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Le travail peut-il être un facteur de moralisation ?

Publié le 30/01/2004

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travail
L'homme est le seul animal qui doit travailler. Il lui d'abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui est supposé par sa conservation. La question est de savoir si le Ciel n'aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous offrant toutes les choses déjà préparées, et telle sorte que nous ne serions pas obligés de travailler, doit assurément une réponse négative : l'homme, en effet, a besoin d'occupations et mêmes de celles qui impliquent une certaine contraire. Il est tout aussi faux de s'imaginer que si Adam et Eve étaient demeurés au Paradis, ils n'auraient rien fait d'autres que d'être assis ensemble, chanter des chants pastoraux, et de contempler la beauté de la nature. L'ennui les eût torturés tous aussi bien que d'autres hommes dans une situation semblable. L'homme doit être occupé de telle manière qu'il soit rempli par le but qu'il a devant les yeux, si bien qu'il ne sente plus lui-même et que le meilleur repos soir pour lui celui qui suit le travail. Ainsi l'enfant doit être habitué à travailler ». (Réflexions sur l'éducation). c) Pour Kant, dans ses Réflexions sur l'éducation, le travail n'est pas seulement un devoir moral, une obligation pénible. Il insiste au contraire sur la dimension positive de cette contrainte.

Le travail se définit au sens large comme une activité, une tâche, rémunérée ou non. Or le travail apparaît actuellement comme une valeur sociétale. Le travail en effet paraît assurer non seulement une sécurité matérielle mais aussi psychologique en définissant un lien social. Il permet à l’individu d’obte¬nir l’indépendance financière et la reconnaissance sociale par laquelle les autres admettent l’utilité et la valeur de son activité et par conséquent de sa personne. Il lui permet donc de se situer dans la société, et de s’y faire reconnaître comme individu libre, autonome, capable de subvenir à ses besoins. Pour illustrer ce fait, il suffit de penser à ce qu’a représenté pour les femmes l’accès à une profession, à ce que représente parfois pour les retraités la réduction à l’inactivité, et pour les jeunes l’angoisse de la recherche du premier emploi. Mais bien plus, le travail au-delà même de la simple nécessité vital qu’il représente semble être un facteur de progrès pour l’homme en tant qu’il est un travail de l’intérieur et de l’extérieur, c’est-à-dire un travail tant sur la matière extérieure qu’un travail sur soi. Dès lors, il permet une plus grande maîtrise de soi par les aptitudes qu’il développe mais règle aussi d’une certaine manière nos désirs en les soumettant à un principe de réalité. Le travail exprimerait alors le poids de l’existence et le poids du monde, mais en tant qu’il serait un facteur d’amélioration de soi et de progrès, on pourrait dire qu’en tant que facteur de perfectionnement, le travail serait un facteur de moralisation. Pourtant, que penser alors du travail dans le cas de la division du travail tel que le prônait Taylor et que dire de la critique de Charlie Chaplin dans Les Temps modernes ? Et c’est bien en ce sens que l’on peut prendre toute la mesure de l’interrogation : « le travail peut-il être un facteur de moralisation ? «.

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« est le travail : « Ce devrait être son œuvre propre dit Kant parlant de l'homme, que d'inventer ses moyens d'existence, son habillement, sa sécurité et sa défense extérieure, tous lesdivertissements qui peuvent rendre la vie agréable, son intelligence, sasagesse même, et jusqu'à la bonté de son vouloir ».

Dans le travail, commeformation de l'homme, la raison apparaît historique.

Dans le travail aussi,comme formation du monde, l'histoire apparaît rationnelle.

Modifiant le monde,l'homme se modifie aussi lui-même ; il cultive le monde et du même coup secultive.

La philosophie de l'éducation découvre son principe au plus profondde la pensée de l'histoire : l'homme est œuvre de soi.

Le travail est donc unfacteur de moralisation de l'homme : « Il est de la plus haute importance queles enfants apprennent à travailler.

L'homme est le seul animal qui doittravailler.

Il lui d'abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de cequi est supposé par sa conservation.

La question est de savoir si le Cieln'aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous offranttoutes les choses déjà préparées, et telle sorte que nous ne serions pasobligés de travailler, doit assurément une réponse négative : l'homme, eneffet, a besoin d'occupations et mêmes de celles qui impliquent une certainecontraire.

Il est tout aussi faux de s'imaginer que si Adam et Eve étaientdemeurés au Paradis, ils n'auraient rien fait d'autres que d'être assisensemble, chanter des chants pastoraux, et de contempler la beauté de lanature.

L'ennui les eût torturés tous aussi bien que d'autres hommes dans unesituation semblable.

L'homme doit être occupé de telle manière qu'il soit remplipar le but qu'il a devant les yeux, si bien qu'il ne sente plus lui-même et que le meilleur repos soir pour lui celui qui suit le travail.

Ainsi l'enfant doit être habitué à travailler ».

( Réflexions sur l'éducation ). c) Pour Kant , dans ses Réflexions sur l'éducation , le travail n'est pas seulement un devoir moral, une obligation pénible.

Il insiste au contraire sur la dimension positive de cette contrainte.

Elle est un bienfait pour l'Homme : pourl'espèce humaine comme pour chaque individu ; et cela pour trois raisons : dans la perspective d'une philosophie del'histoire, l'impossibilité de vivre sans travailler apparaît comme le moyen par lequel la Providence assure ledéveloppement des facultés humaines.

En ce sens, l'homme est condamner au progrès ; à u progrès qui par letravail développe une discipline qui est donc un facteur de moralisation en tant que travail sur soi.

D'un point de vuemétaphysique, le travail est le moyen d'échapper à l'ennui.

Le travail donne donc sens à l'existence humaine.

Dansune perspective anthropologique, le travail est le moyen de mieux jouir de la vie. Transition : Ainsi, le travail en tant qu'il est à la fois travail de l'extérieur, sur la matière, et travail sur soi, développe unediscipline propre à l'éducation liant contrainte et obligation.

Dès lors, le travail conduit au progrès, non seulementdes facultés humaines mais plus simplement à la moralisation de l'homme en tant que le travail lui donne sens et lepoids de la réalité.

Il est maîtrise de soi.

C'est pourquoi on peut dire que le travail est un facteur de moralisation del'homme.

Pourtant, face à la division et à la spécialisation du travail, peut-on encore dire, alors que bien souvent letravail n'a plus visage humain qu'il peut justement exhaler les valeurs humains et perfectionner le travailleur ? Au lieud'être un facteur de moralisation n'est-il pas une déshumanisation ? II – Déshumanisation et aliénation a) En effet, on peut se demander en quoi le personnage que campe Charlie Chaplin dans les Temps modernes peut apparaître comme moralisé.

Or c'est bien ce que l'on peut voir à travers l'ouvrage de Georges Friedmann Le travail en miettes : « Aujourd'hui, dans les conditions réelles où ils travaillent encore de par le monde, plusieurs centaines de millions d'ouvriers et d'employés sont occupés à des tâches parcellaires, répétées à cadence rapide, n'impliquantque peu ou pas de connaissances professionnelles, d'initiative, d'engagement psychologique ou moral dansl'entreprise qui les paie.

Leur temps hors du travail est menacé par une fatigue souvent plus psychique que physiquequi pèse, jusqu'à la briser, sur leur capacité de se divertir et même de se réparer.

Que les réactions soient agres-sives ou dépressives, elles écartent le travailleur des promesses d'une vie de loisir à la fois divertissante etenrichissante, orientée vers un niveau de culture plus élevé.

Son rôle de consommateur standardisé des produits dusystème dont il est un rouage accroît son bien-être matériel mais ne fait qu'accentuer, chez lui, le déséquilibre, lestensions entre la vie de travail et l'existence hors travail.

(...) ».

Le travailleur n'est plus qu'un simple rouage, eteffectue une tâche qui bien souvent est répétitive et correspondrait plus à une machine.

Comme il le fait remarqueren citant une étude américaine ce type de travail pour être donné à des personnes handicapés sans que celachangeât le résultat de la production.

Friedmann n'a pas en vue bien sûr de dénigrer les handicapés (ils parlentd'handicapés mentaux), mais ce qu'il vise c'est le fait que ce travail n'est pas enrichissant ni ne développe desfacultés proprement humaines.

Plus simplement, le travail ne nécessite qu'une très faible mobilisation de noscapacités intellectuelles. b) Comme le note Friedmann dans le Travail en miettes : « Dans l'ensemble, il apparaît que les conditions modernes du travail entraînent (...) pour beaucoup de nos contemporains une oppression de la personnalité telle queles activités de non- travail constituent, de leur part, une riposte à ce défi.

On pourrait également en suivant cetteperspective, mieux comprendre l'énorme mouvement de retour à la nature manifesté dans les couches les plus. »

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