Devoir de Philosophie

Scènes 3 et 4 - TARTUFFE DE MOLIERE

Publié le 15/06/2011

Extrait du document

moliere

Mariane. — Il est certain / Que mon père...  Valère. — Votre père, madame...  Mariane. — ... a changé de visée...  Valère. — Quoi ! sérieusement ?  Mariane. — Oui, sérieusement... ;  et plus loin :  Mariane. — Je ne sais.  Valère. — Vous ne savez ? — Non., — Non ?

moliere

« 5.

Même si la volonté d'Orgon constitue le centre dramatique de ce mouvement, du fait de son opposition aumariage des jeunes gens, la scène est continuellement animée par la verve railleuse et truculente de la verte Dorine,qui sert de pivot dramaturgique. 6.

Il est évident que l'action ne change pas de cours entre le baisser et le lever du rideau : Molière privilégie lacontinuité dramatique par rapport à la division en scènes et en actes. ENSEMBLE DE L'ACTE II 7-8.

Le double enjeu du mariage forcé et de son corollaire, le mariage contrarié, n'est nullement anecdotique,contrairement à ce qu'on dit souvent (cf.

supra acte I, sc.

2 à 5, réponses 9-10, et acte II, scène 4, réponse 2).Cet enjeu reste en suspens tout au long de la pièce et dans les scènes majeures : III, 1 (début de la colère deDamis, son mariage étant lié à celui de sa soeur avec Valère, (cf.

v.

220-222) ; III, 3 (Elmire tente de dissuaderTartuffe d'épouser Mariane) ; III, 4 (colère de Damis, suite...) ; III, 6, y.

1125-1126 ; III, 7, V.

1179 ; IV, 2 (Dorineintercède auprès de Cléante en faveur de Mariane) ; IV, 3, v.

1277-1278, et l'ensemble de la scène : (Orgon branditle contrat de mariage et demeure inflexible aux plaintes de Mariane.) ; IV, 5 (ultime tentative d'Elmire pour sauverMariane en désabusant son mari, caché sous la table) ; V, 6 (intervention de Valère, qui espère ainsi rentrer engrâce auprès d'Orgon ; et les tout derniers vers de la pièce et du dénouement, 1960-1962.En imposant à sa fille d'épouser son Tartuffe, le vrai motif auquel obéit Orgon est qu'il est épris du parasite commed'une maîtresse, qu'il veut ingérer l'objet de son désir, annuler la distance qui l'en sépare.

En incorporant Tartuffe àsa famille (v.

454), Orgon en fait littéralement une chose sienne.

Au fond, c'est Orgon qui épouse Tartuffe parpersonne interposée, comme le prouvent les vers 441-444, où il se déclare à la place de sa fille, ce qui n'a paséchappé à Dorine (cf.

y.

595-596 : « Et que si son Tartuffe est pour lui si charmant, / Il le peut épouser sans nulempêchement.

»).

L'amour contre nature d'Orgon était déjà évident depuis les vers 185-186, 189-190 : « Il le choie,il l'embrasse ; et pour une maîtresse / On ne saurait, je pense, avoir plus de tendresse..

et le vers 195.

Cettehomosexualité se comprend d'autant mieux que Mme Pernelle est une mère abusive et castratrice (cf.

l'ensemble deson rôle, et en particulier les vers 1664-1666).

L'absence de désir et même de tendresse entre Orgon et Elmire estnon moins évidente : ils n'ont pas une seule scène de véritable intimité ! Planchon est le premier à avoir osé lire cesévidences, qui sont pourtant l'un des ressorts comiques les plus puissants de la pièce.

Orgon a des tendresses pourun mignon fait d'étrange sorte, pour un athlète de l'ascension sociale, qui espère le cocufier avec une épouse qu'ilnéglige afin de lui complaire ! On ne saurait rien imaginer de plus grotesque.Le motif du mariage forcé.

On le retrouve partout chez Molière : Les Précieuses ridicules, où Cathos et Magdelon sevoient imposer par leur père d'épouser La Grange et Du Croisy, L'École des maris, L'École des femmes, où Agnès doitépouser Arnolphe au lieu de Valère dont elle est éprise, Le Mariage forcé, L'Avare, où Mariane se voit proposer pourépoux Harpagon au lieu de Cléante, Élise le seigneur Anselme à la place de Valère, et Cléante « une certaine veuve» au lieu de Mariane, Monsieur de Pourceaugnac.

Molière a su varier à l'infini ce canevas de la comédie d'intrigue enl'enrichissant d'une philosophie morale, d'origine épicurienne.

Molière a fait de ses familles et de ses mariagescontrariés un cadre où se manifestent les tensions entre culture et nature, entre nature et préjugé.

Le naturel et laraison s'y heurtent à la perversion de monomanes, dont ils finissent par triompher.L'originalité est ici qu'Orgon pousse sa fille à épouser à sa place un homme dont il est lui-même épris ! ÉCRITURE Scène 3 9.

Dorine laisse d'abord éclater son indignation : elle se montre tour à tour indignée (v.

585-588), sentencieuse (v.591-596), pressante (v.

599-613), ironique et exaspérée (v.

615-618), parodique (v.

624), emportée (v.

627-630),puis elle change complètement de ton.

Passant des raisons à la raillerie la plus ironique (v.

636-667), elle persifle surun air tour à tour impertinent (v.

669), insolent et mordant (v.

672, 674), pour reprendre enfin un ton de bonhomie(v.

679-684).10.

La répétition des « mais » (v.

623-631) traduit vivement l'antagonisme de la suivante et de sa maîtresse.

Elleest dramatique et comique à la fois.

L'effet de répétition verbale a quelque chose de parodique et suggère que ladispute, qui roule sur les mots plus que sur les faits, est d'une mauvaise foi et d'une âpreté toutes féminines. 11.

Le ton de Mariane confine au tragique :- par l'emploi de l'article indéfini de désindividualisation noble, au lieu du possessif de première personne, dans lesvers 589: « Contre un père absolu...

597: « Un père, je l'avoue...

«, 626 : « Et n'est-ce pas à lui de m'obtenird'un père « , 632 : « Ferai-je dans mon choix voir un coeur trop épris ? » (cf.

Racine : Andromaque I, 4 : « Non,non, d'un ennemi respecter la misère, / Sauver des malheureux, rendre un fils à sa mère...

«, etc.) ;- par l'accumulation d'adverbes et d'adjectifs d'appréciation, à valeur superlative v.

595: « Un père, je l'avoue, a surnous tant d'empire...

», v.

608: « Et mes vrais sentiments ont su trop éclater.

», v.

609 : « Oui, d'une ardeurextrême », v.

631: « Mais par un haut refus et d'éclatants mépris, / Ferai-je dans mon choix voir un coeur trop épris. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles