

13) puis l'été (v.

17) avec une image inattendue : « la fleurouverte aux flaques / Impitoyables de l'été », le mot « flaques » s'emploie d'ordinaire pour l'eau, mais il semble iciqu'il faille plutôt penser aux « flaques » de soleil qui flétrissent les fleurs.

L'image du père est associée à cerenouveau, et comme démultipliée : « au fond de chaque / Sillon », « dans chaque grain de blé », mais aussimenacée comme la fleur au coeur de l'été. 3.

L'espoir du futurAlors qu'aux vers 11 et 12, le poète se sentait « prêt à partir » sans son père, la fin du texte est écrite au futur, etfait allusion à « d'autres mains »(symbole de l'Amour), « d'autres lampes » (lumière, symbole de vie).

Là aussi la vie continue et doit permettre aupoète de retrouver son père (« Afin que nous puissions nous voir ») peut-être « de l'autre côté de la terre » (v.

4).Dix ans après la mort de sa mère, disparue en 1932, R.-G.

Cadou écrivait «Je n'ai rien oublié, et je suis tel que tum'as laissé, tels que nous sommes faits pour nous retrouver un jour, pour tout reprendre de cette vie qu'aujourd'huije perpétue.

» C'est la même pensée que nous retrouvons dans ce poème, à propos de son père. Conclusion René-Guy Cadou exprime ici ce qui est un grand thème de la poésie lyrique : le souvenir de la perte d'un être aimé.Si son poème nous touche c'est qu'il cherche à doter ses vers d'une chaleur directement transmissible.

Cettechaleur du souvenir se retrouve dans l'un de ses derniers poèmes — et le dernier du recueil Hélène ou la vievégétale — dédié lui aussi à son père, plus de dix ans après sa mort, et où l'on retrouve la même thématiqueprésence / absence que dans « Chambre de la douleur » :«Ah ! pauvre père ! auras-tu jamais délivré quel amour tu as mis en moi Et combien j'aime à travers toi les chosesde la terre...

». »

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