Devoir de Philosophie

Tout dialogue doit-il aboutir à un accord ?

Publié le 09/01/2004

Extrait du document

On discute pour s'entendre, et on veut s'entendre pour ne pas se battre. Voilà pourquoi on cherche le dialogue: pour l'accord qu'il rend possible, ou plutôt, pour désamorcer le désaccord.Mais comment un dialogue permet-il d'arriver à cette pacification, à cet accord? Permet-il réellement d'arriver au résultat escompté?Le plus souvent, ce à quoi on assiste, c'est que le dialogue se transforme en négociation, et l'accord auquel on arrive, ce n'est jamais qu'un compromis, ce qui n'est pas un accord. En effet, un compromis consiste toujours en ce que chacune des deux parties renonce à un peu de ses exigences, en rabatte. Le compromis, c'est le plus souvent, le moyen terme, qui ne satisfait personne pleinement et qui relance le conflit à plus ou moins longue échéance, plutôt qu'il ne l'apaise. Plutôt que un accord, c'est un désaccord encore plus radical qui en sort. On pourrait parler d'un faux accord en ce cas.Ce à quoi il faut donc s'efforcer, ce vers quoi il faut tendre dans un dialogue, c'est à une réelle conversion de l'interlocuteur, qu'il adopte à l'issue du dialogue mon opinion à moi, et qu'il en soit convaincu aussi fermement qu'il l'était de son opinion à lui au début du dialogue.

* il faut essayer de définir le dialogue, son fonctionnement, pour y trouver quelle place peut être faite à l’accord, quel rôle est le sien. Accord, mais avec qui? L’accord, est-ce le compromis? * Il est possible à partir de là de travailler le thème de l’opinion! Etre d’accord, est-ce que ce n’est qu’avoir la même opinion? L’opinion étant une forme d’ignorance, étant mobile et inconsciente d’elle-même, que vaudrait cet accord? Ne serait-ce pas, par exemple par malentendu qu’on croit s’être compris? * En option: le thème de la violence. Au fond, convaincre quelqu’un, fût-ce par un dialogue en bonne et due forme, n’est-ce pas lui faire violence, le bousculer dans ses opinions? Dans ce cas, on a le choix entre dialoguer sincèrement avec quelqu’un et le convaincre, entre le dialogue et l’accord. L’accord est suspect aux yeux du vrai dialogue, par définition recherche gratuite, spéculation désintéressée.

« PREMIÈRE PARTIE: Dialogue et accord. Comment un dialogue conduit-il à un accord ? Qu'est-ce qui, dans le dialogue lui permet d'arriver à une entente ? Etde quelle sorte d'accord s'agit-il ? Tout dialogue trouve sa raison d'être dans une situation de désaccord.

En effet, si on est d'accord, il n'est pasbesoin de dialoguer: on ne ferait que se répéter l'un l'autre.

Le dialogue serait donc là pour permettre de dépasserun désaccord de départ pour arriver à un accord.En ce sens, sa principale utilité est d'éviter que le désaccord ne conduise au conflit: on dialogue pour réduire undésaccord qui risque toujours de s'aggraver davantage.

On discute pour s'entendre, et on veut s'entendre pour nepas se battre.

Voilà pourquoi on cherche le dialogue: pour l'accord qu'il rend possible, ou plutôt, pour désamorcer ledésaccord.Mais comment un dialogue permet-il d'arriver à cette pacification, à cet accord? Permet-il réellement d'arriver aurésultat escompté?Le plus souvent, ce à quoi on assiste, c'est que le dialogue se transforme en négociation, et l'accord auquel onarrive, ce n'est jamais qu'un compromis, ce qui n'est pas un accord.

En effet, un compromis consiste toujours en ceque chacune des deux parties renonce à un peu de ses exigences, en rabatte.

Le compromis, c'est le plus souvent,le moyen terme, qui ne satisfait personne pleinement et qui relance le conflit à plus ou moins longue échéance,plutôt qu'il ne l'apaise.

Plutôt que un accord, c'est un désaccord encore plus radical qui en sort.

On pourrait parlerd'un faux accord en ce cas.Ce à quoi il faut donc s'efforcer, ce vers quoi il faut tendre dans un dialogue, c'est à une réelle conversion del'interlocuteur, qu'il adopte à l'issue du dialogue mon opinion à moi, et qu'il en soit convaincu aussi fermement qu'ill'était de son opinion à lui au début du dialogue.

En ce sens, le seul véritable accord auquel on arrive par undialogue, c'est de faire changer d'opinion à son interlocuteur.

Pour cela, le meilleur moyen, ce n'est pas d'avoirraison, mais de bien parler.

En effet, cet accord-là n'est jamais obtenu que par des artifices de rhétorique: il s'agitd'être persuasif, plutôt que d'être dans le vrai.A la différence de convaincre, où je m'adresse à la raison de mon interlocuteur, lorsque je veux le persuader, jem'adresse à ses passions, je l'attaque par ses points faibles (s'il est ambitieux, je lui montre tout ce qu'il peutgagner à adopter mon point de vue, s'il est obstiné, je commence par faire semblant d'être d'accord avec lui pourl'amener progressivement à rallier mon point de vue...). La persuasion n'est jamais qu'une ruse, et si elle a le mérite de faciliter l'accord, elle y arrive trop facilement:l'accord qu'elle extorque ne vaut pas grand chose.

Et on sera bien arrivé à un accord, mais au détriment dudialogue: le dialogue n'est plus qu'une lutte, l'interlocuteur un adversaire.

Tout se passe comme si on était placédevant une alternative: soit on arrive à un accord, soit on dialogue. Le problème, c'est que même cet accord obtenu par le détour de la persuasion n'a rien de durable.

Il dure aussilongtemps que le charme du discours qui l'aura produit.

On aura bien amené l'autre à changer d'opinion, mais lepropre de l'opinion, c'est d'être versatile, changeante.

La vraie difficulté n'est pas d'amener l'autre à changerd'opinion: elle est changeante par nature, il n'y a rien d'autre à faire que de lui faire préférer une opinion à celle qu'ila déjà.

La vraie difficulté, c'est de le faire se tenir à cette nouvelle opinion.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles