Sur la structure du discours

La rhétorique, au sens premier du terme, est la technique de l'art oratoire ; c'est-à-dire l'ensemble des procédés permet-tant de rendre un discours convaincant. Elle a connu son apogée à Athènes, au IVe siècle avant J.-C., avec des auteurs comme Gorgias, Isocrate et surtout Aristote, qui a tenté de la codifier dans un traité célèbre. La rhétorique propose un plan-type du discours efficace, qui se structure en cinq parties : — l'exorde, destiné à rendre l'auditoire attentif et à se garantir sa sympathie; — la narration, exposé « objectif » des faits concernant la cause à défendre; — la confirmation, qui apporte les preuves à l'appui de la thèse défendue et réfute, le cas échéant, les preuves de l'adversaire ; — la digression, destinée à ménager dans le discours une pause, un moment de détente; — la péroraison, qui conclut le discours, le plus souvent en résumant l'argumentation ou en cherchant à émouvoir l'auditoire. Bien entendu, ce « plan-type » n'a rien d'obligatoire. Les grands orateurs sont les premiers à le transgresser, en fonc- tion de leurs arguments et de la composition de l'auditoire. Dans le cas du poème que nous étudions, on peut noter l'absence apparente de digression et de péroraison. Mais en réalité, la fonction de la digression est remplie par l'aspect vivant, animé de la description (vers 15-27). Quant au rôle de la péroraison, il est joué par la rupture de rythme introduite dans le demier vers, qui crée l'émotion et laisse le lecteur ou l'auditeur tirer ses propres conclusions.