LE THÉATRE LYRIQUE
Publié le 26/11/2011
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«
LE THEATRE LYRIQUE
Le ballet de cour
Bien avant que l'opéra ne füt, les princes et les seigneurs organisaient des cérémonies où les diffé rents arts se donnaient rendez-vous.
Ainsi des fameux Entremets et Entrée des Souverains.
L'ico
nographie du temps nous en fournit maints exem ples : lors d'un grand dîner, tel prince groupait ses invités sur une estrade et, en contrebas, divers
musiciens, danseurs, acteurs faisaient, « entre les mets », leur numéro.
Figurants costumés, parfois
masqués ; instrumentistes se mêlant aux autres
interprètes : tout est là qui préfigure l'opéra.
Ce
genre
de spectacles n'est pas si rare qu'on le pense
parfois et si le« Vœu du faisan» (1453) offert par
Philippe le Bon, celui du «Paon» (1548) restent
célèbres, les « entrées » de princes sont également
connues et fameuses : du Triomphe de Maximilien
qui inspira le crayon de Dürer au défilé de Rouen
en l'honneur de Henri II et de Catherine de Médi
cis, ou à Lyon en l'honneur de Charles IX, des fëtes de la cour de Henri III à celles des Tudor, tout
un mouvement de pensée, d'organisation des spec
tacles existe qui trouvera fmalement son apothéose
dans l'opéra.
Mais avant d'en arriver à lui, il convient
de citer
encore un autre de ses « ancêtres » : le ballet de cour.
Autour d'un thème donné, qui se rapporte
soit à la mythologie, (Les douze travaux d'Hercule,
Orphée, Triomphe de Minerve, Apollon, etc.), soit
à l'allégorie pure («L'Harmonie», «Les Riches
ses », « La Merlaison » qui aura pour auteur le roi
Louis XIII), le spectacle s'organise en entrées, (dansées et/ ou mimées), en récits (chantés ou par
lés) tandis que le finale regroupe en grand ballet l'essentiel des interprètes : c'est, dans ce feu d'artifices, le « bouquet » final, la préfiguration des
grands « ensembles » dans nos opéras modernes.
Ainsi en fut-il à Lyon, dès 1548, de La Ca/andria donnée devant Henri II et Catherine de Médicis;
en 1581 à Paris avec le «Ballet Comique de la
Reyne » composé par Baldassarino Belgiojoso, Pié montais ayant francisé son nom en Beaujoyeux, à
l'occasion des noces du duc de Joyeuse, amiral de France, avec Marguerite de Lorraine, sœur de la
reine : premier ouvrage du genre à respecter l'unité
d'action ; spectacle où les plus grands princes tien
nent les rôles essentiels, le Ballet de la Reyne
répondait très bien à ce qu'avait cherché son
auteur :
« mesler l'un et l'autre ensemblément, et
diversifier la musique de poésie et entrelacer là poésie de musique, et le plus souvent les confondre
toutes deux ensemble ainsi que l'Antiquité ne réci
tait point
ses vers sans musique et Orphée ne son
nait jamais sans vers ».
Contenter l'œil et l'oreille
et si possible l'entendement; retrouver en ce siècle
épris des Grecs et Latins, l'ancienne tradition : tels
sont les buts que recherche Beaujoyeux, et, à la
même époque, quelques lettrés florentins réunis au
Palais
de Giovanni Bardi.
13597
La« Camerata de Bardi »
Ils étaient là une douzaine dont il faut citer -
outre Giovanni Bardi - Vincenzo Galiléli -père du
célèbre astronome et mathématicien -
le poète Ottavio Rinuccini, Girolamo Mei, théoricien de la
musique, auteur d'un « De modis veteris musicae », Giulio Caccini, qui allait réunir sous le titre de « Nuove Musiche »en 1602, ses madrigaux mono cliques en les faisant précéder d'une préface où il se présentait comme l'inventeur du « stilo recitati vo » ; Jacopo Peri, intendant de la musique à la
cour de Florence chez les Médicis, auteur d'une Dqfné représentée en 1594, hélas perdue, mais dont l' Euridice donnée pour les fëtes du mariage d'Henri avec Marie de Médicis décida du succès du genre
nouveau.
Enfin, Emilio de Cavalieri organiste à
Rome et que le grand duc de Toscane avait mandé
près de lui pour devenir son intendant général.
Que voulaient
ces lettrés ? Revenir à la simplici
té de la forme musicale, combattre l'abus du
contrepoint et retrouver une mélodie pure liant inti
mement la musique à la parole, calquant la décla
mation lyrique sur la phrase parlée : retrouver
donc,
en véritables humanistes qu'ils étaient, ce qu'ils croyaient être du théâtre grec et de sa mono
die décantée.
Pour eux en effet, la multiplicité des
parties vocales, propre aux polyphonistes de la
Renaissance, avait
le tort de faire énoncer simulta
nément des syllabes empruntées à des phrases ou des mots différents -donc accentués différemment
-et, en conséquence, de rendre souvent impossible une claire et distincte compréhension du texte
chanté.
Retrouver le cri de la passion dans sa nudi
té même ; remplacer les vastes architectures poly
phoniques par une mélodie accompagnée d'instru
ments, capable
de se modeler exactement sur les
mouvements de l'âme ; tels sont donc les buts de ce cénacle de lettrés qui chercheront tout aussitôt de
prouver, par l'exemple, la beauté comme la véracité
de leurs théories.
La Dafné de Péri, représentée en
1594, en fut le premier témoignage.
Six ans plus
tard, et comme pour symboliser l'aube du nouveau
siècle,
le même musicien donnait le premier opéra
qui nous soit resté : Euridice.
Commandé par un
autre grand seigneur, adversaire politique des Bar
di : Jacopo Corsi.
Les chœurs y tiennent certes une
grande place, alternant avec quelques soli et deux
trios.
Sur un livret pompeux, -
le premier du genre
également -la musique nous apparaît aujourd'hui
bien sommaire en
les quelques intermèdes sympho
niques qui divisent l'action se terminant par un ballo dansé et chanté à cinq et trois voix.
Qu'im
porte : ce premier pas devait donner naissance à
une longue lignée de chefs-d'œuvre.
Car ce genre nouveau rencontre immédiatement
le succès.
Caccini (vers 1550-1618), jaloux de la
commande de son maître à Péri fit en toute hâte
une nouvelle Euridice, bien monotone, suivie à peu
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