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Wilhelmine

Publié le 22/02/2012

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Le 6 septembre 1898, appelée à dix-huit ans à régner sur les Pays-Bas, la jeune reine Wilhelmine, devant les membres des États Généraux, prêta serment en ces termes : "Je jure au peuple néerlandais que je maintiendrai et sauvegarderai en toute circonstance la Constitution. Je jure que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour défendre et respecter l'indépendance du royaume et de son territoire, que je protégerai la liberté de tous et de chacun et les droits de tous mes sujets et que j'utiliserai tous les moyens que les lois mettent à ma disposition pour favoriser la prospérité nationale, comme il est du devoir de tout bon roi. Je jure de régner comme on l'attend d'une souveraine issue de la maison d'Orange." Cinquante ans plus tard, en transmettant de propos délibéré le lourd fardeau du pouvoir à Juliana, son unique enfant, Wilhelmine, renonçant au titre de reine pour reprendre celui de princesse, trouva les mots qui traduisaient les aspirations de son coeur au terme d'un demi-siècle de règne : "La confiance et l'appréciation sont des biens précieux qu'il ne faut pas laisser se dissoudre dans la discorde et la prépondérance d'intérêts personnels. Montrez-vous à la hauteur de la grande époque que nous vivons, l'esprit ouvert en face des événements internationaux. Faites votre devoir envers vous-mêmes et envers la patrie, envers nos alliés et la grande communauté des peuples."

« façons" au dire du chef de la maison militaire.

La Constitution ne reconnaissait aucun droit au prince consort et neprévoyait pour lui aucune fonction au sein de l'État.

Pourtant, le prince Henri, en ne ménageant pas son soutien à lareine dans l'exercice de ses nombreuses charges publiques, a joué à son côté un rôle éminent de conseiller privé. Après qu'une fièvre typhoïde eut mis les jours de la reine en danger et réduit à néant l'attente d'un jeunedescendant, Wilhelmine donna naissance le 30 avril 1909 à son unique fille, la future reine Juliana.

Ce fut un granddébordement de joie dans le pays, encore que la contestation de la Monarchie allât de pair avec la montée de lasocial-démocratie.

Mais à la veille de la Première Guerre mondiale à laquelle les Pays-Bas allaient échapper d'extrêmejustesse le peuple se rapprocha davantage de la maison d'Orange comme il en avait contracté l'habitude danstoutes les périodes de détresse. Pendant les quatre cruelles années de contrainte militaire et économique, la reine exerça une grande influence surl'opinion publique.

Son action intrépide, son sang-froid, la fermeté de ses paroles favorisèrent le calme intérieur etl'attitude de neutralité du pays comme ils encouragèrent le moral des troupes en état de constante alerte et celuide la population.

La popularité de Wilhelmine n'eut guère à souffrir des quelques manifestations républicaines que lesévénements d'après guerre en Allemagne suscitèrent en Hollande tant le régime monarchique avait forgé ses lettresde noblesse.

Le Parlement, approuvant en 1922 une modification de la Constitution, "nationalisa" en quelque sorte lamaison d'Orange en reconnaissant à ses descendants restés néerlandais le droit imprescriptible de succession. Les années d'entre les deux guerres furent pour le pays une période de prospérité, assombrie par la montée, à sesfrontières, dans les années trente, de l'hystérie hitlérienne.

Wilhelmine avait perdu en 1934 sa mère, la reine Emma,et quelques mois plus tard son mari, le prince Henri.

Ce grand vide fut comblé par le mariage de sa fille Juliana avecle prince Bernhard de Lippe-Biesterfeld, le 7 janvier 1937. Le pays tenta d'échapper au conflit qui semblait inévitable en Europe, mais il ne put empêcher l'invasion des arméesallemandes, le 10 mai 1940.

Sous l'écrasante supériorité nazie, l'armée néerlandaise dut s'incliner.

La reine décida dese rendre avec son gouvernement en Flandre zélandaise, après avoir mis sa famille à l'abri, mais cette bande deterritoire national où le prince Bernhard se trouvait avec les troupes repliées ne put être atteint, et le voyagehasardeux se poursuivit vers le sol anglais où la reine fut accueillie par le roi George VI.

L'exil allait durer cinq ans. L'attitude de la reine Wilhelmine pendant la guerre et l'occupation fit une profonde impression sur son peuple.

Savoix, captée en secret sur le sol de la patrie grâce aux émissions de Radio Orange à Londres, disait la confiance enl'avenir, l'espoir de liberté, la défaite inéluctable de l'hitlérisme, la fin de l'oppression nazie.

Chaque Néerlandais quiparvenait à quitter la Hollande occupée était reçu personnellement par la reine ; elle visitait les casernesnéerlandaises, les pilotes sur les terrains d'aviation, les marins de la flotte royale et le nombreux personnel de lamarine marchande.

Il est incontestable que Wilhelmine sut s'élever au-dessus de sa condition de chef d'État en exil.Pendant ces années de misère et de deuil, son peuple puisa en elle réconfort et espoir.

Elle-même puisa dans sa foien Dieu et dans la haute mission qu'elle tenait de lui autant que des hommes le courage d'affronter les péniblesdevoirs de sa charge.

Dans ses ouvrages Solitaire mais non pas seule et Le Grand Inconnu, Wilhelmine, redevenueprincesse en 1948 après son abdication, nous confie sa conviction que nous sommes entre les mains du Christ.

C'estdans l'esprit de son amour que "se reformera autour du monde la chaîne de fraternité et de solidarité capable de"poser les bases d'un monde meilleur".

Mais à la libération de la patrie, la reine, qui avait une première fois franchi àpied, au milieu des ruines, la frontière des Pays-Bas deux mois avant la capitulation allemande, s'attela avecdétermination, en faisant preuve de la même énergie déployée dans la lutte contre l'oppression, à la reconstructiondu pays.

Ruinée, démantelée, l'économie des Pays-Bas avait sombré pendant l'occupation.

Le potentiel deproduction était inexistant, les installations portuaires étaient rasées, les ponts, les gares, les usines étaientdétruits, la monnaie avait vacillé et la pénurie de vivres, de matières premières, de produits manufacturés rendaitincertaine une reprise rapide de l'activité nationale. Or, le miracle hollandais qui s'accomplit fut facilité par deux facteurs essentiels : le sauvetage du florin etl'instauration d'une véritable paix sociale. Les ruines furent relevées, le pays s'industrialisa, l'agriculture fut modernisée, de nouvelles structures économiqueset sociales furent mises en place, la monnaie épurée permit des investissements considérables.

Le port deRotterdam était en bonne voie pour devenir quelques années plus tard le premier port du monde.

Wilhelmine, quiavait en pleine guerre déclaré que le colonialisme était mort, rencontra de graves difficultés dans le processus de larévision des rapports entre les Pays-Bas et l'Indonésie.

Pourtant le pays au travail offrait l'image de l'effort, del'imagination, de l'esprit d'Entreprise, qui se traduisait pour la souveraine par des tâches accrues.

Elle allait bientôtcélébrer cinquante ans de règne.

Le moment lui paraissait favorable de céder le pouvoir à sa fille.

C'est ce qu'elle fitlors de la célébration du demi-siècle de règne.

Elle se retira de la vie active et se consacra à la peinture et à laméditation.

Elle mourut le 28 novembre 1962. Avec elle disparaissait une grande souveraine qui avait, grâce à ses dons d'intelligence et de cœur, misconstamment au service de son peuple, surtout dans les périodes de malheur, témoigné d'une incontestablegrandeur.

Souveraine constitutionnelle, elle était convaincue que la sagesse et la juste notion des tâches et desdevoirs d'une reine pouvaient seules contribuer à faire respecter les valeurs spirituelles et la dignité humaine.Incarnant l'esprit de liberté de son peuple, la reine Wilhelmine, placée au-dessus des responsabilités publiquesassumées par ses gouvernements successifs, a pu développer certains traits de sa forte personnalité : sa piété, sonsens de la justice sociale, son intérêt pour la culture et la nature, son dévouement à la chose publique.

Ces qualités. »

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